Article N° 2758
Archives
Le cannabis n’est pas une "drogue inoffensive"
Imounachen Zitouni, Docteur en pharmacie - 28 août 2013 18:05Selon des chercheurs de l'Université de Montréal et de l'école de médecine Icahn au centre médical Mount Sinai de New York, les adolescents qui consomment du cannabissont particulièrement exposés à acquérir des comportements de dépendance et à souffrir d'autres effets négatifs à long terme.
Les chercheurs ont passé en revue plus de 120 études sur différents aspects de la relation entre le cannabis et le cerveau des adolescents, y compris la biologie du cerveau, les réactions chimiques dans le cerveau lorsque la drogue est consommée, l'influence des facteurs génétiques et environnementaux, ainsi que le phénomène de " drogue d'initiation ".
Bien qu'il soit difficile de confirmer en toute certitude un lien de causalité entre la consommation de cannabis et des troubles psychiatriques ou addictifs ultérieurs, les chercheurs notent que des expériences sur des rats permettent aux scientifiques d'explorer et d'observer directement les mêmes réactions chimiques que dans le cerveau humain. Le cannabis agit sur notre cerveau par des récepteurs chimiques (récepteurs cannabinoïdes comme les récepteurs CB1 et CB2). Ces récepteurs sont situés dans les zones du cerveau associées à l'apprentissage, la recherche de récompenses, la motivation, la prise de décision, l'acquisition d'habitudes et les fonctions motrices. Comme la structure du cerveau change rapidement pendant l'adolescence (avant de se stabiliser à l'âge adulte), les scientifiques croient que la consommation de cannabis à cet âge influe grandement sur l'évolution de ces aspects de la personnalité. Dans des expériences sur des rats adolescents exposés à des substances présentes dans le cannabis, les scientifiques ont pu observer des différences dans les voies chimiques qui déterminent l'accoutumance et la vulnérabilité à la toxicomanie; un exemple est le récepteur de dopamine D2, qui est bien reconnu comme étant différent dans le cerveau des individus souffrant de dépendance.
Environ un sur quatre consommateurs de cannabis à l'adolescence développe une relation d'abus ou de dépendance avec cette drogue; ce constat amène les chercheurs à conclure que des facteurs de vulnérabilité génétiques et comportementaux sont en cause. Des études montrent que la dépendance au cannabis peut être héritée par les gènes qui produisent les récepteurs de cannabinoïdes et une enzyme qui participe à la métabolisation du THC. D'autres facteurs psychologiques sont aussi probablement en jeu. " Les individus qui développent une dépendance au cannabis ont généralement, dès leur jeune âge, un tempérament caractérisé par des affects négatifs, de l'agressivité et de l'impulsivité. Certains de ces traits sont souvent exacerbés par des années de consommation de cannabis, ce qui laisse penser que le consommateur se retrouve piégé dans un cercle vicieux d'automédication, qui tourne ensuite à la dépendance ", explique le Dr Jutras-Aswad.
Les chercheurs soulignent que bien qu'il reste encore beaucoup à apprendre sur les mécanismes de l'abus de cannabis, l'ensemble des recherches à ce jour présente des implications importantes pour la société. " Il est maintenant clair, selon les données scientifiques, que le cannabis n'est pas inoffensif pour le cerveau des adolescents, surtout ceux qui sont le plus vulnérables pour des raisons génétiques ou psychologiques.
Source : techno-science.net