Article N° 6220

ERREURS MÉDICAMENTEUSES

Médicament : de l’erreur à l’horreur !

Abderrahim DERRAJI - 23 décembre 2018 22:03

La Semaine de la sécurité du patient s’est tenue en France du 26 au 30 novembre 2018. Cette initiative, qui est à sa huitième édition, a pour objectif de sensibiliser le grand public aux enjeux de la sécurité des soins et de favoriser les échanges entre usagers et professionnels de santé.

Cette année, l’accent a été mis sur la prise en charge médicamenteuse, sa sécurisation et sa qualité en raison des 12.000 signalements d’erreur médicamenteuse qui ont été enregistrés par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM – France) entre 2013 et 2017. Quelque 60% de ces erreurs ont été à l’origine d’effets indésirables (EI) dont la moitié est considérée comme grave. Deux tiers de ces notifications concernent les enfants et les séniors. Et chez ces derniers, 80% des erreurs, en ville, ont provoqué des EI dont la moitié est considérée comme grave.

La fréquence élevée de ces EI et le risque qu’ils représentent ont poussé le Collège de la médecine générale (CMG) et l’ANSM à organiser, le 28 novembre 2018, une Journée entièrement dédiée aux erreurs médicamenteuses en ville. Laquelle journée a permis d’élaborer un plan d’action (1) dont l’objectif est de réduire le nombre de ces erreurs médicamenteuses.

Les États-Unis ne sont pas épargnés puisque ces erreurs représentent la quatrième cause des EI graves déclarés. Ces EI seraient responsables d’environ 7.000 décès annuels évitables.

Qu’en est-il au Maroc ? Telle est la question qu’on pourrait se poser d’autant plus que le ministère de la Santé a annoncé, mercredi dernier, l'ouverture d'une enquête à la suite du décès d'un nourrisson et la détérioration de l'état de santé de cinq autres nouveau-nés à la Maternité des Orangers de Rabat.

D’après des sources non officielles, ces intoxications seraient dues à l’injection par erreur d’un médicament à la place d’un vaccin.

Pour déterminer l’origine de cet incident, la direction du Centre hospitalier Ibn Sina vient de diligenter une enquête. Elle a aussi désigné une commission chargée de mener les investigations nécessaires afin de déterminer les causes et les responsables de ce décès et de la détérioration de l'état de santé des cinq nourrissons.

La pharmacie d’officine n’est pas, non plus, à l’abri d’erreurs médicamenteuses et les causes d’erreurs sont multiples.

D’une part, le déchiffrement des ordonnances rédigées manuellement pose souvent des problèmes de lisibilité à l’équipe officinale avec un risque important d’erreurs évitables. Ce risque est accru en raison du nombre élevé des références commercialisées au Maroc. Ceci est particulièrement vrai pour les génériques et les compléments alimentaires qui peuvent dans certains cas avoir des noms très proches. Les ressemblances entre les boîtes des médicaments d’un même laboratoire ou des différents dosages d’une même spécialité peuvent également engendrer des confusions.

Pour lever le voile sur cette problématique et définir les origines de ces erreurs médicamenteuses, les professionnels de santé pourraient, à l’instar de leurs confrères français, organiser des rencontres pour étudier en profondeur cette problématique et élaborer des recommandations, voire un plan de lutte contre les erreurs médicamenteuses.

Source : PharmaNews 370