Article N° 5525

PHARMACIE

Je vous avais bien dit que j’étais malade !

Abderrahim DERRAJI - 23 janvier 2017 23:07

Groucho Marx, un comédien américain qui a vécu entre 1890 et 1977, aurait demandé qu’on écrive sur sa tombe: "Je vous l'avais bien dit que j'étais malade !". Cette épitaphe résume bien ce qui est en train d’arriver à la profession pharmaceutique.

En effet, depuis trois décennies, les pharmaciens n’ont cessé d’interpeler les pouvoirs publics sur la situation difficile qu’ils traversent. Malheureusement, leurs doléances ne semblent pas trouver grâce à leurs yeux.

Pourtant, l’arrivée de l’actuel ministre de la Santé qui se qualifie, lui-même, «d’ami des pharmaciens» avait nourri beaucoup d’espoirs. Sa connaissance du secteur de la pharmacie laissait présager un dénouement rapide des problèmes qui minent la profession. Malheureusement, les espoirs se sont vite volatilisés et la réalité de l’exercice officinal a fini par renvoyer les pharmaciens à la case départ.

Une partie de ces problèmes a été évoquée par les pharmaciens réunis le week-end dernier à Rabat dans le cadre du Congrès international de la pharmacie.

On peut citer parmi ces problématiques les dispositifs médicaux (DM) stériles dont le cadre législatif a été arraché au forceps. Pourtant, et en dépit de tous ces efforts, les DM continuent à se vendre dans des garages, quand ce n’est pas dans les coffres de voitures. Apparemment, c’est la pharmacopée qui poserait problème. En attendant, on continue à sacrifier l’intérêt du patient sur l’autel de considérations qui dépassent les pharmaciens !

L’assurance maladie des pharmaciens est également un dossier qui a été âprement défendu par les professionnels de santé. Mais en attendant qu'il puisse se frayer un chemin dans les méandres de l’administration, de nombreux confrères continuent de se ruiner pour prendre en charge une lourde maladie qu’ils ont eu la malchance de croiser.

Une autre contrainte, et non des moindres, est la régulation, qui est capitale pour préserver la profession de certaines dérives. Malheureusement, celle-ci semble avoir du plomb dans l’aile puisque certains pharmaciens continuent à pratiquer des horaires à la carte en aggravant la situation économique de leurs voisins.

D’autres problèmes tout aussi importants continuent à inquiéter les pharmaciens, notamment l’accès à la profession, le respect du circuit de distribution, le mode de rémunération, les forfaits insignifiants adoptés pour les médicaments onéreux, l’absence d’un statut spécifique des médicaments-conseils, la formation continue, la prolifération des parapharmacies, la vente des médicaments par Internet, la régionalisation, etc.

Cependant, il ne faut pas continuer à se morfondre dans un pessimisme qui précipitera notre mise à mort, car il y a de bonnes volontés dans toutes les tranches et les composantes de la profession. Il faut juste qu’on fasse preuve de maturité et de pragmatisme pour pouvoir dépasser nos différends, canaliser ces bonnes volontés et créer les émulations dont on a tant besoin.

Source : PharmaNews 375