Peut-on sauver la pharmacie d'officine ?
Par Abderrahim Derraji, docteur en pharmacie
La 6e édition du Congrès PharmaDay s'est tenue le samedi 25 novembre à Rabat, autour du thème «Pharmacie d’officine marocaine en quête d’un nouveau modèle économique».
Lors de la séance inaugurale de cette rencontre, le Dr Mohamed Salami, président de Mpharma, a prononcé un discours qui a esquissé la situation actuelle de la pharmacie au Maroc, une profession qui se trouve à la croisée des chemins.
Selon cet ancien membre du Conseil de l’Ordre, la profession ne peut se soustraire à la nécessité de concevoir un projet visant à transformer le modèle économique de la pharmacie d'officine. Le nouveau modèle intègre de nouvelles missions pour les pharmaciens d’officine et une rémunération innovante visant à rendre l'économie de l'officine moins vulnérable aux fluctuations des prix des médicaments.
Plus le temps avance, plus les pharmaciens s'inquiètent du maintien du modèle économique actuel, principalement basé sur la marge commerciale des ventes de médicaments.
Conscientes de la valeur ajoutée que peut apporter le pharmacien dans les systèmes de santé, de nombreuses nations ont adopté des stratégies pour l'impliquer davantage dans la prise en charge des patients. Parallèlement, les marges traditionnelles ont cédé partiellement ou totalement la place à des honoraires, préservant ainsi la rentabilité des pharmacies sans compromettre la pérennité des caisses d'assurances maladie.
La complexité de la situation de la pharmacie au Maroc, caractérisée par un Conseil de l’Ordre à l’agonie et des divisions internes, fait craindre le déclin de la profession si la politique pharmaceutique sous-estime l'impact de ses mesures sur l'économie de l’officine.
Cela dit, la profession ne peut plus reporter indéfiniment la responsabilité sur les autres. Tant que les pharmaciens ne reconnaîtront pas l'urgence de prendre en main leur destinée, les perspectives d'évolution de la profession se réduiront de manière préoccupante. L'adoption d'un nouveau modèle économique est impérative, mais sans régulation professionnelle, la minorité échappant à tout contrôle risque de précipiter le déclin de la profession avant l'instauration d'un nouveau modèle économique.
En conclusion, et en empruntant le langage propre aux pharmaciens, si les «maux» de la profession et les «thérapies» sont identifiés, le changement ne surviendra que lorsque des personnes crédibles, responsables, et compétentes prendront en main les affaires de la profession en évitant au passage certaines «interactions» nuisibles à toute synergie.
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