Article N° 2862

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L'ultime sacrifice

Abderrahim Derraji, Docteur en pharmacie - 22 octobre 2013 18:44

Mercredi dernier, les marocains ont célébré l'Aïd Al Adha, fête commémorantla soumission de Sidna Ibrahim au tout puissant. En souvenir de la soumission totale de ce prophète, les familles musulmanes sacrifient un bélier lors de cette fête qu'on appelle également fête du sacrifice.

Quelques jours avant cette fête, le ministre de la santé a annoncé à la deuxième chambre du parlement, l'entrée en vigueur prochainedu décret réglementant la fixation du prix des médicaments. On ne peut s'empêcher de faire le parallèle entre la symbolique de cette fête sacrée etle choix de renoncer des pharmaciens qui ont accepté de se soumettre sans l'ombre d'une résistance.

Pour l'avoir vu à l'½uvre, on ne peut douter de la bonne foi du ministre de la santé, et encore moins de sa sincérité. Mais face à la complexité de ce dossier, comment ne pas s'inquiéter?Se contenter d'une augmentation de 3,6% sur les produits à petit prix en guise de mesure d'accompagnement, alors que de nombreux paramètres peuvent intervenir et fausser toutes les prévisions, dénote d'une certaine naïveté voire d'un amateurisme qui risque de nous coûter cher et plus particulièrement aux plus jeunes d'entre nous.

Il ne fait pas bon d'occuper des postes de responsabilité par les temps qui courent, ni d'avoir à assumer des décisions dont les conséquences risquent de jeter dans la rue des centaines de pharmaciens et au moins autant d'employés. Quant-aux personnes qui ont été sciemment mis à l'écart par les négociateurs attitrés ou qui ont, tout bonnement, refusé d'abdiquer sans livrer bataille, ils se consoleront un jour de n'avoir pas contribué à dépouiller le syndicalisme de ce qui fait sa force: la mobilisation et la protestation.

À notre grand regret, les ruptures et les divergences au sein de nos organismes professionnels viennent nous rappeler, une fois de plus, que nous avons tous, d'une manière ou d'une autre, failli à notre devoir de léguer auxprochaines générations de pharmaciens une profession réglementée, une profession où la culture du débat aurait encore droit de cité. Pire, l'exclusion, la tyrannie et la cupidité se sont invitées sonnant ainsi le glas de l'esprit de confraternité, ingrédient de choix ô combien nécessaire pour préserver la cohésion au sein du corps pharmaceutique.

En attendant sagement l'entrée en application du décret fixant les prix des médicaments, il ne nous reste qu'à invoquer, en silence, le tout puissant pour que nos craintes et appréhensions soient injustifiées.

Source : PMA