Article N° 1768
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Du progrès dans la greffe de rein
- 13 mars 2012 20:20Une greffe de moelle osseuse préalable à la transplantation de reins a permis à plusieurs patients de s'affranchir du traitement immunosuppresseur à vie.En 1953, le prix Nobel de médecine Rupert E. Bullingham montre que la greffe de moelle osseuse d'une souris A chez une souris B à la naissance permet à ces dernières d'accepter à vie les organes de A sans qu'ils se fassent attaquer comme des intrus indésirables par les cellules de B. Tout se passe comme si la greffe de cette substance, qui contient les lymphocytes T régulateurs, les cellules «gardiennes» du corps, permettait de faire cohabiter en parallèle deux systèmes de reconnaissance du soi.Seulement, l'extension de ces premières expériences à des cobayes adultes, puis à l'être humain, va se révéler semée d'embuches. «Il y a un phénomène de rejet inversé très violent qui se produit», explique Olivier Thaunat, expert en immunologie clinique et transplantation rénale à l'hôpital Edouard Herriot de Lyon. «Ce sont les cellules de la moelle du donneur qui vont attaquer le système du receveur.» Ce mécanisme, dit GVHD, a longtemps semblé insurmontable, notamment pour des personnes qui ne sont pas de la même famille. Il faut attendre 2008 et les travaux de chirurgiens du Massachusetts General Hospital de Boston pour lever cet obstacle. Mais leur technique, complexe, ne permet de retenir les cellules «gardiennes» du donneur que pendant quelques semaines: on parle de «chimérisme transitoire».la nouvelle étude clinique, dont les résultats ont été publiés dans Science Translational Medicine la semaine dernière, sont bien plus impressionnants. Non seulement aucun cas de GHVD n'a été relevé chez les huit patients de l'essai - qui n'avaient, la plupart du temps, aucun lien de parenté avec les donneurs - mais les receveurs présentent tous les signes d'un «chimérisme stable». Parmi eux, cinq ont ainsi toléré le rein qu'on leur a transplanté en stoppant leur traitement immunosuppresseur sur des durées allant de 4 à 18 mois. «Il faut attendre encore quelques années sans GHVD avant de crier victoire», prévient toutefois Edgardo Carossella. «La durée de vie moyenne d'un rein greffé est de 10 à 12 ans avec immunosuppresseurs. Tant qu'on ne pourra pas faire mieux sans, on ne changera pas de technique en routine», appuie Olivier Thaunat.Les résultats obtenus n'en sont pas moins très encourageants, soulignent les deux chercheurs. Les équipes de l'Institut de thérapie cellulaire du Kentucky ont mis au point «un cocktail» administré avant et après la transplantation du rein incluant une chimiothérapie, une radiothérapie ainsi que l'injection de cellules souches du sang du donneur et de cellules thérapeutiques d'un nouveau genre dites «facilitantes». Il est difficile de savoir exactement la part jouée par chacun de ces traitements de choc dans la réussite du programme. Les chercheurs qui ont mené l'étude pensent que les cellules facilitantes mises au point en sont la clé.Pharmacies.ma - 13 mars 2012
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