Observance : gâchis et inaccessibilité...
D’après l’OMS, l’observance aux traitements ne dépasse guère les 52% dans les pays développés. Ceci impacte lourdement les caisses d'assurances maladies. À titre d'exemple, le coût du défaut d’observance en France serait de 9 milliards d’euros.
Dans les pays émergents comme le Maroc, et même si l’origine du non suivi des thérapies est souvent d’ordre économique, on dénote une mauvaise compliance aux traitements chez de nombreux patients notamment les malades chroniques et les malades souffrant de pathologies lourdes. Les patients qui ne sont pas suffisamment informés sur les risques qu’ils encourent et/ou qui refusent d’admettre leurs maladies pourraient, grâce à un effort collectif, devenir plus observants à leurs traitements.
Les médecins et les pharmaciens, qu’ils soient du secteur privé ou du secteur public, constituent les éléments clefs de cette problématique. La surcharge du travail ou le manque de temps ne peut les dispenser de fournir les conseils adéquats à chaque cas. Un malade a qui le médecin démarre un traitement anticoagulant, ne devrait quitter le cabinet ou la clinique qu’après avoir eu toutes les informations nécessaires pour qu’il ne mette pas sa vie en danger. Le pharmacien doit prendre le relai et fournir au patient toutes les informations concernant les effets indésirables des AVK. Il doit aussi inciter les patients à respecter scrupuleusement la posologie et à effectuer régulièrement les analyses médicales qui s'imposent. Le pharmacien et le médecin pourraient également envisager de remettre au patient un dépliant en «darija» ou en français pour garantir son adhésion au traitement. Dans certains cas, notamment les jeunes, on peut envisager l’utilisation d’applications mobiles pour qu’ils n’oublient pas leurs traitements. Quant-aux personnes âgées qui peuvent avoir tendance à oublier leurs traitements, il faut impliquer un aidant à chaque fois que c’est nécessaire.
Malheureusement, à la fin d’une hospitalisation, le malade peut ne pas être suffisamment sensibilisé aux risques liés à tout usage inapproprié des AVK. Du coup, il peut espacer, de son propre gré, les consultations médicales ou les dates prévues pour les analyses médicales. Bien souvent, il se contente d’aller à la pharmacie afin de renouveler son traitement comme s’il s’agissait d’une spécialité pharmaceutique dénuée de toute iatrogénie.
Ce problème d’observance peut avoir de lourdes conséquences sur toute la communauté, à l’image de l’antibiothérapie qui n’est pas toujours suivie malgré les mises en garde des médecins et des pharmaciens. Un tuberculeux non observant se met en péril et risque de transmettre à son entourage un BK résistant. Les malades ainsi contaminés coûtent 10 fois plus cher que les malades affectés par un BK non résistant.
Le coût de la non observance compromettra, à moyen ou à long terme, la pérennité des caisses d’assurances maladies. Ceci devrait les inciter à approcher les pharmaciens et les médecins pour mettre en place une stratégie commune visant à améliorer l’observance des malades et particulièrement les malades chroniques. Une rémunération des professionnels de santé pour des services s’apparentant à l’éducation thérapeutique pourrait être envisagée si des économies conséquentes sont réalisées par les caisses d’assurance maladie.
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