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ERREUR MÉDICALE
Le petit garçon avait été hospitalisé pour une infection virale. Amaigri, dénutri, présentant un taux dangereusement bas de potassium, il avait été transféré dans un second hôpital afin de recevoir un traitement plus adapté. Rien, jusque-là, ne présageait le drame. Mais dès le lendemain, le renouvellement de la prescription scelle son destin. Au lieu des 1,5 mmol de potassium calculés en fonction de son poids et de son état clinique, le médecin prescrit 15 mmol. Dix fois plus. Et cette erreur, qui aurait dû être rattrapée par un contrôle croisé, a été faite deux fois. L’enfant fait un arrêt cardiaque. Il est réanimé après vingt longues minutes, mais le mal est fait : ses organes vitaux sont gravement atteints et les complications s’enchaînent. Après deux semaines de soins intensifs, le respirateur qui le maintenait en vie est débranché. Sa mère, brisée, dénonce une «énorme négligence», quant à son avocat il insiste sur le caractère «entièrement évitable» de cette mort.
Ce mot, évitable, résonne comme une accusation adressée non pas au médecin responsable de cet accident, mais à un système entier. Car ce cas n’est pas isolé. Depuis des années, la littérature scientifique pointe du doigt l’ampleur des erreurs médicales pédiatriques. Une étude de référence publiée dans Pediatrics[3] en 2004 estimait déjà que 4 500 enfants mouraient chaque année aux États-Unis des suites d’erreurs médicales hospitalières. Ces décès découlent de causes bien identifiées : erreurs de dosage, confusion entre médicaments, protocoles non respecté, diagnostics tardifs ou erronés.
La vulnérabilité particulière des enfants renforce ces risques. Les posologies doivent être ajustées à la taille et au poids, les marges d’erreur sont infimes et les formulations pédiatriques se prêtent davantage aux confusions. Une revue d’études publiée sur PubMed[4,5] rapporte que 1 à 11 % des hospitalisations pédiatriques donnent lieu à un événement indésirable lié aux soins.
Les erreurs de diagnostic sont tout aussi préoccupantes. Une enquête internationale publiée dans Frontiers in Pediatrics [6] indique que 15 à 77 % des pédiatres affirment commettre au moins une erreur de diagnostic par mois, et 45 % reconnaissent avoir causé un tort direct à un enfant au moins une fois par an en raison d’un diagnostic inexact ou tardif.
Ces données ne montrent pas des soignants incompétents, mais des professionnels plongés dans un environnement qui multiplie les risques : surcharge de travail, interruptions permanentes, outils informatiques inadaptés, procédures hétérogènes. L’erreur n’est pas seulement humaine ; elle est systémique.
Réduire ces erreurs exige d’abord de sécuriser les prescriptions par l’utilisation généralisée de logiciels d’aide à la décision, de systèmes d’alerte sur les doses, d’une interdiction des notations ambiguës, et d’un double contrôle obligatoire pour les médicaments à haut risque. La standardisation des pratiques, notamment en pédiatrie, avec des doses pré-calculées selon le poids ou des seringues préremplies, constitue un autre levier majeur. À cela doit s’ajouter la formation continue des équipes sur les risques spécifiques aux enfants, la réduction de la surcharge de travail qui favorise la fatigue et l’erreur, ainsi que le développement d’une culture du signalement où chaque incident devient une source d’apprentissage collectif.
Ce drame aurait pu être évité. Mais il peut encore servir. Si chaque erreur évitable devient une leçon, alors peut-être qu’une virgule oubliée ne sera plus jamais capable de voler une vie.
COLCHICINE
PALUDISME - GanLum - NOVARTIS
THM
PRIX DU MÉDICAMENT
L’histoire du petit Léo Dupont [1], 5 ans, atteint de la maladie de Niemann-Pick de type C, a ému tout le Canada. Après des mois de combat, ses parents ont enfin obtenu du gouvernement manitobain l’accès au Miglustat. Ce traitement, qui agit en inhibant la glucosyl-céramide synthétase, enzyme responsable de la première étape de la synthèse de la plupart des glucolipides, peut ralentir la progression de cette maladie dégénérative.
Ce soulagement, bien que salutaire, met en lumière une injustice silencieuse : celle de milliers d’enfants à travers le monde condamnés non pas par la gravité de leur pathologie, mais par le prix des traitements et la défaillance, voire l’indifférence, des systèmes de santé.
La maladie de Niemann-Pick de type C est une pathologie rare touchant moins de dix personnes au Canada. Elle détruit peu à peu les fonctions motrices et cognitives, privant les enfants de leur mobilité et de leur parole. Pour le petit Léo, chaque jour sans traitement représentait un pas de plus vers l’irréversible. Ses parents, désespérés, ont dû mobiliser la population, solliciter les médias et inonder le ministère de la Santé de milliers de courriels pour que leur fils ait enfin accès au Miglustat. Il aura fallu une pression publique massive et une vague d’émotion collective pour que la bureaucratie finisse par réagir.
Mais si l’histoire de Léo se conclut sur une note d’espoir, elle révèle une réalité bien plus difficile à accepter. Le Miglustat coûte environ 100 000 dollars par an (soit près de 931 000 dirhams). D’autres traitements, comme le Miplyffa, atteignent 1,3 million de dollars (12.104.385,80 dirhams). Des montants vertigineux qui, dans les pays à faibles revenus, relèvent tout simplement de la science- fiction. En Afrique, en Asie du Sud ou en Amérique latine, des enfants atteints des mêmes maladies meurent chaque jour dans le silence, sans diagnostic précis, sans suivi, sans espoir. Non pas parce qu’aucun médicament n’existe, mais parce que leur vie ne pèse pas lourd dans les calculs économiques.
Dans ces régions, l’accès aux soins demeure un luxe, même pour les maladies courantes. Alors, pour les maladies rares, il ne faut pas trop y penser. Certains parents parcourent des centaines de kilomètres pour consulter un spécialiste ; d’autres voient leurs enfants dépérir sans jamais connaître le nom de la maladie qui les ronge. Pendant ce temps, les laboratoires fixent des prix que même les pays riches peinent à justifier, invoquant le coût de la recherche et le faible nombre de patients pouvant recourir à ces traitements.
Il est urgent de repenser cette équation absurde entre rentabilité et vie humaine. Les enfants malades des pays pauvres ne sont pas moins dignes de vivre que ceux du Manitoba. Léo a bénéficié d’un sursaut de compassion institutionnelle, et c’est heureux pour lui et ses parents. Mais combien d’autres n’auront jamais cette chance ? L’équité dans l’accès aux traitements n’est pas un luxe moral, c’est une nécessité vitale.
Au-delà du cas de Léo, c’est toute la question de la justice sanitaire mondiale qui se pose : comment accepter que l’espoir de guérison soit réservé à une élite géographique et économique? Dans un monde où la science permet de prolonger la vie, le scandale n’est plus dans l’absence de remède, mais dans l’injustice de leur distribution.
Chaque enfant qui meurt faute de traitement rappelle tragiquement que l’humanité n’a pas encore compris le véritable sens du mot « égalité ».
Source : [1] ici.radio-canada.ca
Autres articles
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) tire la sonnette d’alarme en raison de la baisse brutale du financement international de la santé qui menace directement les systèmes sanitaires de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire. Selon l’OMS, l’aide extérieure à la santé pourrait chuter de 30 à 40 % en 2025 par rapport à 2023, provoquant une crise sans précédent dans la prestation de soins essentiels. D’après une enquête menée par l’OMS auprès de 108 pays, cette réduction du soutien financier a déjà entraîné une baisse de 70 % des services de santé essentiels dans certains États. Cette réduction compromet gravement la vaccination, les soins maternels, la surveillance des maladies et la préparation aux urgences sanitaires. Plus de 50 pays indiquent également la perte d’emplois parmi les soignants et la suspension de programmes de formation médicale. Le directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dénoncé une situation dramatique qui remet en cause des années de progrès en santé publique. Il y voit toutefois une occasion pour les pays de réduire leur dépendance à l’aide extérieure et de construire une autonomie financière durable, fondée sur la mobilisation des ressources nationales. Les coupes budgétaires viennent s’ajouter à des difficultés structurelles déjà profondes comme l’endettement croissant, l’inflation, l’incertitude économique et le sous-financement chronique des budgets publics. L’OMS invite donc les gouvernements à agir rapidement et à faire de la santé une priorité politique et budgétaire, même en période de crise, en considérant les dépenses de santé non pas comme un coût, mais les recommandations de l’OMS s’articulent autour de cinq axes: protéger les budgets de la santé et les services essentiels, cibler les populations les plus pauvres, améliorer l’efficacité des dépenses publiques, intégrer les programmes financés par des fonds extérieurs dans les systèmes nationaux, et utiliser les évaluations des technologies de santé pour garantir un meilleur rendement sanitaire par dollar investi. Certains pays africains ont déjà pris des mesures concrètes. Le Nigéria a augmenté de 200 millions de dollars son budget santé pour compenser la perte d’aide internationale, tandis que le Ghana a élargi les ressources de son assurance-maladie nationale et lancé l’initiative «Accra Reset», destinée à repenser la gouvernance et les partenariats mondiaux dans la santé. L’Afrique du Sud et le Kenya ont également annoncé des budgets supplémentaires, et l’Ouganda travaille à l’intégration de divers programmes pour en améliorer l’efficacité de son système de santé. Ces initiatives témoignent d’un leadership national plus important, que l’OMS souhaite encourager à travers son soutien technique, ses analyses et le partage d’expériences entre pays. En décembre 2025, l’organisation inaugurera, avec le gouvernement japonais et la Banque mondiale, un Pôle de connaissances sur la couverture sanitaire universelle (CSU), destiné à accompagner les pays dans cette transition. Pour l’OMS, la crise actuelle ne doit pas se traduire par un recul, mais par une transformation structurelle des systèmes de santé avec comme objectif : garantir un financement stable, équitable et durable, afin que chaque pays puisse assurer à sa population des soins de qualité, indépendamment des aléas de l’aide internationale.
Abderrahim Derraji - 12 novembre 2025 17:18Johnson & Johnson a annoncé que la Food and Drug Administration (FDA) américaine a donné son feu vert au CAPLYTA (lumateperone) comme traitement adjuvant associé aux antidépresseurs pour les adultes souffrant de trouble dépressif majeur (TDM). Cette décision marque une avancée significative dans la prise en charge d’une pathologie qui touche près de 22 millions d’Américains et demeure l’une des principales causes d’incapacité aux États-Unis. Ce traitement, déjà approuvé pour la schizophrénie et la dépression bipolaire de type I et II, devient ainsi le premier traitement validé par la FDA capable d’agir à la fois sur ces troubles et sur la dépression majeure. Son profil de tolérance favorable constitue un atout majeur. Les effets secondaires métaboliques, notamment la prise de poids qui sont souvent à l’origine d’un abandon de traitement, se sont révélés comparables à ceux observés chez les patients sous placebo. Cette autorisation s’appuie sur les résultats convaincants de deux essais cliniques internationaux de phase 3, menés en double aveugle contre placebo (études 501 et 502). Les patients traités par Caplyta, en association avec un antidépresseur oral, ont montré une amélioration statistiquement et cliniquement significative des symptômes dépressifs, mesurée à l’aide des échelles MADRS (Montgomery-Asberg Depression Rating Scale) et CGI-S (Clinical Global Impression Scale). Après six semaines, la différence moyenne du score MADRS par rapport au placebo atteignait -4,9 points dans l’étude 501 et -4,5 points dans l’étude 502, traduisant une efficacité nette. L’arrivée du Caplyta constitue une réponse thérapeutique nouvelle pour les nombreux patients qui ne parviennent pas à une rémission complète avec les antidépresseurs classiques. Environ deux tiers des personnes atteintes de TDM continuent de présenter des symptômes persistants malgré le traitement, ce qui altère profondément leur qualité de vie et complique la prise en charge médicale. Johnson & Johnson souligne que cette approbation, la première depuis l’acquisition d’Intra-Cellular Therapies Inc., vient conforter le potentiel du lumateperone comme molécule de référence dans les troubles psychiatriques majeurs. Parallèlement, Johnson & Johnson a soumis à la FDA une demande supplémentaire (sNDA) portant sur l’utilisation du Caplyta dans la prévention des rechutes de la schizophrénie, avec des données à long terme sur la sécurité et l’efficacité du traitement, une indication encore en attente d’autorisation. En élargissant son champ d’action au trouble dépressif majeur, le Caplyta renforce sa place dans l’arsenal thérapeutique de la psychiatrie moderne.
Abderrahim Derraji - 12 novembre 2025 17:12Des chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont réussi un vrai exploit : activer et désactiver un souvenir chez des souris. Cette découverte, publiée dans Nature Genetics, ouvre des perspectives inédites sur le fonctionnement de la mémoire et ses liens avec l’expression des gènes, tout en soulevant d’importantes questions éthiques. La mémoire, rappelle le professeur émérite Pasquale Nardone (ULB), est une fonction vitale qui permet à tout être vivant de s’adapter à son environnement. Elle n’est pas localisée dans une seule zone du cerveau, mais résulte d’un réseau complexe impliquant des perceptions visuelles, auditives, olfactives et gustatives. Pour mieux comprendre son fonctionnement biologique, les chercheurs suisses ont fait appel à un concept appelé Engram, censé représenter la trace biochimique d’un souvenir dans le cerveau. L’équipe a ciblé un gène spécifique, ARC, essentiel à la plasticité neuronale, c’est-à-dire à la capacité des neurones à modifier leurs connexions synaptiques. Dans leur expérience, des souris ont été placées dans un labyrinthe où elles recevaient de légères décharges électriques à un endroit précis. Elles ont rapidement appris à éviter cette zone, prouvant qu’elles avaient mémorisé le danger. Les chercheurs ont ensuite manipulé l’expression du gène ARC à l’aide d’un mécanisme épigénétique : en réduisant son activité, ils ont observé que les souris oubliaient leur apprentissage et retournaient dans la zone électrifiée. Quelques jours plus tard, en réactivant ce même gène, les souris retrouvaient la mémoire du danger et évitaient à nouveau la zone. Ce phénomène spectaculaire démontre une relation directe entre l’expression d’un gène et la capacité de mémorisation. Si cette découverte constitue une avancée majeure, ses implications doivent être abordées avec prudence. Comme le souligne le Pr Nardone, l’expérience porte sur un seul gène dans un contexte très précis. La mémoire humaine, beaucoup plus complexe, repose sur l’interaction d’une multitude de gènes et de réseaux neuronaux. Néanmoins, cette étude ouvre la voie à des recherches prometteuses dans la lutte contre les troubles de la mémoire, notamment la maladie d’Alzheimer, en offrant la possibilité de réactiver des souvenirs perdus. Mais elle soulève aussi une question vertigineuse : si l’on peut effacer ou restaurer un souvenir, ne risque-t-on pas un jour de manipuler la mémoire humaine ? Entre espoir thérapeutique et inquiétude éthique, cette découverte trace une frontière fragile entre progrès scientifique et pouvoir sur l’esprit.
Abderrahim Derraji - 12 novembre 2025 17:05Le marché des compléments alimentaires, en pleine expansion, attire une clientèle de plus en plus large, des enfants aux adultes, séduits par des promesses de santé et de bien-être. Mais derrière ce succès, l’enquête menée en France en 2023 par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) révèle un nombre préoccupant d’anomalies, mettant en exergue des pratiques commerciales trompeuses et des manquements réglementaires encore trop fréquents. Sur les 270 établissements contrôlés (fabricants, distributeurs, sites internet ou commerces de détail) un tiers présentaient des irrégularités, parfois graves. Les non-conformités touchaient 20 % des produits destinés aux enfants et 37 % des autres. Les anomalies allaient de simples erreurs d’étiquetage à des allégations interdites ou mensongères, voire à des écarts importants entre les dosages réels et ceux indiqués sur l’emballage. Les contrôleurs ont relevé de nombreuses allégations thérapeutiques interdites, telles que «traitement de l’anémie» ou «effet anti-cancer», ainsi que des discours alarmistes laissant entendre qu’une absence de consommation pourrait nuire à la santé. D’autres produits faisaient référence à des recommandations de médecins, à la perte de poids ou à des comparaisons trompeuses (« plus d’acide gallique que dans 5 fruits et légumes »). Certains affirmaient même réduire les effets de l’alcool ou aider au sevrage, sans preuve scientifique. La levure de riz rouge, contenant de la monacoline K, a été un point de vigilance particulier. Depuis juin 2022, la dose autorisée ne peut dépasser 3 mg par jour. Or, 17 des 20 produits testés étaient non conformes. Un de ces compléments alimentaire contenait 8 mg ce qui a entraîné son retrait du marché. Les analyses en laboratoire ont porté sur 45 produits destinés aux enfants : 27 étaient non conformes. Dans 90 % des cas, les anomalies concernaient des écarts de teneur en vitamines et minéraux. Les déficits en vitamines (41 %) et les excès (27 %) étaient fréquents, notamment pour les vitamines C, A, E et D. Pour cette dernière, 23 % des échantillons dépassaient les valeurs attendues, sans toutefois atteindre un seuil toxique. Les minéraux n’étaient pas épargnés : 16 % présentaient un déficit et 6 % un excès, le magnésium étant le plus concerné. Face à ces manquements, la DGCCRF a pris 71 injonctions, 25 procès-verbaux pénaux, 5 administratifs et 67 avertissements. Les entreprises visées, souvent des microstructures actives en ligne, méconnaissent la réglementation et reprennent sans vérification les arguments commerciaux de leurs concurrents. Si ces contrôles ont permis de corriger certaines pratiques, ils révèlent un cadre réglementaire encore mal maîtrisé et un encadrement insuffisant d’un marché en pleine croissance. Les autorités jugent donc indispensable de reconduire cette enquête afin de garantir la sécurité des consommateurs et la loyauté du marché des compléments alimentaires.
Abderrahim Derraji - 05 novembre 2025 17:41Une nouvelle page s’ouvre pour l’industrie pharmaceutique marocaine. Sanofi et Marbio ont officialisé la signature d’un partenariat stratégique et industriel ambitieux, visant à produire localement plusieurs vaccins du portefeuille Sanofi. Cet accord marque une étape majeure dans la consolidation de la souveraineté vaccinale du Maroc et du continent africain. Conclu en 2025, ce partenariat prévoit la fabrication sur le site de Benslimane de vaccins destinés à protéger contre sept maladies infectieuses. Parmi eux figure un vaccin pédiatrique hexavalent acellulaire associant la diphtérie, le tétanos, la coqueluche acellulaire, la poliomyélite, l’hépatite B et Haemophilus influenzae de type b (Hib). Ce vaccin, essentiel à la primo-vaccination et aux rappels chez les nourrissons, contribuera à renforcer la couverture vaccinale dès le plus jeune âge. L’accord inclut également la production d’un vaccin antiméningococcique indiqué pour l’immunisation active à partir de 12 mois. Au-delà de ces premières productions, Sanofi et Marbio envisagent d’élargir leur coopération à d’autres vaccins innovants, notamment contre la rage, la grippe, la fièvre jaune et divers vaccins de rappel. Leur ambition commune : créer une filière vaccinale marocaine répondant aux standards internationaux les plus exigeants et intégrant les technologies de pointe. Jean Philippe Proust Directeur général Afrique Vaccins chez Sanofi et Marc Funk, Président-directeur général de Marbio. Pour Marc Funk, Président-directeur général de Marbio, cette alliance représente «une avancée majeure vers la constitution d’un réseau de production vaccinale africain capable de répondre durablement aux besoins du continent». Il souligne que ce partenariat repose sur le transfert de savoir-faire, la montée en compétence locale et la recherche d’une autonomie sanitaire régionale fondée sur la qualité et l’innovation. Jean-Philippe Proust, Directeur général Afrique Vaccins chez Sanofi, partage cette vision : «En unissant nos expertises, nous contribuons à élargir la couverture vaccinale et à renforcer un écosystème biotechnologique local au service des populations africaines.» Sous la coordination de Younes Hilalli, Directeur général de Marbio, et de Himed Zalegh, Directeur général Afrique du Nord Vaccins chez Sanofi, les équipes travaillent déjà à la mise en œuvre opérationnelle du programme depuis Benslimane. Ce partenariat illustre la volonté du Maroc de se positionner comme un acteur clé de la production biopharmaceutique régionale et un moteur de la souveraineté sanitaire africaine, alliant innovation, transfert technologique et excellence industrielle.
Abderrahim Derraji - 29 octobre 2025 10:27Le Sénat américain examine actuellement le projet de loi «No Big Blockbuster Bailouts Act» (NOBBBA), porté par les sénateurs Ron Wyden, Peter Welch et Catherine Cortez Masto[1]. Cette loi vise à empêcher les laboratoires pharmaceutiques de contourner les négociations de prix prévues par le programme fédéral Medicare, notamment pour les traitements générant un chiffre d’affaires de plusieurs milliards de dollars par an. Le Congressional Budget Office estime que ce «bailout» potentiel pourrait coûter 8,8 milliards de dollars aux contribuables américains sur dix ans. Derrière ces chiffres se cache une question cruciale : qui doit supporter le coût de l’innovation thérapeutique? Selon une étude du Tufts Center for the Study of Drug Development, le coût « capitalisé » moyen pour développer et obtenir l’autorisation d’un nouveau médicament est estimé à environ 2,56 à 2,6 milliards de dollars [2]. Les nouvelles thérapies, notamment en cancérologie, dans les maladies rares ou dans le domaine des thérapies géniques, atteignent désormais des niveaux inédits, comme c’est le cas pour Zolgensma, un traitement devenu emblématique des dérives tarifaires liées à l’innovation. Ce médicament, indiqué dans le traitement de l’amyotrophie spinale, est commercialisé au prix de 2,44 millions de dollars. Les pouvoirs publics cherchent à freiner cette inflation pour préserver la soutenabilité des systèmes de santé. Mais la régulation du prix du médicament peine encore à trouver le juste équilibre entre encourager la recherche et garantir l’accès aux traitements. En Europe, les négociations sont déjà plus strictes, mais les tensions demeurent. En France, selon le rapport de la Cour des comptes («Le bon usage des produits de santé», sept. 2025), les dépenses de médicaments en établissements de santé ont augmenté en moyenne de 11,2 % par an au cours des cinq dernières années[3]. Dans plusieurs pays européens, les retards d’accès aux nouvelles thérapies peuvent atteindre 12 à 24 mois par rapport aux États-Unis, faute d’accords économiques rapides. Pour les pharmaciens d’officine, cette problématique se traduit chaque jour par des prescriptions non délivrées, des renoncements de patients et des incompréhensions face à des traitements inabordables. Maillon final de la chaîne du médicament, le pharmacien devient souvent témoin impuissant des effets concrets des politiques de fixation des prix. Pourtant, lorsqu’il est pleinement impliqué, il demeure un acteur clé de la régulation réelle : celui qui explique, substitue ou oriente vers des solutions adaptées. Dans les pays où la rémunération du pharmacien dépend exclusivement du prix public, les baisses tarifaires répétées fragilisent la viabilité économique des officines. Au Maroc, les pharmaciens ont payé un lourd tribut au décret n° 2-13-852 relatif aux conditions et modalités de fixation du prix public de vente des médicaments fabriqués localement ou importés. Ce texte a été adopté en 2013 et mis en application en 2014. La situation risque de s’aggraver si le projet de révision des prix actuellement à l’étude est adopté sans prendre en compte les doléances de la profession. Quant aux médicaments innovants, souvent peu ou pas rentables pour les pharmaciens, ils bénéficient principalement à d’autres circuits de distribution. Et bien que d’importants efforts aient été déployés pour améliorer l’accès aux traitements, notamment en oncologie, de nombreux patients restent dans l’incapacité d’accéder à certains traitements hors de prix, particulièrement quand ils ne sont pas remboursés par les caisses d’assurance maladie. La question du prix réel du progrès thérapeutique se pose avec d’autant plus d’acuité que les ressources publiques sont limitées. Les anticorps monoclonaux, les biothérapies et les traitements des maladies rares représentent un fardeau croissant pour les organismes payeurs. Ces traitements, souvent confinés aux hôpitaux de référence ou à certaines cliniques privées, affichent des coûts dépassant parfois 10 000 dirhams par mois pour certaines pathologies chroniques, alors que la dépense moyenne annuelle en médicaments par habitant n’excède pas 600 dirhams. Ainsi, le débat américain autour du NOBBBA dépasse largement Washington. Il interroge la soutenabilité globale du progrès médical et la place que chaque société accorde à l’équité dans l’accès aux soins. Les pharmaciens, qu’ils exercent à New York, Paris ou Casablanca, se trouvent au cœur de cette tension entre innovation et accessibilité. Dans un monde où chaque molécule nouvelle devient à la fois symbole de puissance économique et porteur d’espoir, il devient urgent de redéfinir un modèle plus équilibré, où le droit à l’innovation ne se fasse jamais au détriment du droit à la santé. Sources : [1] U.S. Senate – No Big Blockbuster Bailouts Act (NOBBBA), présenté par les sénateurs Ron Wyden, Peter Welch et Catherine Cortez Masto. Communiqué officiel et texte du projet de loi, 21 octobre 2025. Lien [2] Tufts Center for the Study of Drug Development (Tufts CSDD) — Cost to Develop and Win Marketing Approval for a New Drug. Rapport de recherche, Boston, 2021. Lien [3] Cour des comptes (France) — Le bon usage des produits de santé, rapport public thématique, septembre 2025. Lien
Abderrahim Derraji - 26 octobre 2025 18:00De nouveaux cas graves de botulisme ont récemment été signalés en France à la suite d’injections illégales de toxine botulinique à visée esthétique. Ces pratiques, réalisées par des personnes non habilitées, exposent les patients à des risques majeurs pour leur santé. La toxine botulinique, plus connue sous le nom de «Botox», est une neurotoxine utilisée en médecine pour atténuer temporairement les rides ou traiter certains troubles neurologiques. Mal administrée ou injectée à des doses non maîtrisées, elle peut provoquer une intoxication grave, voire mortelle. Seuls certains professionnels de santé — médecins spécialistes en chirurgie esthétique, dermatologie, chirurgie maxillo-faciale ou ophtalmologie — sont autorisés à administrer ce médicament, et uniquement dans un cadre médical sécurisé. Pourtant, malgré ces règles strictes, les signalements d’injections illégales se multiplient. Trois nouveaux cas graves ont été rapportés récemment en France, avec des patients hospitalisés en soins intensifs pour des troubles respiratoires dus à un botulisme d’origine iatrogène. Plusieurs signaux doivent alerter le public : des injections proposées dans des salons de beauté ou à domicile, des offres à prix cassés, des promesses d’efficacité sans effets secondaires ou encore des publicités circulant sur les réseaux sociaux. Ces situations traduisent presque toujours une pratique illégale. En France, la promotion des médicaments soumis à prescription, comme la toxine botulinique, est strictement interdite auprès du grand public, et il en est de même pour leur vente en ligne. Les conséquences sur la santé peuvent être dramatiques. Le botulisme se manifeste par des troubles neurologiques tels que vision floue, chute des paupières, paralysie progressive, troubles de la déglutition et difficultés respiratoires. Dans les cas les plus sévères, l’hospitalisation en réanimation est nécessaire et le pronostic vital peut être engagé. Les produits utilisés lors de ces injections illégales sont souvent contrefaits et ne répondent à aucune norme de qualité. Vendus hors du circuit pharmaceutique, ils peuvent contenir des substances toxiques, des doses inappropriées ou des ingrédients non conformes. Outre le risque d’intoxication, ces pratiques peuvent entraîner des infections, des nécroses cutanées, des réactions allergiques sévères, voire la mort. Face à cette dérive, les autorités sanitaires appellent à la vigilance et rappellent que seule une injection réalisée par un professionnel de santé habilité garantit sécurité et efficacité. Le recours à des produits non autorisés ou administrés par des personnes non qualifiées constitue un véritable danger. L’attrait de prix bas ou de promesses esthétiques rapides ne doit jamais primer sur la sécurité : derrière chaque seringue illégale se cache un risque potentiellement mortel.
Abderrahim Derraji - 26 octobre 2025 17:53Sanofi a franchi un cap historique au troisième trimestre 2025 grâce à l’essor spectaculaire de son médicament vedette Dupixent. Pour la première fois, ce traitement polyvalent a généré plus de quatre milliards d’euros de chiffre d’affaires en un seul trimestre, atteignant 4,156 milliards d’euros, soit une hausse de 26,2 %. Cette performance exceptionnelle a permis au groupe pharmaceutique français de compenser la baisse enregistrée dans sa division vaccins. Le chiffre d’affaires total de Sanofi s’est établi à 12,434 milliards d’euros, en hausse de 2,3 %. Corrigée de l’effet des taux de change, la croissance atteint 7 %, confirmant la bonne dynamique de l’entreprise sur ses marchés clés. Aux États-Unis, les ventes de Dupixent ont franchi le seuil symbolique des trois milliards d’euros, tandis qu’en Europe, elles progressent de près de 21 %, atteignant 504 millions d’euros. Utilisé pour traiter plusieurs maladies inflammatoires comme l’asthme sévère, la dermatite atopique ou la polypose nasale, Dupixent s’impose comme le moteur de croissance du groupe et consolide la stratégie de Sanofi dans les biothérapies. En revanche, la performance de la division vaccins a reculé à 3,357 milliards d’euros, soit une baisse de 7,8 %. Les ventes de vaccins antigrippaux et contre le COVID-19 ont chuté de 16,8 %, affectées par une forte concurrence sur les prix, notamment en Europe, et par une demande plus faible aux États-Unis en début de saison. Les vaccins combinés Polio/Coqueluche/Hib (PPH) ainsi que ceux contre la méningite ont également reculé dans toutes les zones géographiques. Malgré ce ralentissement dans les vaccins, Sanofi affiche d’autres motifs de satisfaction. Les ventes de Beyfortus, un anticorps destiné à prévenir la bronchiolite chez les nourrissons, ont atteint 739 millions d’euros, en hausse de près de 20 %. Les nouveaux lancements pharmaceutiques ont également généré un milliard d’euros (+57,1 %), confirmant la diversification du portefeuille du groupe. Avec un bénéfice net stable à 2,8 milliards d’euros (-0,5 %), Sanofi maintient ses prévisions pour 2025 et aborde 2026 avec confiance. Le succès de Dupixent symbolise l’efficacité de sa stratégie axée sur les traitements innovants et à forte valeur ajoutée, capables de soutenir la croissance malgré les fluctuations des autres segments.
Abderrahim Derraji - 26 octobre 2025 17:43Le Syndicat National des Ophtalmologistes Libéraux du Maroc (SNOLM), soutenu par la Société Marocaine d’Ophtalmologie (SMO) et la Société Marocaine de Pathologie Vitreo-Rétinienne (SMVR), appelle les autorités sanitaires à autoriser et encadrer l’usage du bévacizumab (Avastin) en injection intraoculaire pour le traitement des pathologies rétiniennes graves. Cette initiative vise à garantir l’accès à un soin efficace, sûr et jusqu’à vingt fois moins coûteux que les alternatives disponibles, dans un contexte où la cécité évitable reste un défi de santé publique. L’Avastin, un anti-VEGF utilisé depuis plus de quinze ans dans le traitement de maladies oculaires telles que la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), la rétinopathie diabétique ou les occlusions veineuses rétiniennes, a fait l’objet de plus de 4 500 publications scientifiques confirmant son efficacité et sa sécurité. L’OMS, le NICE britannique et l’ANSM française reconnaissent son usage ophtalmologique, déjà autorisé et strictement encadré dans plusieurs pays. Au Maroc, ce médicament ne dispose d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) que pour ses indications oncologiques, laissant les ophtalmologistes dans une zone grise réglementaire. Cette situation crée une inégalité flagrante d’accès aux soins pour les patients marocains, souvent contraints de renoncer à des traitements vitaux faute de moyens. Le coût d’une injection d’Avastin reconditionné ne dépasse pas 300 dirhams, contre 5 000 à 6 500 dirhams pour les produits équivalents disposant d’une AMM, comme le Lucentis ou l’Eylea. Le SNOLM souligne que l’usage intraoculaire de l’Avastin n’est ni expérimental ni marginal, mais une pratique éprouvée et scientifiquement justifiée. Dans un pays où les maladies oculaires liées au diabète et au vieillissement sont en forte progression, ce traitement représente souvent la seule option pour éviter la perte de vision et préserver l’autonomie de milliers de patients. «Nous demandons un cadre clair, comme il en existe en France ou au Royaume-Uni, pour garantir à nos patients un soin efficace et abordable», déclare la Dr Miriam Wafi, présidente du SNOLM. Le mémorandum présenté début octobre 2025 à Rabat propose quatre mesures : une autorisation dérogatoire nationale pour l’usage de l’Avastin en ophtalmologie, un encadrement strict du reconditionnement, son intégration dans le remboursement AMO et la clarification du cadre juridique pour protéger les praticiens. Au-delà de la dimension médicale, les ophtalmologistes soulignent les enjeux humains, sociaux et économiques de cette demande. L’autorisation encadrée de l’Avastin permettrait de préserver la vue de milliers de Marocains, de réduire les dépenses publiques et de renforcer l’équité territoriale dans l’accès aux soins. Un appel à la raison médicale et à la justice sociale que les autorités ne pourront ignorer longtemps.
Abderrahim Derraji - 26 octobre 2025 17:36Il y a des histoires qui redonnent foi dans les institutions, et d’autres qui rappellent combien leur absence ou leur inertie peuvent coûter cher, à la fois à la profession et au citoyen. L’affaire du pharmacien breton sanctionné pour charlatanisme en est une illustration parlante. Tout est parti d’un patient scandalisé par le comportement de son pharmacien. Ce dernier, au lieu de prodiguer des conseils fondés sur la science, recevait ses clients dans l’arrière-salle de son officine pour parler de «nutrition», de «taux vibratoire» et «d’unités Bovis». Sur un flyer comportant sa photo, il proposait des méthodes de «libération du covid-graphène» et des protections contre les «poupées vaudou» ou les «marabouts». Des pratiques qualifiées, à juste titre, de charlatanisme par les instances ordinales. Face à cette dérive, le Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de Bretagne a agi avec fermeté : enquête, instruction, puis sanction. Le pharmacien a été condamné à cinq années d’interdiction d’exercer. La chambre disciplinaire nationale a confirmé cette décision, soulignant qu’un pharmacien cautionnant de telles théories met en danger la santé publique et porte atteinte à l’image de toute la profession. Cette affaire à peine croyable rappelle ce que doit être un Ordre professionnel : un gardien de la déontologie, un rempart contre les dérives, un bastion de la science et de la responsabilité. Loin de toute complaisance, l’Ordre doit défendre l’honneur d’une profession qui tire sa légitimité de la rigueur et de l’éthique. Là où il remplit pleinement sa fonction de régulation, la crédibilité du pharmacien est préservée et il en est de même pour la confiance des citoyens. Au Maroc, on assiste à des dysfonctionnements qui compromettent les missions ordinales. Les conseils de l’Ordre, censés assurer cette régulation ainsi que la veille déontologique, traversent une crise profonde : les conseils régionaux des pharmaciens d’officine n’ont pas organisé d’élections depuis 2017. Depuis huit ans, et malgré les efforts de quelques membres pour gérer les affaires courantes et traiter les dossiers urgents, les conseils de discipline ne se réunissent plus. La profession est livrée à elle-même. Les comportements anti-déontologiques ont tendance à se généraliser, bien qu’un grand nombre de pharmaciens restent attachés à l’éthique et à la déontologie. Ce blocage fragilise des institutions pourtant essentielles à la crédibilité de la profession pharmaceutique. Quand l’Ordre ne joue plus son rôle, c’est tout un équilibre qui s’effondre : les fautes ne sont plus sanctionnées, la déontologie s’efface et la confiance du public s’érode. Plus que jamais, la profession a besoin d’un Ordre fort, indépendant et légitime. Un Ordre capable de dire non aux dérives sous toutes leurs formes et de protéger la santé du citoyen. C’est à ce prix que le pharmacien marocain retrouvera sa place d’acteur essentiel de la santé publique. Aussi, l’exemple du pharmacien breton ne peut nous laisser indifférents. Là où l’Ordre assume pleinement sa mission, la profession est respectée. Il est temps de remettre nos conseils sur les rails. Faute de quoi, ni la régulation de la profession, ni la défense de l’intérêt des citoyens ne pourront être assurées. Source :Ordre des pharmaciens (lien)
Abderrahim Derraji - 19 octobre 2025 23:21
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