Surtout bonne santé !
Par Abderrahim Derraji, Docteur en pharmacie
Nous avons pris pour habitude de souhaiter à notre entourage et à nos amis santé et prospérité en fin et au début de chaque année, et souvent en insistant davantage sur la santé.
On ne croyait pas si bien dire !
La crise sanitaire actuelle a confirmé l’importance de la santé, comme elle a révélé au grand jour que sans la santé, il ne peut y avoir de prospérité. Les experts nous le rappellent tous les jours. Les plus optimistes d’entre eux nous prédisent une récession sans précédent y compris chez les pays les plus prospères.
Les difficultés que connaissent les systèmes de santé de ces nations s’expliquent en grande partie par les mauvais choix des gouvernants, la mondialisation et la quête sans limites des profits qui l’accompagnent. Aujourd’hui, même les pays qui ont une longueur d’avance sur nous en la matière ont vu leurs hôpitaux complètement submergés par les malades, à tel point que la rareté des places disponibles en réanimation a contraint les médecins à faire le tri des patients pour savoir qui sauver et qui sacrifier.
Ce qui met en rogne les familles de ces malades, c’est que leurs pays qui manquent crucialement de masques, de kits de diagnostic, de respirateurs ou de médicaments, ont la capacité de les produire sur place, seulement ils ont préféré délocaliser les unités de production en sacrifiant au passage leur autonomie. Après cette crise sanitaire, plus rien ne sera comme avant. Les adeptes du «tout économique» et de la mondialisation sauvage qui considèrent la santé comme un fardeau vont devoir revoir leurs cartes.
Par ailleurs, les budgets alloués à la médecine préventive sont souvent contestés par les politiques qui ne pensent qu’à les réduire. Pour s’en convaincre, il suffit de se remémorer la grippe AH1N1 et les 94 millions de doses commandées à l’époque par le ministère de la Santé en France, sans parler des masques qui n’ont pas été commandés en quantité suffisante depuis cette période. Certes, la facture a été salée, mais avec du recul, on se rend compte que Roselyne Bachelot, qui occupait à l’époque le poste de ministre de la Santé, a été sévèrement critiquée alors qu’elle avait seulement fait ce qu’elle devait faire !
Et que dire du Président du pays le plus puissant au monde, qui a donné en promesse de campagne électorale l'abrogation de l’Obama Care, mesure phare de son prédécesseur qui a permis à 20 millions d'Américains de souscrire à une couverture-maladie ?
Malheureusement, l’obstination de l’actuel locataire de la Maison Blanche de ne pas mettre à mal l’économie américaine risque de coûter cher à son pays qui compte actuellement plus de 530.000 sujets atteints du Covid-19 et 20.580 victimes.
Croisons les doigts pour que les essais cliniques en cours puissent mettre à la disposition de tous les humains des traitements abordables et efficaces, en attendant un bon vaccin. Et cette fois-ci, de grâce épargnez-nous certaines phrases galvaudées du genre : «la santé n’a pas de prix, mais elle a un coût»…
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