Article N° 2205

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Autisme : agir tôt chez l'enfant permet des progrès

Dr. Zitouni Imounachen - 14 novembre 2012 21:27

Une étude, dont les résultats ont été publiés en ligne dans le Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry vient de montrer qu'une intervention précoce sur le développement d'enfants atteints de troubles autistiques améliore non seulement les compétences sociales mais modifie aussi leur activité cérébrale.

Cette méthode d'intervention mise au point par l'équipe de Sally Rogers et Geraldine Dawson, de l'UC Davis MIND Institute en Californie, et baptisée «modèle Denver d'initiation précoce» (Early Start Denver Model, ESDM) associe une approche comportementale avec un travail sur le développement ainsi que sur l'imitation.

L'intervention a été réalisée par les professionnels de santé et a été relayée à la maison par les parents. Elle était à la fois précoce (initiée entre 18 et 30 mois) et intensive: 20h par semaine pendant deux ans. Elle comprenait des activités visant à augmenter la motivation à entrer en relations avec les autres et un entraînement particulier: celui de la reconnaissance des visages de personnes de l'entourage de l'enfant (père, mère, frère s½ur ou thérapeute).

Les chercheurs ont mené l'étude auprès de 48 enfants atteints d'autisme ou de troubles envahissants du développement non spécifiés. La moitié a bénéficié de l'ESDM, l'autre a été prise en charge avec une méthode traditionnelle.

A la fin de l'étude, les enfants pris en charge de manière classique ont présenté les anomalies EEG de perception, d'attention et de traitement de l'information typiques des enfants atteints de troubles autistiques. A l'inverse, les enfants pris en charge par l'ESDM ont présenté une attention que les auteurs jugent, à l'électro-encéphalogramme, «normalisée». Aux modifications de l'EEG étaient corrélées une amélioration des comportements sociaux. Un résultat qui n'est «pas très surprenant», juge le Dr Eric Lemonnier.

Si les résultats de cette étude sont encourageants, ils ne doivent pas cependant véhiculer de faux espoirs. «L'étude montre que lorsqu'un enfant est repéré très précocement il faut intervenir et que lorsqu'on intervient, ça marche», commente le Dr Lemonnier. «Mais il est sans doute exagéré de parler d'activité cérébrale normalisée. On obtient, après l'ESDM, une activité du même type que celle d'un enfant non autiste, mais poussée à l'extrême. C'est un effet de l'entraînement. On ne normalise pas, on ne traite pas, on entraîne, sur un élément précis».

Enfin, le spécialiste tient à souligner que la grande difficulté à laquelle se heurte actuellement cette méthode est le repérage des enfants concernés à 18 mois. Aujourd'hui en France, on identifie un enfant à risque autistique entre 24 et 30 mois. Des travaux sont en cours pour trouver des signes diagnostiques plus précoces.

Source : http://sante.lefigaro.fr