Article N° 4939

ALOPÉCIE

L’Interleukine 2 contre la chute atypique des cheveux

Imounachen Zitouni - 12 février 2016 23:47

La pelade, appelée aussi «alopécie», est une maladie auto-immune caractérisée par un «dégarnissement» partiel ou total du crâne, voire du corps tout entier. Elle est due à une défaillance du système immunitaire, qui, pour une raison inconnue, s'attaque aux cheveux. Alors que de nombreux traitements peuvent entraîner, dans certains cas, une repousse satisfaisante, aucun ne met à l'abri d'une rechute.

Mais cette impasse thérapeutique risque d'être bientôt bouleversée par le nouveau protocole thérapeutique mis au point par une équipe du CHU de Nice, dirigée par Thierry Passeron, professeur de dermatologie à l'université de Nice et chercheur à l'Institut national de la santé (Inserm).

«Longtemps, on a cru que cette maladie était due au stress. En fait, lorsqu'on prend en charge le stress, cela n'améliore pas les symptômes, explique le spécialiste. Même si la maladie peut être déclenchée ou aggravée par un stress, c'est bien l'immunité qui en est à l'origine.»

L'équipe du Pr Passeron n'en est pas à son coup d'essai. Déjà, en 2013, l'étude pilote que les médecins et chercheurs ont réalisée sur un petit nombre de patients a donné de bons résultats. «Nous avons traité cinq personnes atteintes d'une pelade sévère, résistantes à tous les traitements existants, poursuit le Pr Passeron. Quatre d'entre elles ont eu une repousse partielle des cheveux et des poils, voire totale pour certaines. Deux ans plus tard, il n'y a pas eu de récidive et la repousse s'est poursuivie chez deux des patientes, ce qui montre que cette approche peut avoir des effets prolongés.»

Cette fois, l'essai clinique portera sur 80 patients dans cinq centres investigateurs répartis dans tout l'Hexagone (Nice, Paris, Montpellier, Marseille et Nîmes). L'étude a d'ailleurs déjà commencé en janvier à l'hôpital Saint-Louis à Paris et au CHU de Nice. Pour l'heure, le principal effet secondaire connu est un syndrome grippal transitoire.

Le traitement mis au point par le Pr Passeron est fondé sur une molécule bien connue dans le monde médical: l'interleukine 2. Cette dernière, quand elle est fortement dosée, est habituellement utilisée pour stimuler l'ensemble du système immunitaire dans le but de détruire des cellules cancéreuses ou de lutter contre une infection. Mais, à faible dose, cette molécule permet de stimuler spécifiquement les lymphocytes T régulateurs, qui vont en quelque sorte «éduquer» les cellules de l'immunité à ne pas attaquer les follicules pileux.

A ce jour, les traitements existants font principalement appel à des médicaments immunosuppresseurs - comme les corticoïdes - qui inhibent l'activité du système immunitaire. «Pour traiter les pelades sévères, c'est-à-dire touchant plus de la moitié du crâne, il n'y a pas de traitement type, indique le Pr Passeron. Les UV B - qui ne sont pas ceux utilisés dans les cabines de bronzage - sont de loin les plus sûrs, mais pas les plus efficaces. En général, les traitements actuels sont d'une efficacité inconstante.»

 

 

Source : http://sante.lefigaro.fr