Article N° 2243

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Une nouvelle molécule contre les formes graves de la grippe

Dr Zitouni Imounachen - 05 décembre 2012 14:44

Dans la forme grave de la grippe, les patients succombent parce que le virus déclenche chez eux une cascade de réactions immunitaires. La grippe produit une inflammation au niveau des poumons qui va jusqu'à détruire les alvéoles pulmonaires.

Pour empêcher l'évolution parfois fatale des formes graves de la grippe, une équipe de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) et de l'université Claude-Bernard à Lyon a identifié et utilisé une molécule capable de bloquer l'emballement du système immunitaire et d'aboutir à la guérison. Leur étude a été publiée en ligne le 3 décembre dans la revue The Journal of Clinical Investigation.

La nouvelle molécule a été testée avec succès chez la souris contre plusieurs souches virales: des virus H1N1, H3N2 (à l'origine de la grippe saisonnière), H5N1 hautement pathogènes ainsi que des virus pandémiques H1N1 devenus résistants à l'oseltamivir (Tamiflu). Et ce, même trois jours après l'inoculation. Un essai chez l'homme est en cours.

Les deux seuls antigrippaux actuellement sur le marché - le Tamiflu et le Relenza - s'attaquent directement au virus. En inhibant les neuraminidases, des enzymes clés des virus grippaux, ils permettent de réduire la durée de l'infection et sa gravité. Mais leur efficacité est limitée. D'une part, parce que les virus de la grippe mutent très vite et qu'on ne sait jamais si les médicaments seront efficaces contre une nouvelle souche hautement pathogène. D'autre part, ces pathogènes peuvent très rapidement développer des formes de résistance aux deux molécules.

En analysant le développement de la maladie chez la souris, les chercheurs ont identifié un récepteur cellulaire (Par 1), impliqué dans les réactions immunitaires. En administrant une molécule antagoniste aux animaux grippés, non seulement le processus inflammatoire a été inhibé, mais la multiplication des virus a été stoppée. «Le résultat est très prometteur», se félicite Bruno Lina, responsable du Centre national de référence de la grippe à Lyon. Un brevet a été déposé mais il faudra encore attendre avant de pouvoir venir à bout de la grippe sévère.

Source : http://sante.lefigaro.fr