Article N° 2774

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La circoncision confirme son intérêt dans la lutte contre le SIDA

Zitouni Imounachen, docteur en pharmacie - 04 septembre 2013 16:22

Une étude française Inserm-ANRS publiée mardi dans la revue Plos Medicine, a révélé pour la première fois les bénéfices de la circoncision dans la lutte contre le sida dans la vie réelle. Une campagne menée dans un vaste bidonville d'Afrique du Sud a permis de réduire de 57 à 61% le nombre d'infections chez les hommes s'étant porté volontaires pour l'opération.

La circoncision était proposée gratuitement aux quelque 110.000 habitants d'Orange Farm. 15% des hommes étaient déjà circoncis au lancement de la campagne en 2007, une proportion passée à 53% quatre ans plus tard. «C'est un taux d'acceptation intéressant. Nous n'avons pas constaté de réticence particulière ou de crainte vis-à-vis de ce geste chirurgical», rapporte au Figaro Bertran Auvert, professeur en santé publique à l'université de Versailles.

Sur place, un échantillon de 3300 hommes du bidonville ont été interrogés sur leurs pratiques sexuelles, qu'ils soient circoncis ou non. Les chercheurs soulignent que le recours au préservatif lors de rapports avec un partenaire non régulier était similaire dans les deux groupes, ce qui suggère qu'il n'y a pas eu de remplacement d'une méthode de prévention par l'autre. Avant toute opération, les volontaires étaient systématiquement informés sur l'efficacité partielle de la circoncision et sur la nécessité de continuer à se protéger par d'autres moyens, notamment le préservatif.

Généraliser la circoncision ne présente d'intérêt que dans les pays où le niveau de contamination est élevé et où le virus se transmet principalement lors de rapports hétérosexuels, souligne le Pr Auvert. «Il s'agit essentiellement des 14 pays d'Afrique australe et de l'Est. Cette situation ne s'applique pas à l'Europe», détaille-t-il. Le spécialiste estime qu'en généralisant cette pratique dans les pays africains concernés, le nombre de nouvelles contaminations annuelles dans le monde pourrait être réduit de 25%. Cela nécessite néanmoins la multiplication de campagnes de sensibilisation intensives, nécessitant des fonds et du personnel. «La généralisation de la circoncision doit plus que jamais être une priorité de santé publique en Afrique australe et de l'Est», confirme le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS).

Le Pr Auvert espère également confirmer l'intérêt de la circoncision pour limiter la circulation de deux autres virus, le papillomavirus, responsable entre autres du cancer du col de l'utérus chez la femme, et de l'herpès.

Source : Le Figaro