Selon un communiqué publié par l'OMS à l'occasion de la Semaine mondiale de l'allaitement maternel qui est célébrée, du 1er au 7 août dans 170 pays, seul 1 pays sur 5(1) a adopté des lois reflétant toutes les recommandations du code international de commercialisation des substituts de lait maternel.

De ce fait, les mères continuent à être inondées d'informations incorrectes et non objectives dans de nombreux pays. La distribution d'échantillons de préparation pour nourrisson et l'utilisation de «matériels éducatifs» inappropriés sont en grande partie responsables du déclin de l'allaitement maternel.

Face à la crainte que la commercialisation de substituts du lait maternel auprès des mères ne soit trop agressive, la 27ème Assemblée mondiale de la Santé qui s'est tenue en 1974, a préconisé à tous les états membres d'évaluer les activités promotionnelles en faveur des aliments pour nourrisson et de prendre les mesures pour réguler leur publicité, notamment en édictant des codes de pratique publicitaire et une législation appropriée s'il y a lieu.

En optant pour une telle approche, on donne à l'allaitement maternel toutes ses chances. D'autant plus qu'il est l'un des moyens les plus efficaces pour assurer la santé et la survie de l'enfant. D'une part, par ce qu'il apporte au nouveau né et à l'enfant en bas âge tous les éléments nutritifs dont ils ont besoin pour un développement sain. D'autre part, parce qu'il contient des anticorps qui les protègent contre de nombreuses maladies courantes notamment les diarrhées et les pneumonies.

Le lait maternel présente d'autres avantages puisqu'il permet de réduire l'incidence de l'obésité, du diabète, du cancer du sein et de l'ovaire.

Malheureusement et malgré ces avantages avérés, on estime que la moyenne mondiale des bébés nourris au sein pendant les six premiers mois ne dépasse pas 38%.

Au Maroc, l'allaitement maternel exclusif est passé de 62% en 1992 à 46% en 1997. La durée moyenne de l'allaitement maternel a, elle aussi, baissé durant la même période passant ainsi de 15.5 mois à 14 mois. Cette baisse s'explique par l'augmentation du nombre de femmes travaillant en dehors de leur domicile et par la mise sur le marché de laits pasteurisés, de laits de vache concentrés et en poudre.

Sur le terrain et malgré plusieurs initiatives, telle que l'Initiative Hôpitaux Amis des Bébés (IHAB) qui a été lancée en 1992 et qui a concerné 40 Hôpitaux et maternités, l'abandon de l'allaitement maternel continue, et ceci constitue un sérieux problème de santé publique.

Enfin, et comme le préconise l'OMS, nous devons nous mobiliser pour soutenir davantage les mères qui allaitent. D'une part en leur préconisant de démarrer l'allaitement dans la demi heure qui suit l'accouchement. D'autre part, en leur prodiguant des conseils pour qu'elles puissent faire face aux difficultés qu'elles rencontrent au démarrage de l'allaitement. La distribution à titre gracieux d'aliments pour nourrisson devrait être bannie pour éviter aux mamans peu informées de démarrer, dès leur sortie de la maternité, un allaitement mixte voire exclusivement à base de substituts de lait maternel.

Abderrahim Derraji, Docteur en Pharmacie

Consulter Pharmanews 199: lien

(1)Parmi les pays notifiant des données (2)Protection de 98 % au cours des six premiers mois suivant l'accouchement

Source : Pharmanews 199