Article N° 3349
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Vers un test sanguin pour détecter les personnes suicidaires ?
Imounachen Zitouni - 05 août 2014 18:01Des chercheurs de l'université américaine Johns Hopkins, viennent de publier dans l'American Journal of Psychiatry une étude établissant le rôle particulier d'un gène chez les personnes suicidaires.
Le gène SKA2 s'exprime dans le cortex préfrontal, zone du cerveau dédiée notamment à l'inhibition des pensées négatives et des actes impulsifs. Ce gène est impliqué dans les mécanismes permettant l'arrêt de la diffusion dans le corps de cortisol, l'hormone du stress. Mais que se passe-t-il si le SKA2 ne peut pas faire correctement son travail et que le cortisol continue d'être produit dans le corps? En toute logique, la personne affectée devrait se sentir anxieuse et subir des pensées négatives sur le long terme, affectant son humeur et la rendant donc plus sujettes aux idées suicidaires.
C'est sur cette intuition que l'équipe du docteur Zachary Kaminsky a procédé à des recherches sur des cerveaux de personnes décédées, certaines malades mentalement, d'autres non. Ils ont noté que sur cet échantillon, les individus qui se sont suicidés présentaient une mutation du gène SKA2. Parmi eux, certains individus avaient tendance à produire un agent chimique, le méthyle, modifiant le fonctionnement du gène SKA2. Or, les scientifiques ont découvert que, dans leur échantillon, les personnes qui se sont tuées présentaient un taux important de méthyle.
Pour étayer leur thèse, les chercheurs ont tenté l'expérience inverse: chercher si les personnes vivantes présentant cette mutation du gène SKA2 ont plus de tendances suicidaires que les autres. Les résultats de l'analyse du sang de 325 personnes ont été sans appel. L'équipe scientifique a pu prédire à 80 % quels participants ont déjà eu des pensées suicidaires ou ont tenté de se tuer. Ce taux est monté à 90 % pour les personnes les plus désespérées. Les résultats sont encore meilleurs chez les enfants, avec 96 % de prédictions justes.
Le docteur Zachary Kaminsky estime qu'avec sa découverte, il sera bientôt possible d'identifier le plus tôt possible les personnes à risque et ainsi pouvoir mieux les prendre en charge.
Source : http://sante.lefigaro.fr