Article N° 3153

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La fièvre, amie ou ennemie ?

Imounachen Zitouni, Docteur en pharmacie - 09 avril 2014 22:02

La fièvre pourrait être un mécanisme de défense en rapport avec une agression infectieuse. «En cas d'invasion par un agent microbien, les cellules de défense de l'organisme produisent des molécules inflammatoires (cytokines, interleukines, etc.) afin d'informer le cerveau de ce qui se passe. En réponse, l'hypothalamus, une petite glande du cerveau en charge de réguler la température du corps, envoie l'ordre de réagir par une vasoconstriction et des contractions musculaires, d'où l'impression d'avoir froid et de grelotter, dans le but de faire grimper la température centrale», précise le Pr Lionel Piroth, infectiologue au CHU de Dijon. Objectif probable: altérer le fonctionnement des bactéries et des virus, grâce à cette température accrue.

Hormis les cas évidents où la fièvre s'accompagne de signes bénins et parlants comme un nez qui coule et une gorge qui gratte, annonçant une rhinopharyngite, il est donc toujours recommandé de consulter et ce, de préférence avant la prise d'un quelconque médicament susceptible de fausser les résultats. «Si la fièvre est mal supportée, mieux vaut donner du paracétamol, dont l'action se limite à faire baisser la température, plutôt qu'un anti-inflammatoire qui va aussi casser les autres réponses de l'organisme à l'agression infectieuse. Il a d'ailleurs été montré que la prise d'anti-inflammatoires dans certaines infections (notamment cutanées et pulmonaires) pouvait conduire à une aggravation de ces infections», insiste le Pr Piroth.

Lorsque la fièvre est le marqueur d'une infection, elle a un autre mérite: celui de permettre de mieux suivre l'évolution de cette infection. Il faut donc la respecter tant qu'elle est bien supportée, sous peine de brouiller le diagnostic et le suivi. «Il existe des exceptions, notamment chez les jeunes enfants de 0 à 5 ans, où des températures élevées peuvent provoquer des convulsions. Les personnes âgées sont aussi particulièrement sensibles aux fièvres trop élevées, qui provoquent chez elles une possible et grave déshydratation. Dans ces cas, il faut utiliser un traitement antifièvre et des moyens physiques pour lutter contre la fièvre», confirme le Pr Piroth.

Il existe enfin quelques urgences à connaître: «Par exemple, un choc septique d'origine bactérienne peut entraîner une hypothermie par vasoconstriction pour protéger le c½ur et le cerveau: dans ce cas, c'est une température très basse, inférieure à 35,5 °C, qui peut donner l'alerte. Il faut savoir décoder ces chiffres et appeler les secours d'urgence», conclut le Pr Jean-Paul Stahl.

Source : http://sante.lefigaro.fr