Article N° 2838

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Éduquer son système immunitaire contre le cancer

Pharmacies.ma - 09 octobre 2013 21:17

En août dernier, au cours du congrès de l'Asco (American Society of Clinical Oncology), l'utilisation des puissantes ressources du système immunitaire pour lutter contre le cancer a été d'actualité. De nouvelles techniques d'immunothérapies permettent en effet d'apprendre à l'organisme à s'attaquer aux tumeurs cancéreuses.

Dans les années 1990, la signature antigénique des tumeurs a pu être identifiée, ouvrant la porte au développement de vaccins spécifiques. Plus récemment, des chercheurs français ont établi une corrélation entre l'abondance de lymphocytes activés autour des tumeurs coliques et le pronostic des patients. «Tous ces travaux démontrent qu'il existe une immuno-surveillance naturelle des tumeurs chez l'homme», souligne le Pr Laurence Zitvogel, oncologue à l'Institut Gustave-Roussy de Villejuif et directrice de l'unité Inserm 1015.

Avec son équipe, elle a également démontré que les chimiothérapies sont 10 à 100 fois plus efficaces sur des animaux dont le système immunitaire est intact. «Les cellules tumorales qui meurent grâce à la chimiothérapie ont la capacité, chez certains individus, d'enseigner aux lymphocytes présents comment détruire la tumeur.» L'objectif de tous les travaux actuels est à la fois d'identifier les patients qui ont cette capacité naturelle et de mettre au point des traitements capables de déclencher cette réponse chez les autres.

Forts de ces diverses observations, les chercheurs ont d'abord recherché des récepteurs sur la surface des lymphocytes capables d'activer la réponse du système immunitaire contre les tumeurs, une approche qui a déclenché une violente tempête immunitaire chez les premiers patients, provoquant leur mort.

La recherche se concentre désormais sur d'autres récepteurs, capables de désactiver les freins qui empêchent les lymphocytes de s'attaquer aux tumeurs. Une approche plus subtile qui a conduit, en 2011, à la mise sur le marché de l'ipilimumab, un anti-CTL-A4, contre les mélanomes métastatiques et qui se révèle très efficace pour 10 à 15 % des patients. Très proche de la commercialisation, un anti-PD-1 a été développé par une équipe japonaise et montre jusqu'à 40 % de réponses partielles ou complètes sur divers types de tumeurs. La recherche est déjà entrée dans une toute nouvelle phase, à la recherche des meilleures combinaisons pour chaque patient: plus efficace et moins toxique.

Source : sante.lefigaro.fr