Article N° 4150
ANTIBIOTIQUES
Les antibiotiques c'est automatique!
Abderrahim Derraji , Docteur en pharmacie - 09 novembre 2014 18:36L'Agence Nationale de Sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM - France) a publié cette semaine deux points d'information. Le premier concernait l'évolution des consommations des antibiotiques en France entre 2000 et 2013, tandis que le deuxième était relatif à l'étude de l’impact de la modification récente des méthodes de contraception sur la survenue d’embolies pulmonaires chez les femmes de 15 à 49 ans .
Ces deux publications nous renseignent sur l'efficacité des campagnes de sensibilisation destinées au grand public, et sur l'implication des professionnels de santé dans le suivi des orientations des autorités sanitaires.
La médiatisation des risques liés aux contraceptifs oraux combinés (COC) en décembre 2012 et le plan d’actions préconisé, entre autres , par la HAS (Haute Autorité de la santé) et par l'ANSM, ont conduit à un changement des habitudes des femmes vis-à-vis de la contraception. Les médecins et leurs patientes ont privilégié les COC 1ère et 2ème génération, ce qui aurait permis d'éviter environ 341 hospitalisations pour embolies pulmonaires en 2013.
Les campagnes de sensibilisation contre le mésusage des antibiotiques n'ont malheureusement pas été aussi efficaces, puisque leur consommation a augmenté de 5,9% depuis 2010. Cette situation est particulièrement préoccupante d'autant plus que la rareté des nouveaux antibiotiques risque d'engendrer des impasses thérapeutiques pouvant s'avérer fatales pour les patients.
Ces deux cas de figure sont riches en enseignements et mettent en avant l'importance de l'évaluation des campagnes de sensibilisation. Le "matraquage médiatique" concernant l'utilisation rationnelle des antibiotiques n'a pas eu la même efficacité que la campagne concernant l'utilisation des COC. Ceci est probablement du au fait que certains professionnels de santé qui connaissent le danger des embolies pulmonaires, sous estiment la gravité des multi- résistances.
Parce que chaque pays a ses propres spécificités quant à la consommation des médicaments, le Maroc ne peut plus se contenter aujourd’hui, de suivre les recommandations d’instances et d’organismes étrangers. Il devrait s'investir davantage dans la surveillance de l'utilisation des médicaments au niveau national, et avoir un vrai tableau de bord de la consommation des médicaments et particulièrement des antibiotiques, des psychotropes, des corticoïdes, etc.
Aujourd’hui, la mise en place d'un observatoire permettant de suivre la consommation des médicaments au Maroc s’impose comme une nécessité. Car, c’est le seul moyen qui peut nous permettre d’avoir plus de visibilité sur les habitudes de consommation médicamenteuse au niveau national, et d'anticiper par rapport l’usage déviant de certaines familles de médicament, en sensibilisant les citoyens et les professionnels de santé.
Source : PHARMANEWS 265