Article N° 5832

PHARMACIE

La Pharmacie n’est plus ce qu’elle était !

Abderrahim Derraji - 26 septembre 2017 00:10

La rentabilité des pharmacies suisses semble avoir du plomb dans l’aile. D’après PharmaSuisse*, 26% des officines réalisent un bénéfice avant impôt (Ebit) inférieur à 43.130 euros. Cette baisse de rentabilité est provoquée, selon cet organisme, «par la baisse de prix ordonnée par l’OFSP (Office fédéral de la santé publique), la dispensation médicale des médecins et un emplacement défavorable».


PharmaSuisse est arrivée à cette conclusion après avoir analysé les bilans déclarés en 2015 par 1.248 pharmaciens titulaires. L’étude de ces derniers a révélé que malgré une augmentation du chiffre d’affaires des pharmacies de 5,6%, leur rentabilité reste catastrophique avec un Ebitda (bénéfice avant impôt, dépréciations et amortissements) inférieur à 50.000 francs suisses (43.130 euros) pour 26% d’entre elles. Le mode de rémunération sous forme d’honoraires adopté par les pharmaciens suisses, qui semblait prometteur, commence de ce fait à montrer ses limites.

Les pharmaciens français, dont la rémunération est essentiellement basée sur une marge commerciale, ne sont guère mieux lotis. Les faillites se succèdent à un rythme effréné et un rapport qui vient d’être publié par la Cour des comptes a même préconisé la fermeture de la moitié des pharmacies de l'Hexagone !

Il n’y a pas que les pharmaciens de ces deux pays qui ont des difficultés. Les officinaux exerçant dans d’autres pays européens souffrent des mêmes maux. Et que dire des pharmacies marocaines dont la rentabilité est au ras des pâquerettes. Le défaut de maîtrise des créations de pharmacies, la baisse des prix des médicaments et le non-respect du monopole du pharmacien ont lourdement impacté leur rentabilité. 

Ce qui inquiète, aujourd’hui, les pharmaciens marocains c'est le silence tonitruant qui accompagne le naufrage de leur profession et l’absence d’études approfondies permettant d’évaluer, chiffres à la clef, la situation de la pharmacie marocaine. Sans un système d’information permettant de générer des indicateurs fiables, aucune feuille de route, à même d’anticiper l’évolution de la profession, ne peut être envisagée.

Pour conclure, la pratique officinale est à l’aune de grands bouleversements et de nombreux défis se dressent devant la profession. Ces chalenges ne peuvent être relevés qu’avec l’implication de tous les pharmaciens. Les instances doivent disposer de données fiables sur le secteur tout en étant à l’écoute de leurs membres, conditions sine qua non pour mobiliser toutes ses composantes et affirmer sa légitimité.

*Étude RoKA (étude permanente des coûts en pharmacie).

Source : PharmaNEWS 407