Article N° 5867

ANTIBIOTIQUES

Résister à l’antibiorésistance !

Zitouni IMOUNACHEN - 31 octobre 2017 13:08

Du 28 au 29 octobre, le Syndicat régional des pharmaciens d’Oujda a organisé ses 14es Journées pharmaceutiques à la Faculté de médecine et de pharmacie d’Oujda.

Le thème retenu pour cette édition était celui de la résistance aux antibiotiques (ATB). Quand on sait que la ville d’Oujda était l’un des hauts lieux de la résistance contre l’occupant, cette coïncidence avait l’air d’un clin d’œil du destin. D’ailleurs, Oujda est l’une des rares villes marocaines qui peuvent se targuer d’avoir un musée de la résistance !

 

Pour faire le tour de cette problématique qui menace la pérennité même de notre espèce, les organisateurs ont fait appel aux plus grands spécialistes en la matière. Ont donc participé à cet évènement, M. Adnane Remmal, professeur de pharmacologie moléculaire à la Faculté des sciences de Fès et heureux lauréat du Prix public de l’inventeur européen, le Pr Abderrahim Azzouzi, doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie d’Oujda et professeur d’anesthésie réanimation, le Pr Jamal Taoufik, vice doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, et le Pr Adil Maaleb, professeur de microbiologie à la Faculté de médecine et de pharmacie d’Oujda.

Au cours de leurs présentations qui ont abordé tous les aspects inhérents à l’antibiorésistance, les différents intervenants étaient unanimes sur deux constats : le premier est que l’antibiorésistance est aujourd’hui l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement. À ce propos, un groupe d'experts internationaux formé en 2014 au Royaume-Uni, estime que les bactéries résistantes aux antibiotiques pourraient tuer jusqu'à 10 millions de personnes par an d'ici 2050, soit autant que le cancer. Le second constat est que la cause principale des résistances aux antibiotiques n’est autre que leur mésusage aussi bien chez l’animal que chez l’homme ! Et si rien n’est fait pour arrêter ce phénomène, l’utilisation massive et répétée des ATB conduira à l'apparition de bactéries multirésistantes, voire totorésistantes, c'est-à-dire résistantes à tous les antibiotiques disponibles.

Que faire donc pour essayer d’endiguer ce phénomène ? Tout le monde s’accorde à dire que pour être efficace, la lutte contre l’antibiorésistance doit obligatoirement être collective et concerner tous niveaux. D’ailleurs, les recommandations émises lors des 14es Journées pharmaceutiques d’Oujda ont mis l’accent sur la nécessité d’agir de concert contre ce désastre sanitaire. Les recommandations phares de ces Journées sont :

  • L’arrêt d’utilisation des ATB en tant que facteurs de croissance chez l’animal.
  • La mise en place d’un plan national de lutte contre la résistance, et l’amélioration de la surveillance des infections résistantes aux ATB.
  • La prescription et la délivrance des ATB ne doivent se faire qu’en cas de nécessité.
  • La sensibilisation des patients aux conséquences du mésusage des ATB.
  • La prévention des infections bactériennes, notamment par la vaccination et le lavage de mains.

 

Enfin, la lutte contre l’antibiorésistance s’avère, certes, complexe, mais elle est nécessaire ! Complexe, parce que le non-respect d’une seule personne des règles d’usage des ATB peut remettre en cause les efforts de toute la communauté. Et nécessaire, parce qu’en perdant la bataille que nous menons contre les bactéries depuis que l’homme existe sur terre, c’est la pérennité même de notre espèce qui sera sérieusement menacée !



Journées en photos

Source : PharmaNews 413