Article N° 2458
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Médicaments : ce que veulent les patients
Dr. Zitouni Imounachen - 25 mars 2013 09:12Lors d'un colloque à l'hôpital Saint-Joseph, à Marseille, sur le thème : "Faut-il avoir peur des médicaments ?" le Dr Bernard Lalanne a expliqué qu'en cas de surdose, de mauvais usage des nouveaux anticoagulants, "il n'y a pas d'antidote". Comme il le détaille, ces produits qui ne nécessitent pas de prise de sang régulière ont des avantages par rapport aux "antivitamine K" qu'ils peuvent remplacer mais leur prescription doit être largement encadrée. D'autant qu'une journée de traitement avec ces produits nouveaux coûte le prix d'un mois avec les anciens médicaments.
Un exemple du rapport "bénéfice-risque" de thérapies évoquées ce soir-là et des questions sur les médicaments dans un contexte plombé par les affaires.
"Il y a une remise en question de la relation entre le médecin et le patient, indique le Dr Jacques Cohen, spécialiste en endocrinologie, qui intervenait lui aussi lors de ce colloque. Les malades s'informent sur le Net, par leurs lectures, la télé et nous devons respecter ce savoir. Mais nous avons un devoir d'information et de transparence. Et il faut prouver à nos patients que nos recommandations, nos prescriptions, sont plus pertinentes que celles qu'ils ont découvertes par eux-mêmes."
Ce praticien est confronté actuellement à la remise en cause des statines dans leur efficacité sur la lutte contre le cholestérol et la réduction du risque cardio-vasculaire. "Notamment parce qu'un livre nie l'existence même du 'mauvais cholestérol' donc l'utilité des statines. Notre usage des statines doit aller dans le sens d'un refus de la banalisation de ce traitement." Joseph Emmerich, l'un des directeurs de l'Agence du Médicament va dans le même sens.
"Le rôle du mauvais cholestérol est prouvé. Même si les statines ne sont pas les 'Karcher' des artères, elles permettent de faire baisser la mortalité, particulièrement en traitement des personnes qui ont fait un infarctus. S'en priver serait criminel." Mais l'Agence du Médicament met en garde contre la levure de riz rouge, un "complément alimentaire" vendu dans une boîte évoquant celle d'un médicament et qui contient des statines. " Encore une fois, il ne faut pas banaliser ces produits et ne pas prendre ces levures quand on est déjà sous statines."
Alors certes, il y a les avis officiels mais, selon nombre de témoignages, les patients ont toujours du mal à s'informer auprès des médecins. "Les pilules de 3e et 4e générations continuent à être prescrites sans interrogatoire poussé, indique Dominique Courtois, président de l'Association d'aide aux victimes d'accidents corporels qui prend en charge les victimes de ces produits après celles du Mediator. Les médecins ne prennent pas assez de temps et sont confrontés à la pression économique. S'ils refusent de les prescrire, leurs patientes vont chez un confrère."
Le Dr France Gambarelli, conseil pour l'UFC-Que Choisir ? indique, elle, que "si le dialogue entre patients et médecins s'est bien organisé dans des commissions au sein de l'hôpital, il y a de vrais progrès à faire en médecine libérale, même si les gens doivent être acteurs de leur santé".
Source : http://www.laprovence.com