Agir contre la résistance : C’est maintenant ou jamais !
Par Zitouni IMOUNACHEN
Tout le monde s’accorde aujourd’hui pour désigner l’antibiorésistance comme une menace sanitaire majeure. Il suffit de rappeler, que pour l’Europe seule, environ 25.000 personnes meurent chaque année d’une infection qui ne peut plus être traitée. À l’horizon 2050, on estime à 10 millions le nombre de personnes qui décèderont à travers le monde faute d’antibiotiques (ATB) efficaces.
Si partout dans le monde, les responsables politiques et les professionnels de santé se démènent pour contenir la hausse de la résistance aux ATB, au Maroc, on se contente de rappeler la gravité de la situation sans pour autant engager des actions concrètes afin de la juguler.
La résistance aux antibiotiques (ATB) est un problème complexe car multifactoriel. Pour préserver le patrimoine ATB dont on dispose aujourd’hui, il faut que tous les acteurs et intervenants de santé soient sensibilisés afin de veiller au bon usage de ces médicaments. Le médecin de ville, le clinicien, le vétérinaire, le pharmacien, le patient et le politique doivent agir de concert afin d’espérer ralentir l’émergence de super bactéries multirésistantes.
Conscients de l’importance d’une action collective et concertée dans cette lutte, les membres de la Société marocaine d’infectiologie pédiatrique et de vaccinologie (Somipev) ont organisé, le vendredi 5 janvier à Casablanca, un Séminaire-Atelier dédié au bon usage des ATB. Au cours de cette manifestation, il y avait l'unanimité sur l’urgence pour le Maroc de passer de la phase des discours et des bonnes intentions à la phase d’action ! Car pendant que les humains tergiversent en travaillant chacun de leur coté, les bactéries, elles, continuent de faire des ravages en travaillant à l’unisson et en n’hésitant pas à partager leurs résistances.
Tous les participants à ce séminaire, et à leur tête le Pr Mohammed BOUSKRAOUI, ont estimé qu’une campagne de sensibilisation nationale était aujourd’hui la clé de voûte des actions à mener. En effet, sans la sensibilisation des citoyens et de tous les professionnels de santé aux dangers de ce phénomène, toutes les actions qu’on pourrait entamer seraient vouées à l’échec. Car, il suffit qu’un seul individu fasse fi des règles du bon usage des ATB et sélectionne un germe résistant pour que toute la communauté se retrouve menacée.
Aujourd’hui, il est grand temps pour toutes les instances concernées de prendre conscience de la gravité de ce problème, et surtout d’adopter une politique de surveillance et de gestion de la résistance bactérienne au Maroc.
En France, « l’antibiotique, ce n’est pas automatique » est un slogan qui a marqué les esprits et qui a permis une diminution significative de la prescription des ATB. En attendant une toute aussi percutante campagne de sensibilisation, on peut dire que chez nous, c’est la culture de l’action et du pragmatisme qui n’est, hélas, pas automatique. Oeuvrons donc tous, main dans la main, pour résister à cette "fatalité"!
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