Article N° 5932

SIT-IN

Peut-on soigner la pharmacie ?

Abderrahim DERRAJI - 23 janvier 2018 23:48

La profession pharmaceutique traverse, aujourd’hui, une crise sans précédent. Celle-ci s’explique par des facteurs exogènes tels que le pouvoir d’achat et le taux de couverture des malades. Ces facteurs viennent s’ajouter au défaut de maîtrise des nouvelles installations de pharmacie, au retard pris pour la mise à jour de certaines lois et à l'effritement du monopole.


Des facteurs endogènes ont également compliqué cette situation. En effet, on aurait pu croire que le contexte qui prévaut actuellement allait pousser les pharmaciens à s’unir , ne serait-ce que pour limiter les dégâts. Mais, il n’en est rien ! Le rêve caressé par un grand nombre d'entre eux de voir la profession parler à l'unisson a fait place à un vrai cauchemar. Aujourd’hui, les divisions se multiplient et un large pan de la profession se sent incompris, voire rejeté. C’est, sans doute, ce qui a poussé une centaine d'officinaux de la Wilaya de Rabat à organiser, le jeudi 18 janvier, un sit-in devant la Maison du pharmacien de Hay Riad.

Les participants à cette action ont scandé, une heure durant, des slogans traduisant leur profond mécontentement vis-à-vis du fonctionnement de leur syndicat. Mme Halima SALIM, porte-parole du « Mouvement correctif des pharmaciens de Rabat-Salé et zones limitrophes» et ancienne membre de la Chambre syndicale de Rabat, a prononcé un discours à travers lequel elle a rappelé la détermination de son «Mouvement» à multiplier les actions jusqu’à ce que ses revendications aboutissent.

Aujourd’hui, la sagesse voudrait que le conseil d’administration de la Chambre syndicale de la capitale réunisse tous ses ressortissants, pour aller de l’avant et trouver les solutions les plus idoines pour dépasser la crise qu’il traverse. Cette condition est primordiale pour que cet organisme puisse continuer à jouer le rôle qui lui sied, aussi bien à l’échelle locale que nationale.




La ville de Rabat regorge de pharmaciens militants qui ont montré leur capacité à se mobiliser pour défendre la profession. Ces confrères ont contribué, entre autres, à la mise en place des structures qui régissent la profession. On regrette, aujourd’hui, qu’un grand nombre d’entre eux manquent à l’appel. Sans une politique de mobilisation et des signaux forts, la profession ne pourra point mettre à profit leur expertise et leur militantisme.


Pour conclure : qu’on le veuille ou non, la pharmacie prospère ayant fait rêver un bon nombre d’entre nous risque de filer un mauvais coton. L’adaptabilité des pharmaciens d’officine sera, de plus en plus, mise à rude épreuve. Le changement affectant le mode de rémunération, l’adoption de nouveaux statuts juridiques de la pharmacie, l’apport des groupements, la mise en place de nouvelles missions et tous les aspects de la digitalisation sont autant de défis à relever. Pour faire face à ces changements, nous avons besoin de faire preuve de clairvoyance, d’engagement et de détermination. Ces qualités ne peuvent avoir l’effet escompté que si les instances professionnelles donnent l’exemple en se conformant aux textes qui les régissent pour pouvoir offrir un cadre incitant toutes ses composantes à arrimer dans un projet permettant de sauver l’officine.

 

Source : PHARMANEWS 425