Article N° 4119
Papillomavirus humain
Un lien entre le papillomavirus et une maladie auto-immune
Imounachen Zitouni, docteur en pharmacie - 20 octobre 2014 18:34Un article paru dans la revue Journal of Investigative Dermatology, a mis en évidence que la réaction immunitaire aboutissant à la destruction des cellules des muqueuses impliquait des lymphocytes spécifiques de la réponse contre le papillomavirus humain (HPV). Cela indiquerait un lien entre le lichen plan érosif muqueux (LPEM) et l’infection par la souche HPV-16, virus déjà connu pour être responsable de verrues génitales et de cancers du col de l’utérus.
Une première analyse des biopsies des tissus lésés et du sang des patients avait déjà révélé aux chercheurs la présence de lymphocytes cytotoxiques autour des cellules détruites. Les scientifiques ont donc cherché à caractériser précisément le rôle et l’origine de ces lymphocytes. Chez les dix patients étudiés, l’analyse a mis en évidence une population anormalement abondante de lymphocytes T CD8, de type Vβ3, agissant spécifiquement contre le HPV-16. La proportion de ce type de lymphocytes a été mesurée au cours des différentes phases de la maladie (poussée ou rémission). Les chercheurs ont ainsi démontré que ces cellules sont moins nombreuses pendant les phases de rémission clinique et qu'elles se multiplient pendant les poussées.
L'une des hypothèses émises par les chercheurs est que les kératinocytes des patients exprimeraient à leur surface un auto-antigène (molécule propre aux cellules de l’organisme) très semblable à l’antigène de HPV-16. Celui-ci introduirait une confusion chez les lymphocytes T ayant gardé en mémoire une ancienne infection HPV : croyant reconnaître un antigène HPV à la surface des kératinocytes, les lymphocytes des malades déclencheraient une action cytotoxique contre elles.
La conclusion de l'étude est que le LPEM pourrait être une maladie auto-immune impliquant les lymphocytes T CD8 spécifiques du HPV-16. C’est la première fois qu’un lien est établi entre l’infection par ce papillomavirus et une maladie auto-immune.
Pour rappel, le lichen plan érosif muqueux (LPEM) est une maladie inflammatoire, suspectée d’être auto-immune. Elle est chronique et récidivante, puisque les traitements actuels ne sont que partiellement efficaces. Bien que rare – elle affecte de 0,1 à 4 % de la population générale –, la maladie du LPEM peut engendrer des complications sévères (douleurs, difficultés à s’alimenter, transformation cancéreuse).
Source : http://www.futura-sciences.com