Article N° 2717

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Un anesthésiant efficace contre la dépression sévère

Zitouni Imounachen, docteur en pharmacie - 07 août 2013 00:23

Une récente étude américaine relance la piste de l'utilisation d'anesthésiants dans la prise en charge de la dépression profonde. L'Isoflurane, utilisé habituellement pour l'entretien des anesthésies générales, se montrerait efficace dans le traitement des dépressions résistantes aux antidépresseurs, selon des travaux publiés le 26 juillet sur le site de la revue Plos One. La molécule offrirait ainsi une alternative intéressante au traitement actuel par électrochoc (ECT), certes efficace mais souffrant d'une image agressive.

Si la recherche sur les médicaments antidépresseurs est toujours active et a permis d'en améliorer sensiblement la tolérance et l'efficacité, il n'y a pas eu de découvertes significatives dans ce domaine depuis la fin des années 90, notamment concernant les résistances au traitement ou le délai d'apparition d'une amélioration, toujours de 6 à 8 semaines en moyenne.

Dans ce contexte, l'Isoflurane pourrait s'avérer une alternative intéressante à l'ECT, selon les travaux du Pr Weeks. L'anesthésiant a été testé dans une étude pilote comparant vingt patients ayant reçu des électrochocs à huit patients ayant reçu de l'isoflurane. Les chercheurs ont ainsi constaté que les deux traitements permettaient une diminution significative des symptômes de dépression. Cependant, dans les suites immédiates du traitement, les patients sous ECT ont eu des troubles de la mémoire, de la fluidité verbale et de la vitesse de traitement l'information. Si ces effets secondaires se sont dissipés en quatre semaines, le rappel des événements de la vie personnelle est resté en-dessous des niveaux de pré-traitement après quatre semaines. Les patients soignés avec de l'isoflurane n'ont en revanche pas montré d'altération de leurs capacités cognitives, que se soit dans les suites immédiates du traitement ou 4 semaines plus tard, rapporte l'étude.

«Très peu d'études existent sur l'utilisation des anesthésiants dans le traitement de la dépression résistante aux antidépresseurs, mais l'isoflurane semble intéressante du fait de l'absence supposée d'effets secondaires latéraux», estime le Pr Franck Baylé. Ce qui n'est pas le cas d'un autre anesthésiant faisant également le cas d'études, la kétamine, connu pour être un stupéfiant puissant entraînant un risque de mésusage et dont l'efficacité à long terme semble moindre que celle de l'isoflurane.

Source : Le Figaro