PHARMANEWS
La lettre hebdomadaire de pharmacie.ma
N°385 04 avril 2017
28007 Destinataires
ESSENTIALE 10 OCTOBRE 2023
[ ÉDITORIAL ]
Résistances aux antibiotiques : les alarmistes étaient trop optimistes !

Par Abderrahim DERRAJI

Les membres de la Société marocaine d’infectiologie pédiatrique et de vaccinologie (Somipev) et de nombreux experts se sont donné rendez-vous, le week-end dernier, à Marrakech pour prendre part à la cinquième édition du Congrès annuel de cette société savante.

Les organisateurs de cette rencontre ont prévu des thématiques axées sur la nutrition, le microbiote, la vaccination et la résistance aux antibiotiques (ATB).
Cette dernière thématique a fait l’objet d’une table ronde qui a suscité beaucoup d’intérêt de la part de tous les participants. De nombreux spécialistes estiment que les multi-résistances risquent de faire basculer l’humanité dans une ère post-antibiotique, avec un risque d’acquisition et d’infection par des bactéries multi-résistantes.


La résistance aux antibiotiques est un phénomène naturel qui s’est aggravé par l’usage inapproprié des antibiotiques, aussi bien en médecine humaine qu’en médecine vétérinaire. D’ailleurs, et aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les ATB continuent à être largement utilisés comme facteur de croissance en alimentation animale, notamment au Maroc.

Aujourd’hui, le constat ne laisse aucun doute. La plupart des germes sont en train d’acquérir des résistances aux antibiotiques existants au Maroc. Et exception faite du SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline) qui semble, selon les spécialistes, poser «moins de problèmes» dans les services de pédiatrie au Maroc, les bacilles à Gram négatif ( klebsielle, colibacilles, enterobacter, pyocyanique et acinétobacter) inquiètent particulièrement le corps soignant. Les médecins seront, de plus en plus, confrontés à des impasses thérapeutiques, d’autant plus que très peu de nouveaux ATB seront mis sur le marché dans les années à venir.   

À la lumière de l’expérience française présentée conjointement par les professeurs Robert Cohen et Jean-Ralph Zahar, la prise en charge des maladies infectieuses passe obligatoirement par un usage rationnel des ATB. La prescription d’ATB ne peut plus être prise à la légère. Les médecins devraient évaluer, au cas par cas, le rapport bénéfice/risque en évitant de prescrire les antibiotiques «sélectionnants» tels que les pénèmes. D’autres antibiotiques comme les céphalosporines, les quinolones, l’azithromycine et l’association amoxicilline-acide clavulanique ne doivent être administrés qu’une fois l’indication ne laisse aucun doute. La voie d’administration, la posologie et la durée du traitement doivent être scrupuleusement respectées.

De l’avis des experts, le Maroc doit accélérer la mise en place du Plan national de lutte contre la résistance aux antibiotiques. Ce plan qui s’inspire de celui proposé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a bien avancé puisque l’évaluation de l’état des lieux a été effectuée. Cette évaluation a été suivie d'un Atelier national multi-sectoriel et multi-disciplinaire qui a permis l’adoption de recommandations dans le but de maîtriser les multi-résistances aux antimicrobiens au Maroc.

Enfin, on ose espérer que la gravité et l’urgence de la situation puissent permettre une mise en place rapide de ce plan qui est inéluctable si on veut espérer une «  remontada » contre la résistance aux ATB. Faute de quoi, nous allons continuer à dilapider notre  «capital antibiotique» au risque de voir les bactéries emporter définitivement la bataille !

 Congrès en photos : lien  

Revue de presse
Coqueluche : et si on vaccinait les mamans Coqueluche : et si on vaccinait les mamans

Cette affection de l’épithélium respiratoire est due à des bactéries à gram négatif du genre Bordetella dont les plus répondues sont : Bordetella pertussis B et para petussis.

La morbidité de la coqueluche est estimée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) entre 200 et 400.000 cas annuels à travers le monde.  

La vaccination généralisée aux nourrissons, comme ça a été, et c’est toujours le cas au Maroc, a donné des résultats spectaculaires, même si on a constaté, par la suite, que l’effet de ce vaccin est limité dans le temps, puisque les adolescents et les jeunes adultes vaccinés pouvaient attraper cette maladie.

Et comme l’a rappelé le Pr Emmanuel Grimprel (Hôpital Armand Trousseau), lors du cinquième Congrès de la Somipev, certains experts ont proposé la vaccination des femmes enceintes comme un appoint aux stratégies déjà mises en place. Cette vaccination permet un transfert d’une immunité passive qui protège le nouveau-né contre la coqueluche durant les 3 premiers mois de vie.

Après de nombreuses études préliminaires, le Royaume-Uni a généralisé la vaccination des femmes enceintes en 2012. Cette vaccination a permis de réduire de 92% le risque de coqueluche chez le nourrisson de moins de 3 mois et dont la mère a été vaccinée durant la grossesse. Une autre étude menée en Suisse a démontré que le transfert de l’immunité est optimal quand la femme est vaccinée lors du deuxième trimestre de grossesse.

Il est à noter que le vaccin «Boostrix tétra» vient d’obtenir une extension d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la femme enceinte. Cette vaccination doit être associée à un schème vaccinal du nourrisson débutant à 6 semaines. Cette approche permettrait d’éviter les coqueluches graves pouvant survenir chez les nourrissons.

 

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Rien ne vaut un repas en famille ! Rien ne vaut un repas en famille !

Lors du cinquième Congrès de la Société marocaine d’infectiologie pédiatrique et de vaccinologie (Somipev), le Pr Olivier Goulet (Hôpital Necker/Université Paris Descartes) a fait une présentation sur le thème «Enjeux actuels de l’évolution des habitudes alimentaires».

Il a entamé sa présentation en rappelant l’incidence du changement du mode de vie sur les habitudes alimentaires et sur l’apparition du surpoids et de certaines pathologies comme le diabète type 2 et les maladies cardiovasculaires. L’adoption de modèles alimentaires basés essentiellement sur les «fast-foods» a largement contribué à certaines dérives alimentaires.

Tout au long de sa présentation, le Pr Goulet a fait un plaidoyer en faveur de l’implication des parents comme une nécessité pour que les enfants renouent avec les bonnes habitudes alimentaires.

Les repas en famille, qui ont tendance à régresser dans la plupart des sociétés, sont primordiaux pour éviter les dérives alimentaires et l’obésité, sans compter qu’ils sont associés à une meilleure réussite scolaire, davantage d’estime de soi, d’une moindre consommation de drogue et de plus rares syndromes dépressifs ou de comportements violents.

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L’Acinetobacter inquiète les pédiatres L’Acinetobacter inquiète les pédiatres

Samedi dernier, le Dr N. Soraa a contribué à la table ronde organisée dans le cadre du Congrès annuel de la Société marocaine d’infectiologie pédiatrique et de vaccinologie (Somipev) par une présentation qui a eu pour thème  : «Épidémiologie de l’infection à Acinetobacter baumannii chez l’enfant au Maroc : Surveillance multicentrique nationale des laboratoires des 4 CHU entre 2010 et 2015».

Ainsi, elle a pu présenter l’évolution de la résistance de l’Acinetobacter baumannii (l’A. baumannii) dont les capacités à acquérir de nouvelles résistances lui permettent de faire face à la plupart des antibiotiques.

L’étude présentée qui concerne 4 CHU du Royaume a révélé que l’A. baumannii est isolé dans les services de réanimation. Cependant, les infections par ce germe commencent à toucher tous les services.  

L’étude de l’évolution des résistances de cette bactérie opportuniste entre 2010 et 2015 a montré une augmentation des taux de résistance qui peut dépasser les 85% pour les principales familles d’antibiotiques (Ceftazidime, pipéracilline tazobactam, gentamicine, ciprofloxacine, cotrimoxazole et imipenème). Cette résistance a atteint 100% dans certains CHU. Cette étude a également confirmé la responsabilité de ce germe dans les infections nosocomiales.

Pour le Dr Soraa et les autres intervenants, l’infection par ce germe dénote d’une «mauvaise qualité de soins». Elle a conclu sa présentation en insistant sur la nécessité de suivre de prés la diffusion de ce germe et de mettre en place des mécanismes pour s’attaquer aux causes de l’émergence de cette résistance.

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Le Professeur Mohammed Benbachir à l’honneur Le Professeur Mohammed Benbachir à l’honneur

La Société marocaine d’infectiologie pédiatrique et de vaccinologie (Somipev) a rendu, samedi dernier, un vibrant hommage au Pr Mohamed Benbachir, un microbiologiste aux compétences multiples et avérées.

On doit à ce professeur particulièrement apprécié par les nombreuses promotions d’étudiants qu’il a formées, la mise en place du premier Laboratoire de biologie de l’hôpital Ibnou Rochd, la mise en place du premier Comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) et du premier Centre de référence en matière d’hygiène hospitalière.

Les nombreux témoignages exprimés à l’endroit de «Ssi Mohamemed Benbachir» comme l’appellent ses amis, ont mis en avant sa grande générosité, sa rigueur et ses compétences.

«Pour quelqu’un qui a envie de prendre sa retraite, quel meilleur cadeau vous lui offrez aujourd’hui...» C’est en ces termes que le PBenbachir a conclu l’allocution émouvante qu’il a prononcée en fin de cette cérémonie organisée en son honneur.

Notre comité ne peut que saluer ce pharmacien exemplaire qui a su faire l’unanimité parmi ses confrères et ses collaborateurs. Nous félicitons également les membres de la Somipev et à leur tête le Pr Mohamed Bouskraoui pour cet hommage mérité.

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