Article N° 4940
GRANDE BRETAGNE
Les pharmaciens britanniques entre déprime et colère
Imounachen Zitouni - 15 février 2016 14:04Ce n’est pas uniquement les pharmaciens marocains qui souffrent d’une image écornée. En effet, leurs confrères britanniques ne sont pas mieux lotis. « Vu de l'extérieur, mon rôle (de pharmacien) n'est perçu que comme celui d'un commerçant. Le sentiment général qui prévaut est donc que je ne suis là que pour commander des médicaments et les prendre sur une étagère avant de les mettre dans un sac joliment plié ». Ce plaidoyer teinté d'un brun d'amertume est extrait des colonnes du quotidien national britannique The Guardian.
Intitulé « Les pharmaciens devraient être la figure de proue du système de santé, désormais nos emplois sont menacés », l'article est le témoignage désabusé d'un pharmacien d'officine anglais qui constate avec anxiété et colère la dégradation constante de l'image de sa profession au moment même où le système de soins public britannique, le National health service (NHS) a décidé de couper dans les crédits alloués aux pharmacies communautaires (en Grande-Bretagne, 13 000 pharmacies d'officines sont intégrées au NHS).
A lire le compte-rendu de sa semaine type, on devine l'attachement de ce pharmacien à sa mission de santé publique: « Je contrôle légalement des centaines de prescriptions et cliniquement plus de 1 500 médicaments. Je vaccine contre la grippe, délivre des contraceptions d'urgence, examine les ordonnances et m'assure de la bonne observance des patients, tout comme je fournis un ensemble d'autres services que le NHS juge actuellement rentable ».
Seulement, personne ne semble se rendre compte que lui et ses collègues officinaux ont un « impact sur la prise en charge des patients ». Pire, les patients « s'en fichent » et « demandent un service instantané alors que cela ne les gêne pas d'attendre pour avoir un rendez-vous à l'hôpital ou chez les généraliste ». Pour enfoncer le clou, le gouvernement vient d'annoncer une coupe de 6 % dans le budget alloué aux pharmacies d'officine pour l'exercice 2016/2017. Ces 170 millions de livres sterling, soit plus de 215 millions d'euros représentent « un montant gigantesque qui devrait signifier l'arrêt de certains services (…), la fermeture d'officines, des pertes d'emploi et des baisses de salaire pour ceux qui restent ».
Le modèle de service de type « supermarché » vers lequel tend le gouvernement britannique pourrait donc voir s'accomplir cette « prophétie autoréalisatrice » qui relèguerait le pharmacien au rôle auquel beaucoup l'assimilent aujourd'hui, celui de « marchand de médicaments incapable de rendre les services qu'il rend aujourd'hui ».
Source : JIM