Article N° 5209

TIERS PAYANT

Pharmacie : rien ne va plus!

Abderrahim DERRAJI , Docteur en pharmacie - 12 juillet 2016 02:16

Toutes les composantes de la profession pharmaceutique ont présenté, le mardi 5 juillet, un manifeste pour attirer l’attention des décideurs politiques et de l’administration sur la situation délicate que connaît la pharmacie en France.
Ce manifeste qui a été signé par les représentants des trois syndicats de pharmaciens, les différents conseils, les groupements et les étudiants en pharmacie, traduit la détermination des pharmaciens à refuser de faire les frais du projet de la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2017. Les négociations pour la prochaine convention pharmaceutique qui sera finalisée en avril 2017 s’annoncent âpres.
Dans un premier temps, les représentants des pharmaciens exhortent le gouvernement à s’engager avant le PLFSS à fixer un cadre économique clair. Ils estiment que ce cadre est un prérequis à l’ouverture de la négociation de la convention nationale pharmaceutique qui va durer 5 ans. 

Dans leur manifeste, les pharmaciens ont réitéré leur volonté  de conforter leur place dans l’observance et le bon usage du médicament, de  renforcer leur rôle dans la prise en charge des personnes âgées en ville et en EHPAD, de  développer les actions de prévention et de dépistage à l’officine, d’organiser la continuité ville-hôpital, de développer la coordination entre les différents professionnels de santé et d’obtenir une rémunération adaptée à ces nouvelles missions.



En parallèle à cette action, les pharmaciens vont entamer une campagne destinée au grand public. Des affiches rappelant les missions des pharmaciens avec l’accroche : «  Et si demain tout cela disparaissait », ont été confectionnées et devraient être placardées dans toutes les officines françaises.

Les pharmaciens français parlent aujourd’hui la même voix, sous l’égide de l’Union des Pharmaciens Français, et cela est un atout de taille pour qu’ils puissent préserver leur profession. Seulement, cette union suffira-t-elle à mettre fin aux faillites et fermetures qui se poursuivent à raison d’une pharmacie tous les deux jours et demi ? Rien n’est moins sûr. 
La profession pharmaceutique a de plus en plus de mal à trouver ses marques. La recherche de l’équilibre financier a tendance à  éloigner, le pharmacien du cœur de son métier. Pour de nombreux experts, la pérennité de la profession passe par une vraie mutation avec une phase transitoire très complexe. C’est sans doute le prix à payer pour ne pas rester tributaire d’une marge commerciale qui est de moins en moins du goût des organismes payeurs.

Au Maroc, la crise économique des officines ne fait aucun doute. Mais en l’absence de chiffres et de vraies études pour évaluer la situation économique de l’officine, la profession continue à naviguer à vue. Le dernier exemple en date est la convention du tiers payant qui rentrera en vigueur dans quelques jours. Les signataires de cette convention n’ont malheureusement pas pris en considération certains aspects pratiques de l'application de cette convention. Par conséquent, seuls 33 pharmaciens ont fait les démarches nécessaires pour pouvoir pratiquer le tiers payant. Car, dans les faits, la plupart des pharmaciens n’ont aucune envie de se déplacer à la CNOPS pour déposer les dossiers de prise en charge des patients. Ceci vient s’ajouter à l’absence de système de télétransmission des données relatives aux dossiers tiers payant et à la non rentabilité des médicaments concernés par la convention.

Enfin, on ose espérer que l’enthousiasme des protagonistes d’une convention de tiers payant généralisée ne leur fasse pas oublier la nécessité de faire des études d’impact pour ne pas compromettre la survie d’une profession au bord du précipice.

Source : PHARMANEWS 385