Article N° 3233
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LA SCHIZOPHRÉNIE : UNE MALADIE CHRONIQUE COMME LES AUTRES !
Abderrahim Derraji , Docteur en pharmacie - 25 mai 2014 09:00Le laboratoire pharmaceutique COOPER-PHARMA a organisé mercredi et jeudi derniers, respectivement à Rabat et à Casablanca, deux conférences sous le thème "Cerveau & esprit".
Lors de ces rencontres animées par le Dr. Pierre Lalonde, médecin psychiatre et professeur titulaire à l'Hôpital Louis Hippolyte La Fontaine à Montréal, les psychiatres ont suivi avec beaucoup d'intérêt des exposés découlant de la longue expérience de ce québécois dans la prise en charge des maladies psychiatriques et plus particulièrement la schizophrénie.
Cette affection touchant 1% de la population mondiale, et qui débute généralement entre 15 et 25 ans, se manifeste, entre autres, par des hallucinations, des délires, des perturbations de la logique de pensée et par une altération de la cognition.
La schizophrénie qui est généralement méconnue du grand public est vécue par les familles des malades comme une injustice qui assombrit brutalement l'avenir d'un enfant pour lequel tous les rêves étaient permis.
Les hallucinations qui l'accompagnent intriguent et inquiètent l'entourage du malade. C'est, sans doute, ce qui explique parfois le recours aux exorcistes et aux marabouts. Ces pratiques, d'un autre âge, font perdre au malade toutes les chances de bénéficier d'un diagnostic précoce et d'une prise charge appropriée.
Dans son exposé, le Pr. Lalonde, qui a aussi évoqué les croyances de différents peuples, a rappelé les trois axes de la prise en charge de cette maladie : La prise en charge pharmacologique qui se fait essentiellement grâce à l'apport des neuroleptiques. Malheureusement, le déni qui accompagne cette pathologie compromet souvent l'observance des patients aux médications qui leurs sont prescrites. Pour améliorer la compliance des malades à leurs traitements, le psychiatre doit également les accompagner psychologiquement. Quant au 3ème axe, il a pour objectif de lutter contre la désinsertion sociale et permettre au malade de réapprendre les bases de la vie en société.
Le traitement est généralement long et demande à la famille beaucoup de patience et d'endurance, d'autant plus que les schizophrènes nécessitent généralement une surveillance permanente.
Malheureusement, et contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'empathie de l'entourage n'est pas forcément au rendez-vous. En effet, la stigmatisation sous toutes ses formes anéantit les efforts fournis par les parents puisque elle peut être à l'origine de non adhésion du malade à son traitement.
Bien que des efforts louables aient été fournis pour améliorer la prise en charge des patients, et bien que les psychiatres et les associations de malades accomplissent un travail colossal, un déficit en prise en charge des schizophrène demeure et mérite d'être comblé. Ce déficit explique en partie le recours à des pratiques qu'on croyait appartenir à un âge révolu, notamment au sein du mausolée de Bouya Omar.
On ose espérer que les déclarations récemment faites par le ministre de la santé vont enfin permettre d'extirper les malades aux conditions imposées dans ces centres qui ne peuvent avoir droit de cité dans un pays où la constitution fait de l'accès aux soins un droit...Phamanews 241: lien
Source : Pharmanews 241