Article N° 4347

PARACETAMOL

Paracétamol : les risques seraient sous estimés

Imounachen Zitouni - 04 mars 2015 12:32

Dans une étude britannique parue lundi (Annals of the Rheumatic Diseases), des experts de l'université de Leeds ont réuni quelque 1 900 études déjà publiées sur les effets toxiques du paracétamol. Ils en ont retenu huit, les seules jugées assez robustes scientifiquement pour être analysées, ce qui, de leur propre aveu, est peu et affaiblit légèrement la portée de leurs conclusions statistiques. Néanmoins, leur bilan est clair: «Au vu des résultats présentés ici, nous pensons que le risque réel associé à la prescription de paracétamol est supérieur à ce qui est perçu par la communauté médicale», écrit le Pr Philipp Conaghan.

Selon cette étude, les personnes prenant quotidiennement une dose acceptable mais élevée de paracétamol (3 g par jour) ont un risque de décès prématuré accru jusqu'à + 60 %. Elles présentent aussi une probabilité plus élevée de connaître un accident cardio-vasculaire (+ 19 %), une hémorragie intestinale (+11 à 49 %) ou des atteintes rénales. «Les risques du paracétamol ont longtemps été sous-estimés», confirme le Pr Bernard Bégaud, pharmacologue à l'université de Bordeaux.



Le Pr Jean-Louis Montastruc, pharmacologue à Toulouse et membre de l'Académie nationale de médecine, est plus réservé sur la validité des résultats. «Cette étude est la seule à établir ce lien de cause à effet, qui n'a jamais, par exemple, été notifié par des médecins au cours de leur pratique. Or, en pharmacovigilance, nous nous appuyons toujours sur un faisceau de preuves», note-t-il, rappelant que le paracétamol reste l'antalgique de référence, car il est très bien toléré.

 

S'il n'est pas question d'alarmer les usagers ponctuels de paracétamol, qui en prennent l'espace de quelques jours pour soigner une fièvre, une migraine ou une poussée de dents, la question est plus complexe pour les consommateurs de long terme - des personnes souffrant d'arthrose pour la plupart.

Malgré ces résultats, le paracétamol reste le médicament de référence contre la douleur et la fièvre, qui peut être donné aux bébés et aux femmes enceintes. Il est bien toléré et présente peu d'interactions avec les autres médicaments. La dose maximale autorisée ne doit toutefois pas être dépassée sous risque d'atteinte grave du foie.

 

 

Source : http://sante.lefigaro.fr/