Article N° 5324

RESISTANCES

Résistance aux antimicrobiens: tous concernés!

Abderrahim DERRAJI - 20 septembre 2016 02:06

La résistance aux antibiotiques constitue un sujet de préoccupation majeure à l’échelle mondiale. Des infections qu’on soignait aisément, il y a peu de temps, répondent de moins en moins aux antimicrobiens. Ceci a pour conséquence d’allonger la durée des maladies, et d’augmenter le taux de mortalité. La rareté des molécules antimicrobiennes en cours de développement aggrave cette situation.

Pour impliquer toutes les nations dans cette lutte contre les résistances aux antimicrobiens, les dirigeants des différents pays sont conviés à prendre part, le mercredi prochain, à l’Assemblée générale des Nations unies qui se tiendra à New York. Durant cette assemblée, qui sera dédiée à la problématique des résistances aux antimicrobiens, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) attend des Chefs d’État de réagir face à la gravité et à l’envergure du problème en adoptant des approches multisectorielles durables pour combattre ce phénomène.
Le développement des résistances est un processus naturel. Cependant, certaines actions humaines accélèrent l’émergence et la diffusion des espèces résistantes. L’utilisation massive et inappropriée des antimicrobiens, notamment dans l’élevage, favorise l’émergence et la sélection des souches résistantes. La non-adoption des bonnes pratiques de prise en charge des maladies infectieuses et le mésusage des médicaments contribuent également à l’émergence et à la propagation de cette résistance.




Aujourd'hui, les résistances aux antirétroviraux, aux traitements antituberculeux, aux antipaludéens et même aux traitements des infections courantes posent un réel problème. Si la tendance n’est pas inversée ou au moins stabilisée, on va se diriger tout droit vers une ère post-antimicrobiens, une ère où des infections banales ou de simples blessures pourraient engager le pronostic vital. À titre d’exemple, on vient de signaler dans une dizaine de pays la présence de souches de gonocoque qui résistent même aux céphalosporines de troisième génération. Privé de traitements efficaces, on va assister à une augmentation du taux de morbidité et des complications, notamment la stérilité, les avortements, etc. En d’autres termes, et comme l’a souligné un rapport que l’OMS a publié en 2014, nos acquis en matière de lutte contre les infections sexuellement transmissibles finiront par partir en fumée.

D’après un communiqué de l’OMS daté du 29 avril 2015, seulement 34 des 133 pays ayant participé à une enquête disposaient d’un plan national complet pour lutter contre la résistance aux antibiotiques et autres médicaments antimicrobiens. On ose espérer que cette Assemblée générale des Nations unies permettra une prise de conscience des décideurs de tous bords avec l’adoption de résolutions à même de juguler ces résistances qui, si rien n'est fait, risquent de décimer la race humaine.

Source : PharmaNEWS 357