Article N° 2725

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Des traces du coronavirus détectées sur des dromadaires

Zitouni Imounachen, docteur en pharmacie - 09 août 2013 15:32

Une équipe de recherche internationale publie ce vendredi, dans la revue The Lancet Infectious Diseases, les résultats d'analyses réalisées dans différents troupeaux au Moyen-Orient. Les taux d'anti-corps présents chez 50 dromadaires du sultanat d'Oman suggèrent que ces animaux auraient hébergé le MERS-CoV et ainsi pu contribuer à la contamination humaine.

L'équipe de recherche a, pour la première fois, pu analyser des échantillons de sérum prélevés chez différents animaux d'élevage du sultanat d'Oman. Aucun des échantillons provenant de moutons, bovins ou de chèvres n'a révélé d'infection par le MERS-CoV. En revanche, 100% des 50 dromadaires testés présentaient des anti-corps contre le coronavirus. «Les anti-corps mis en évidence chez ces animaux sont dit «neutralisants» contre le MERS-CoV, explique le Pr Laurent Kaiser, responsable du Laboratoire de virologie aux Hôpitaux universitaires de Genève. Si cela ne permet pas d'affirmer formellement que les dromadaires ont été infectés par ce coronavirus, il s'agissait en tout cas d'un virus extrêmement proche.»

Pour Vincent Enouf, virologue à l'Institut Pasteur, cette étude est bien conduite mais elle n'apporte pas assez d'éléments de preuves. «La pièce manquante reste l'identification d'animaux porteurs du virus, relève le scientifique. Les anti-corps témoignent d'un contact, peut-être lointain, mais ne prouvent pas que les dromadaires soient actuellement porteurs du coronavirus qui sévit chez l'homme.». Par ailleurs, l'existence d'anti-corps chez la totalité des dromadaires testés soulève aussi une autre question. «On peut en déduire que ces animaux ont été exposés depuis longtemps au MERS-CoV ou à un coronavirus très proche, note Laurent Kaiser. Mais alors pourquoi n'y a-t-il pas eu de contamination humaine plus large ou plus précoce?»

Cette publication aura au moins le mérite de démontrer pour la première fois que des animaux domestiques peuvent être infectés par le MERS-CoV, ou des souches virales, extrêmement proches. Et ce sans qu'aucun symptôme ne se manifeste. Il s'agit donc d'un premier pas important dans la compréhension du rôle des animaux d'élevage dans la propagation du coronavirus. Il faudra cependant d'autres études pour mieux comprendre le mode de transmission du virus, notamment de l'animal à l'homme.

Source : Le Figaro