Article N° 4807

INFORMATION

Trop d'information tue l'information!

Abderrahim Derraji , Docteur en pharmacie - 01 décembre 2015 14:24

Le marché de la téléphonie mobile au Maroc a enregistré une hausse de 11% ce qui lui a permis d’atteindre un chiffre d’affaires (CA) de 4,5 milliards de dirhams en 2014. L’engouement pour les smartphones est  exceptionnel et leur CA a progressé de 42% durant 2014 (1). Ces chiffres s’expliquent par l’arrivée de la 3G et de la 4G, l’ergonomie soignée des smartphones, le foisonnement des applications mobiles et surtout leur accessibilité économique. 

À l’instar de la population générale, les professionnels de santé, dans leur majorité, se sont rués  vers ces téléphones intelligents qui leur permettent de s’informer, d’échanger et de profiter d’applications en relation avec leur pratique quotidienne.
Malheureusement, ces outils peuvent se transformer en un vrai cauchemar, au fur et à mesure qu’on y installe des applications. Le flux de notifications rend les moments de répit rares. Pour s’en convaincre, il suffit d’assister à une de nos journées pour se rendre compte que le nombre de participants qui suivent les conférences est étroitement lié aux notifications qu’ils reçoivent sur leurs smartphones. Généralement, il s’agit de courriers électroniques ou de notification de réseaux sociaux, espaces où d’illustres inconnus se transforment, du jour au lendemain, en fournisseurs de contenu. Les messages et les postes contradictoires foisonnent tellement qu’on ne sait plus qui croire.

Certains éléments actifs du web sont particulièrement friands de tout ce qui est de nature à remettre en question tout ce qui est communément admis. Quand on lit, par exemple, que tel vaccin donne l’autisme ou que  tel ou tel autre traitement est inutile, voire dangereux, il y a lieu de s’inquiéter sur l’impact de ces écrits sur les profanes. Ce qui préoccupe le plus, c’est la vitesse à laquelle se propagent ces informations. Leur viralité les met  d’emblée hors de portée de toute forme de riposte.

Les thèses les plus farfelues trouvent aujourd’hui acquéreur sur la toile. Et comme on dit : "plus c’est gros, plus ça passe". Bien évidemment, certains scandales sanitaires ont fait beaucoup de tort à la crédibilité du secteur. Ils sont à l’origine d’une forme de méfiance qui rend les internautes réfractaires vis-à-vis des versions officielles et paradoxalement réceptifs à un flux d'information n'offrant aucune garantie quant à sa véracité.

Aujourd’hui, les professionnels de santé, les institutions et les laboratoires sont de plus en plus dépassés par ce phénomène. Aussi,  et comme on ne peut continuer à ignorer ces nouveaux outils de communication, au demeurant très utiles, nous avons l’obligation, dans un premier temps, d’évaluer leur impact sur l’observance des patients aux traitements et sur la perception de l’information. Dans un deuxième temps nous devrions étudier des alternatives pour qu’au moins la bonne information soit  plus facilement accessible pour tous.
Abderrahim DERRAJI

( 1 ) Source : Groupe Gesellschaft für Konsumforschung (GfK)

Source : PharmaNEWS 319