Article N° 4643

SEXUALITÉ

Sexualité des chauves: le vrai du faux

Imounachen Zitouni - 22 août 2015 00:01

Contre l’alopécie et ses atteintes à l’image, à l’estime de soi, à la confiance en soi, une rumeur circule, consolante : les chauves sont plus chauds.

Selon Alfred Mannes, chercheur à l’Université de Pennsylvanie, les chauves sont jugés plus virils, plus grands, et plus forts que les chevelus. Après avoir montré à une soixantaine de participants des photos de messieurs plus ou moins dégarnis, ce sont les chauves qui ont été perçus comme des « leaders naturels » coiffant les chevelus au poteau. Le chercheur américain a aussi apporté la preuve par Photoshop de la suprématie des chauves : en retouchant les photos de quatre hommes, à différents stades de système capillaire. Là encore, ce sont les hommes qui ont la boule à zéro qui ont été jugés les plus grands et les plus forts, avec un score moyen de 13% plus élevé – s’agissant des mêmes visages, seulement différenciés par le pinceau du logiciel de retouche. (Social and psychological science, juillet 2012).

Seulement, cette réputation d’une prime à la virilité chez les chauves n’est nullement fondée scientifiquement, assure une revue de littérature publiée par un chercheur de l’INRA, Yves Combarnous (La Recherche n° 387, juin 2005) : la chute des cheveux n’est pas en effet liée à la concentration plasmatique de testostérone, elle est activée par la transformation de la testostérone en dihydrotestostérone DHT ; c’est cette capacité des follicules pileux à transformer la testostérone en DHT qui fait qu’un homme va devenir chauve. Rien à voir donc avec sa virilité, ses capacités d’érection, ni sa libido, la réputation de chaleur du dégarni est usurpée.

« Il faut distinguer l’effet de mode de la réalité sexologique, analyse le Dr Jacques Waynberg, cofondateur de la Société française de sexologie clinique. Il y a une mode de la calvitie considérée comme un attribut de sex-appeal, telle qu’elle que nous voyons proliférer les faux chauves, qui se rasent intégralement la tête, et même des femmes s’affichent aujourd’hui avec la boule à zéro, objectivement elles se disgracient pour bénéficier de l’engouement ambiant autour du crâne nu, du crâne dénudé. »

« Mais la pratique de la clinique sexologique nous montre que, quand bien même il y aurait une corrélation entre le taux d’androgène et la calvitie, cela ne se traduit pas nécessairement par un comportement sexuel qui serait plus ardent chez le chauve que chez le chevelu. En réalité, aucun bonus n’est vérifié, la performance sexuelle n’est en aucun cas corrélée au système capillaire. »

Source : www.lequotidiendumedecin.fr