Article N° 5796

MEDECINES ALTERNATIVES

Les médecines alternatives ne peuvent être que complémentaires !

Abderrahim DERRAJI - 22 août 2017 14:51

L’annonce d’une maladie lourde telle que le cancer est pour la plupart des malades synonyme d’un parcours de soins éreintant, onéreux et avec des chances de guérison minimes.

En dépit des énormes progrès réalisés en cancérologie permettant, aujourd’hui, de soigner la plupart des cancers ou du moins les stabiliser, la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie sont toujours appréhendées par les patients dont l’état psychologique vacille, le plus souvent, entre déni et désespoir. Des fois, les malades préfèrent d’autres alternatives thérapeutiques telles que la sophrologie, la méditation, le qi gong, etc. Ces choix sont susceptibles de constituer, dans certains cas, un plus par rapport à une prise en charge strictement conventionnelle. Malheureusement, elles peuvent aussi réduire à néant les chances des patients qui les adoptent en abandonnant leurs traitements.

Pour cerner l’éventuel apport des thérapies alternatives dans la prise en charge des cancers, des chercheurs de l’Université de Yale (États-Unis) ont étudié la base de données nationale américaine. Les auteurs de cette étude publiée récemment dans le «Journal of the National Cancer» se sont intéressés aux patients atteints de cancers du sein, du poumon, de la prostate ou colorectal et qui ont préféré suivre un traitement alternatif autre que celui proposé par leur médecin. Le résultat est sans appel. La mortalité a plus que doublé pour tous ces cancers à l’exception du cancer de la prostate dont l’évolution est particulièrement lente.

"Cette étude très bien faite et très astucieuse confirme que si vous avez un cancer non métastasé, il vaut mieux aller se faire soigner chez des professionnels qui font des choses validées que d’aller faire n’importe quoi chez n’importe qui !", a déclaré Catherine Hill, épidémiologiste à l’Hôpital Gustave-Roussy.

Au Maroc, le problème se pose différemment. Malgré les progrès indéniables réalisés en oncologie et l’apport de la Fondation Lalla Selma, le diagnostic tardif et le défaut d’accessibilité aux soins constituent un terreau fertile aux charlatans de tous bords. Ces pseudo-thérapeutes profitent du désespoir des patients et de leurs croyances pour leur proposer des traitements qui ne doivent leurs existences qu’aux revenus consistants qu'ils leur procurent. Et ce qui fait le plus mal au cœur, c’est que des malades bien suivis et stabilisés peuvent troquer leurs traitements avérés contre des produits plus au moins naturels qui sont dans le meilleur des cas inefficaces.

Aussi et pour éviter de dilapider les chances de guérison de nos patients, nous avons plus que jamais le devoir de continuer à œuvrer pour généraliser le dépistage précoce et améliorer l’accès aux traitements. Nous devons également veiller à ce que les protocoles thérapeutiques ne soient adoptés que dans l’intérêt du patient et rien que dans son intérêt.

Source : Univadis / PharmaNEWS