Article N° 4794

ADDYI

États-Unis : la petite pilule rose addyi ne décolle pas

Imounachen Zitouni - 23 novembre 2015 15:05

Le18 août dernier, l’agence américaine du médicament (FDA) a approuvé Addyi (flibansérine), censée éveiller le désir sexuel féminin. Un mois après sa commercialisation, Addyi n’a fait l’objet que de 227 prescriptions, à opposer aux 600 000 prescriptions mensuelles de Viagra dès son lancement en 1998.

À sa décharge, la petite pilule rose cumule les obstacles, à commencer par son mode de fonctionnement. Alors que le Viagra agit sur le flux sanguin, doit être pris ponctuellement selon les besoins, et fait effet immédiatement, Addyi est un traitement au long court qui agit sur le cerveau, à prendre quotidiennement et dont les premiers effets n’apparaissent pas avant 4 à 8 semaines. Selon les études, son taux d’efficacité est de 10 %, quand celui du Viagra est de 50 %. Ses effets secondaires potentiels sont particulièrement gênants – hypotension, syncope, somnolence, fatigue, nausée – et potentialisés en cas d’absorption d’alcool, ce qui en interdit toute consommation. Les contraintes ne s’arrêtent pas là. La pilule rose a obtenu son AMM pour traiter spécifiquement les patientes non ménopausées présentant un « trouble du désir sexuel hypoactif entraînant une souffrance psychologique », trouble qui ne doit donc pas reposer sur un désordre psychiatrique ou un problème de couple. La FDA a non seulement réduit la population ciblée, mais aussi exigé que tout prescripteur soit préalablement certifié par le laboratoire fabriquant.

Enfin, le prix de la pilule est d’environ 26 dollars, comme pour le Viagra, mais ce traitement au long court entraîne une dépense de 780 dollars par mois, qu’aucune mutuelle n’a souhaité prendre en charge. Or Valeant est déjà sous le feu des critiques des Américains pour les fortes hausses de prix qu’il a imposé sur des médicaments anciens.

Source : www.lequotidiendupharmacien.fr