Article N° 2414
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Officines: Fin des années fastes?
Pharmacies.ma - 01 mars 2013 18:18Un nombre important d'officines sontlâchées par les grossistes. Un constat alarmant révélé par Oualid Amri, président de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens. Les pharmacies s'éloignent des années fastes et des stéréotypes d'activité vache à lait.
En effet, selon les données du cabinet IMS Health, le chiffre d'affaires annuelmoyen des officines est passé de près de 500.000 DH en 2000 à 330.000 DH, l'année dernière. Les problèmes du secteur résultent avant tout de l'étroitesse du marché pharmaceutique. Techniquement, les 30 millions de Marocains consomment quasiment autant de médicaments que 6 millions de Jordaniens. Cette situation est la conséquence logique d'une très faible consommation médicamenteuse (à peine 400 DHpar personne par an ou 9 boîtes en moyenne en 2012). Cette faiblesse du pouvoir d'achat est intimement liée à la faiblesse de la couverture médicale. « La croissance du secteur au profit des officines mais également des patients ne peut se faire sans une couverture médicale généralisée », explique Amri.
Plus encore, la dernière annonce de la baisse de prix de 1.500 médicaments faite par le ministre de tutelle inquiète les professionnels. Pourtant, El Houssaine Louardi, s'était engagé à ne pas mettre en péril la santé financière des officines. Dans la pratique, la baisse des prix des médicaments se trouve face à certaines difficultés. « Au niveau de l'industrie, il y a une absence d'économies d'échelle à cause de la taille du marché. Pour le grossiste, la contrainte est la faiblesse des marges (7% de marge brute et près de 1% nette avec des charges importantes en carburant et en téléphonie et informatique). Quant aux pharmaciens qui se trouvent en aval de la chaîne, leur fragilité est encore plus grande», explique Abdelmajid Belaïche, chercheur en pharmaco-économie. Ainsi, toute baisse des prix doit faire l'objet d'une étude d'impact économique pour atténuer les difficultés du secteur.
Par ailleurs,la profession a été victime de son succès. Alors que le Maroc ne comptait que près de 4.000 officines au début des années 2000, elles sont aujourd'hui au nombre de 12.000.
Selon Belaïche, il n'y a pas de cartographie précise des installations des officines au Maroc. Or, elle est indispensable car elle permettrait de faire d'abord un état des lieux des installations et d'orienter ensuite d'éventuels nouveaux pharmaciens désirant s'installer dans des zones moins saturées et éviter ainsi les installations suicidaires. La seule cartographie existante date de 2008. Elle décompte les effectifs de pharmaciens par région. Le Grand Casablanca y arrive largement en tête en concentrant 16% des effectifs. Il est suivi par la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer. Une tendance logique à première vue mais qui met en danger la pérennité du secteur. Le chercheur recommande la mise en place d'une cartographie précise et l'instauration en plus du chaînage d'un numerus clausus à la fois démographique et économique.
Source : http://www.leconomiste.com