Article N° 2253

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Médicaments génériques : la crise de confiance s’installe en France

Dr. Zitouni Imounachen - 10 décembre 2012 17:06

Les données sur la consommation de médicaments en France, publiées par l'Assurance maladie confirment la remontée du taux de substitution des princeps par les génériques. La pénétration des médicaments génériques atteint de nouveau plus de 80 % et même 82,4 % en novembre.

Néanmoins, la confiance des Français à l'égard des médicaments génériques semble pour sa part durablement entamée. Un sondage réalisé par l'IFOP pour le groupement de pharmacies PHR (qui représente 11 % des pharmacies en France) confirme en effet la progression du sentiment de défiance des patients. Ainsi, désormais ils ne sont plus que 61 % à être convaincus qu'un médicament générique est aussi fiable qu'un princeps, contre 71 % l'année dernière. De même, s'ils sont toujours nombreux (72 %) à ne pas douter de l'efficacité comparable des génériques, ils l'étaient plus encore l'année dernière (77 %).

L'année 2012 a été émaillée de discussions, rapports et interrogations sur la question des médicaments génériques, qui sans surprise ont laissé des traces dans la perception des Français. Ainsi semble-t-il aujourd'hui que les « copies » ne soient plus exclues du mouvement de rejet que suscitent chez certains, les médicaments en général.

La France applique en effet la réglementation européenne qui considère qu'une bioéquivalence est assurée quand la vitesse et la qualité du principe actif absorbé par l'organisme ne diffèrent pas de plus de 20 % entre le générique et le princeps. Sur cette question de la bioéquivalence, l'Académie de médecine avait également apporté aux patients des éléments de réflexion signalant que le doute était permis, et que la bioéquivalence entre produit référent et générique ne signifie pas qu'il y a automatiquement une équivalence thérapeutique.

Par ailleurs, la méfiance des Français quant à la fiabilité des génériques pourrait s'expliquer par les inquiétudes qui ont été émises quant aux méthodes de fabrication de ces derniers. A cet égard les chiffres publiés par le Parisien ce matin ne devraient guère participer à rassurer les esprits. « On estime que 80 % des principes actifs des génériques sont maintenant faits en Chine et en Inde, contre 50 % pour les princeps » indique en effet dans les colonnes du quotidien un industriel. Seules dix-huit inspections ont été menées en Asie en 2011 par la Direction européenne de la qualité du médicament, rappelle le Parisien, des visites peu nombreuses qui ont donné lieu à des suspensions assez fréquentes, puisque 29 interdictions ont été prononcées ! Cette question de la délocalisation de la production des principes actifs n'est pas neuve. L'Académie de pharmacie avait déjà évoqué ce sujet et l'Académie de médecine dans son rapport sur les génériques insistait pour que les pouvoirs publics définissent « les principes actifs indispensables que la France doit avoir à sa disposition et donc fabriquer sur son propre territoire ». Autant d'éléments qui semblent rappeler la nécessité de véritables réponses de la part des pouvoirs publics qui ne se limitent pas à des actions économiques.

Source : JIM