Article N° 2462
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France: des traces de polluants dans l'eau en bouteille
Dr. Imounachen Zitouni - 26 mars 2013 19:05Selon une étude réalisée par 60 Millions de consommateurs, sur cinquante eaux en bouteille testées - minérales ou de source - dix contenaient des traces de médicaments ou de pesticides.
Un constat préoccupant pour les embouteilleurs, tout particulièrement pour les eaux minérales. Ces eaux, en effet, ne sont pas jugées pour leur seule qualité sanitaire, qui doit être une évidence, mais aussi pour leur «pureté originelle». Elles ne doivent subir aucun traitement chimique (comme les eaux de source) et leur composition minérale doit être stable tout au long de l'année.
Cette enquête, également pilotée par la Fondation France Libertés, pose finalement plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. Évoquer des traces, c'est en effet se trouver dans des niveaux tellement faibles que l'on ne peut véritablement les quantifier. «Il s'agit moins de s'interroger sur le combien que de savoir comment les eaux ont pu entrer en contact avec certaines molécules», estime Thomas Laurenceau, le rédacteur en chef de la revue, même «s'il n'y a à court terme aucun problème de qualité, ces eaux sont parfaitement buvables», insiste-t-il.
Les auteurs de l'étude affichent une certaine prudence sur un des résultats qu'ils qualifient eux-mêmes de «grande surprise». Leur étude montre en effet que 10 % des eaux en bouteille analysées «présentent des résidus de tamoxifène», une hormone de synthèse utilisée dans le traitement du cancer du sein. «Les teneurs sont certes extrêmement faibles: au maximum, de 0,001 % de la dose habituelle pour un traitement en buvant 1,5 litre», précisent-ils, mais ils persistent et signent: le laboratoire, en refaisant toutes les analyses, est arrivé aux mêmes conclusions. «C'est un médicament spécifique pour le cancer du sein. Il faudrait pour qu'il arrive dans les zones protégées de captage que des égouts rejettent l'urine de femmes soignées et que ces eaux pénètrent jusque dans l'aquifère profond», s'interroge pour le moins perplexe Yves Lévi, chercheur au laboratoire de santé publique et d'environnement de l'université Paris-Sud, alors que la plupart des sources se trouvent à des centaines de kilomètres de villes et d'hôpitaux.
La revue ne s'est pas contentée d'analyser les eaux en bouteilles mais aussi des eaux du robinet qui ne s'en sortent guère mieux, puisque, sur un échantillonnage réalisé dans dix villes, ils ont trouvé des traces de pesticides dans sept d'entre elles.
Ce travail va être suivi d'autres. L'Anses a ainsi engagé une grande campagne d'analyse sur les eaux embouteillées, qui portera, si nécessaire, sur les sources mêmes. Les résultats seront connus en 2014.
Source : Le Figaro