Article N° 3296
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Le diagnostic de l’Alzheimer se fait plus précis
Imounachen Zitouni, Docteur en pharmacie - 02 juillet 2014 10:10Les récents progrès sur des marqueurs biologiques spécifiques à Alzheimer ont permis d'affiner les éléments de diagnostic, qui viennent d'être formalisés dans la revue The Lancet Neurology.
Avec la collaboration d'une trentaine de spécialistes européens, le Pr Bruno Dubois, directeur du Centre des maladies cognitives et comportementales (Pitié-Salpêtrière, Paris), dresse un tableau clair et concis de la maladie, s'appuyant sur les récentes avancées de la recherche médicale.
La première formalisation des signes de la maladie remonte à 1984, définition utilisée jusqu'à la fin des années 2000 pour identifier les patients participant aux essais cliniques. Or l'imprécision des critères a conduit à inclure dans des essais cliniques jusqu'à 36 % de patients n'ayant pas la maladie d'Alzheimer, un réel problème lorsqu'il s'agit d'établir l'efficacité d'une molécule, rappelle Bruno Dubois.
Le groupe de travail européen accorde une place prédominante à l'évaluation clinique des symptômes, pierre angulaire du diagnostic. La forme «typique» d'Alzheimer, qui concerne 86 % à 94 % des malades, se caractérise par des troubles de la mémoire récente (incapacité à se souvenir, même à l'aide d'indices, d'une liste d'objets apprise peu avant). Mais il arrive aussi que certaines personnes (les 6 % à 14 % restants) ne présentent aucune amnésie. Ces formes atypiques peuvent se manifester par des troubles du langage (incapacité à se rappeler certains mots), des troubles visuo-spatiaux (difficultés gestuelles, difficulté d'identification des objets ou des mots avec perte de la lecture) ou du comportement.
Sur la base de ces symptômes, le diagnostic peut, dans un second temps, être confirmé par des mesures biologiques. Deux marqueurs de diagnostic ont été retenus par les experts européens: la concentration de trois protéines (T-Tau, P-tau et bêta-amyloïde) dans le liquide céphalo-rachidien prélevé par ponction lombaire, et l'évaluation de peptides amyloïdes, après injection d'un traceur qui les révèle par scintigraphie (TEP). Ces marqueurs permettent également, en l'absence de symptômes, d'identifier les personnes qui vont indubitablement développer Alzheimer, celles qui présentent des risques, et celles qui ne l'auront pas. «Dans l'ensemble, je trouve ces critères beaucoup plus fins et pertinents que les précédents», salue le Dr Mai Panchal, directrice scientifique de la Ligue européenne contre la maladie d'Alzheimer.
Source : http://sante.lefigaro.fr