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CIVISME -

Le Maroc connaît, depuis quelques années, une véritable révolution en matière d’infrastructures. De nombreuses villes se transforment en chantiers à ciel ouvert, et les résultats sont souvent impressionnants. Certaines d’entre elles sont aujourd’hui méconnaissables tant elles ont évolué. L’on ne peut qu’espérer que cette dynamique positive profite à l’ensemble du Royaume, y compris aux petites localités où les attentes sont immenses.
Mais hélas, les mentalités peinent à suivre, et l’incivisme résiste farouchement. Il suffit de s’aventurer dans l’arrière-pays pour s’en rendre compte : autant les foyers sont impeccables, toujours prêts à accueillir l’invité de passage, autant les espaces publics sont souvent négligés, voire dégradés, surtout en période estivale. Quant à nos belles plages, les estivants laissent derrière eux un spectacle désolant : bouteilles et sachets plastiques, restes de nourriture… Une scène qui se répète chaque soir, tel un rituel immuable.
Heureusement, certaines villes montrent l’exemple. Au nord du pays notamment, des citoyens veillent avec fierté à la propreté de leurs ruelles, et le résultat est tout simplement magnifique. Mais ces efforts restent isolés, malgré des campagnes de sensibilisation comme l’initiative «Plages Propres» de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement connue sous le nom «Boundif», qui incite depuis plus de deux décennies les estivants à devenir exigeants quant à la qualité des eaux de baignade et à la propreté des plages.
Pourtant, notre religion – à laquelle nos concitoyens sont profondément attachés – nous enseigne clairement que «la propreté fait partie de la foi», selon les paroles mêmes du Prophète - prière et paix soient sur lui.
Alors, pourquoi ce décalage si criant entre nos croyances et nos comportements ?
Au fond, c’est une forme d’égoïsme qui s’exprime ici. Une attitude du type : «après moi, le déluge». Cet égoïsme se manifeste aussi sur nos routes, dans notre manière souvent chaotique et agressive de conduire, loin du civisme et du fair-play qui règnent sous d’autres cieux.
Et ce travers ne s’arrête pas à la vie publique : il gangrène aussi nos professions. Prenons la nôtre, autrefois reconnue pour la probité et l’éthique de ses membres. Aujourd’hui, le désordre s’est installé, comme un cancer dont les métastases se propagent un peu partout.
Nous rêvons tous d’un Maroc moderne et rayonnant, d’un pays exemplaire sur tous les plans. Mais ce rêve ne se réalisera que si nos actes sont à la hauteur de nos ambitions. L’avenir du Royaume dépend moins de nos grands discours que de nos petits gestes du quotidien, de notre capacité à penser collectif plutôt qu’individuel.
À ceux que ce message laisse indifférents, on ne demande pas d’en faire plus qu’il ne faut — seulement de ne pas nuire. De ne pas gâcher les efforts sincères de celles et ceux qui, chaque jour, se démènent pour offrir une image digne et rayonnante de notre pays.
PALUDISME - COARTEM BABY - ARTÉMISININE
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CHIKUNGUNYA

L’Agence européenne du médicament (EMA) a annoncé la levée de ses restrictions temporaires concernant l’utilisation du vaccin contre le chikungunya, Ixchiq, chez les personnes âgées de plus de 65 ans. Ces restrictions avaient été instaurées en mai 2025 à la suite de signalements d’effets secondaires graves chez des personnes âgées, notamment à La Réunion, où une forte épidémie avait été à l’origine d’une campagne de vaccination. Une vingtaine de cas graves avaient alors été rapportés, touchant exclusivement des sujets âgés de 62 ans et plus, ce qui avait conduit à suspendre les recommandations de vaccination pour cette tranche d’âge.
Le Comité d’évaluation des risques en pharmacovigilance (PRAC) de l’EMA a néanmoins conclu que le vaccin Ixchiq pouvait à nouveau être administré aux plus de 65 ans, à condition que le risque d’infection par le chikungunya soit jugé significatif et que la balance bénéfices-risques soit soigneusement évaluée. L’EMA insiste sur l’importance de cette évaluation préalable, rappelant que les effets indésirables les plus graves ont concerné majoritairement les personnes âgées ou souffrant de pathologies sévères.
Développé par le laboratoire Valneva et autorisé dans l’Union européenne depuis juin 2024, le vaccin Ixchiq s’est révélé efficace pour induire une réponse immunitaire, en stimulant la production d’anticorps contre le virus du chikungunya. Cette efficacité pourrait s’avérer particulièrement précieuse pour les personnes âgées, souvent plus vulnérables face aux formes sévères de la maladie.
Toutefois, l’EMA appelle à la prudence : la vaccination chez les seniors ne doit être envisagée que dans des contextes épidémiques à risque élevé, et uniquement après une évaluation personnalisée.
En résumé, le vaccin Ixchiq reste un outil efficace contre le chikungunya, y compris chez les personnes âgées, mais son administration doit
désormais s’accompagner de précautions spécifiques afin de limiter les risques d’effets indésirables graves.
[1] : https://www.ema.europa.eu/en/news/ema-starts-review-ixchiq-live-attenuated-chikungunya-vaccine?utm_
BENZODIAZÉPINE - ADDICTIONS

Étude publiée dans Journal of Affective Disorders

Autres articles
Traditionnellement, pour évaluer la sensibilité d’une bactérie à un antibiotique, les laboratoires doivent d’abord faire sa culture, une étape longue et contraignante, particulièrement problématique en situation d’urgence. L’approche innovante mise au point par Karel Brinda, chercheur en bio-informatique formé à Harvard, repose sur le séquençage de fragments d’ADN bactériens, comparés à une vaste base de données de séquences connues, associées à des profils de résistance ou de sensibilité. Cette technique, appelée Genomic Neighbor Typing, repose sur un principe simple : plus une séquence génétique est proche de celle d’une bactérie résistante, plus il est probable que la souche étudiée le soit aussi. L’un des atouts majeurs de cette méthode est sa rapidité. Grâce aux séquenceurs portables de type nanopores qui ne sont pas plus grands qu’un smartphone, les données sont disponibles en flux continu dès le début du séquençage. Il suffit de quelques fragments d’ADN assez pour permettre une estimation fiable du profil de résistance de la bactérie. Ainsi, les premiers résultats peuvent être obtenus en seulement dix minutes après le début du processus. Cependant, la méthode n’est pas encore universelle. Elle a été testée sur certaines bactéries comme le pneumocoque et le gonocoque, mais son efficacité dépend de la richesse et de la diversité des bases de données utilisées. Actuellement, celles-ci sont encore incomplètes. C’est pourquoi l’INRIA collabore avec le CHU de Rennes et le Centre national de référence pour renforcer l’expertise clinique et enrichir les collections bactériennes de référence. L’avenir de cette technologie repose donc sur le développement de bases de données plus vastes et représentatives, soutenues par de nouveaux outils informatiques capables d’exploiter cette masse croissante de données. Si ces défis sont relevés, cette approche pourrait transformer radicalement la prise en charge des infections bactériennes en milieu hospitalier.
Abderrahim Derraji - 07 juillet 2025 22:34Face à l’augmentation fulgurante de la prévalence des maladies non transmissibles (MNT) et à l’épuisement progressif des ressources des systèmes de santé, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vient de lancer une initiative ambitieuse : «3 d’ici à 2035». L’objectif est d’inciter les différentes nations à augmenter de 50 % les prix réels du tabac, de l’alcool et des boissons sucrées par le biais de la fiscalité, d’ici à 2035. Cette démarche devient urgente, eu égard à l’épidémie silencieuse des MNT qui tue chaque année des millions de personnes à travers le monde. Au Maroc, les MNT représentent un lourd fardeau pour le système de santé. La consommation de tabac reste préoccupante, touchant près d’un homme sur deux, tandis que l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires sont en constante progression. Cette situation s’explique en grande partie par une alimentation déséquilibrée et une forte consommation de boissons sucrées. Malgré ces signaux d’alerte, les politiques fiscales sur les produits nocifs pour la santé restent timides. L’initiative de l’OMS constitue donc une opportunité stratégique pour le Maroc, non seulement pour réduire l’incidence des MNT, mais aussi pour renforcer les ressources de santé publique, à un moment où les finances publiques cherchent des solutions pour contenir les dépenses. Malheureusement, le principal levier actuellement envisagé semble être la baisse des prix des médicaments – une mesure qui pourrait avoir des effets collatéraux préoccupants. Elle risque en effet de perturber l’approvisionnement en médicaments et de fragiliser le service de proximité assuré par les pharmacies dans toutes les régions du Maroc. D’après l’OMS, une hausse de 50 % du prix de ces produits pourrait éviter jusqu’à 50 millions de décès prématurés dans le monde au cours des 50 prochaines années. En parallèle, une telle fiscalité pourrait générer jusqu’à 1000 milliards de dollars de recettes publiques à l’échelle mondiale au cours de la prochaine décennie. Ces fonds pourraient être réinvestis dans les soins de santé, l’éducation ou la protection sociale. L’exemple d’autres pays, comme la Colombie ou l’Afrique du Sud, montre que taxer les produits nocifs diminue la consommation tout en augmentant les recettes fiscales. Pourtant, de nombreux gouvernements continuent de proposer des incitations fiscales à des industries dont les produits nuisent à la santé publique. Certains accords d’investissement ou cadres réglementaires limitent même les marges de manœuvre fiscales. Ces pratiques doivent être reconsidérées si l’on souhaite véritablement protéger les générations futures. Une opportunité s’offre aujourd’hui au Royaume pour faire converger ses ambitions de couverture sanitaire universelle avec une politique fiscale audacieuse et préventive. L’initiative «3 d’ici à 2035» de l’OMS offre un cadre clair et éprouvé. Il est temps pour les décideurs marocains de briser les inerties, de résister aux pressions des lobbies industriels et de placer la santé publique au cœur de l’action fiscale. Taxer mieux pour protéger la population, sauver des vies et financer la réforme sociale n’est plus une option, c’est une nécessité. Le Maroc peut – et doit – devenir un exemple régional de fiscalité au service de la santé.
Abderrahim Derraji - 06 juillet 2025 22:52Le Conseil de l’Ordre des pharmaciens fabricants et répartiteurs (COPFR) a organisé, le jeudi 3 juillet à Casablanca, une réunion d'information et d’échanges avec le Professeur Samir Ahid, Directeur général de l’Agence marocaine du médicament et des produits de santé (AMMPS) et les responsables de Pôles, chefs de Divisions et chefs de services de l’AMMPS. «L’organisation de cette rencontre intervient dans un contexte de transformations majeures du système national de santé. En tant qu’acteurs directement concernés, nous saluons la mise en place de l’AMMPS, une institution à la vision renouvelée, dotée de nouvelles prérogatives et responsabilités», a souligné le président du COPFR, Dr Mouloudi Elbouzekraoui. Cette rencontre, particulièrement attendue par les pharmaciens des établissements pharmaceutiques industriels (EPI) et des établissements pharmaceutiques grossistes répartiteurs (EPGR), a été marquée par une intervention du Pr Samir Ahid, intitulée : «Agence marocaine du médicament : vers une souveraineté médicamenteuse». Dans son exposé, le Pr Ahid a d’abord dressé un panorama du contexte international, marqué par l’émergence de nouvelles technologies thérapeutiques, la digitalisation, le renforcement des exigences en matière de sécurité et de qualité des produits de santé, ainsi que la nécessité croissante de coopération et d’harmonisation entre autorités réglementaires à l’échelle mondiale. Il a ensuite rappelé les atouts du contexte national : une industrie pharmaceutique locale dynamique, une réglementation en pleine évolution vers les standards internationaux, une position géographique stratégique, une expertise avérée en production et en contrôle des médicaments, et un engagement fort en faveur de la couverture sanitaire universelle. Créée en 2023, l’AMMPS s’inscrit dans la réforme globale du système national de santé, en cohérence avec les orientations royales. Établissement public doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, placé sous la tutelle du ministère de la Santé et de la Protection sociale, l’Agence a pour mission principale de garantir la souveraineté pharmaceutique du Royaume, ainsi que la disponibilité, la sécurité et la qualité des médicaments et produits de santé. Le Pr Ahid a rappelé que l’AMMPS ambitionne de devenir une autorité de régulation pharmaceutique de référence aux niveaux régional, continental et international. Son rôle est de protéger la santé publique en assurant l’accès à des médicaments sûrs, efficaces et de qualité, tout en renforçant la souveraineté sanitaire du pays. Le DG de l’Agence a présenté l’organigramme de l’Agence et sa vision pour répondre aux défis actuels de la régulation pharmaceutique. Les missions de l’AMMPS, définies par l’article 4 de la loi n°10.22, s’articulent autour de plusieurs axes majeurs : • Élaborer et suivre la mise en œuvre de la politique nationale pharmaceutique. • Organiser et contrôler le secteur des médicaments et des produits de santé. • Garantir la disponibilité, la qualité, la sécurité et l’efficacité des médicaments. • Superviser la gestion des substances sensibles telles que les stupéfiants et les psychotropes. • Encourager le développement de la production locale, notamment les génériques et les biosimilaires. • Établir et actualiser la liste des médicaments essentiels. • Renforcer la surveillance du marché, la pharmacovigilance et l’analyse des risques sanitaires. En conclusion, le Pr Ahid a souligné que la création de l’AMMPS marque un tournant vers une meilleure gouvernance du médicament au Maroc. Elle devra relever les défis nationaux et internationaux en mobilisant l’ensemble des parties prenantes, avec pour ambition d’assurer à tous un accès équitable aux soins, y compris aux médicaments. La présentation a été suivie d’un échange riche entre les représentants de l’Agence et les pharmaciens des EPI et des EPGR. Ces discussions ont reflété à la fois la satisfaction de voir naître une institution dédiée à la régulation du secteur et certaines appréhensions liées à la phase de transition. Les professionnels ont insisté sur la nécessité d’un accompagnement actif et d’une communication fluide. Le Pr Ahid a assuré que l’AMMPS investira dans un système d’information performant pour répondre aux attentes et faciliter les interactions.
Abderrahim Derraji - 06 juillet 2025 22:42Longtemps connu pour ses risques chez la femme enceinte, le parasite Toxoplasma gondii pourrait aussi jouer un rôle dans l’infertilité masculine. Une étude internationale, récemment publiée dans le FEBS Journal, relance le débat en montrant que ce micro-organisme, transmis principalement par les chats, pourrait altérer la qualité du sperme humain. Les chercheurs, originaires d’Allemagne, d’Uruguay et du Chili, ont d’abord observé que le parasite atteignait rapidement les testicules et l’épididyme chez des souris mâles, deux jours seulement après infection. L’épididyme étant l’endroit où les spermatozoïdes terminent leur maturation. Cette localisation soulève des questions majeures quant à ses conséquences sur la fertilité. Les chercheurs ont ensuite mis le parasite en contact direct avec du sperme humain. Le résultat est alarmant : en seulement cinq minutes, 22,4 % des spermatozoïdes avaient perdu leur tête, rendant ces cellules sexuelles non viables. Ce taux continuait d’augmenter avec le temps. Pire encore, même les spermatozoïdes ayant conservé leur tête montraient des altérations, comme des malformations ou de microperforations, signes que le parasite tentait d’y pénétrer. Selon les chercheurs, c’est la première fois qu’une telle interaction directe et destructrice entre le parasite et le sperme humain est démontrée. Ces dégâts pourraient ainsi contribuer, au moins partiellement, à la baisse de la fertilité observée chez les hommes. Dans un article complémentaire publié dans The Conversation, le microbiologiste américain Bill Sullivan rappelle que Toxoplasma gondii peut également provoquer une inflammation chronique, néfaste à la production de spermatozoïdes. Cependant, les scientifiques restent prudents : la toxoplasmose ne serait qu’un facteur parmi d’autres dans la baisse de fertilité masculine qu’on observe de plus en plus. Le mode de vie sédentaire, l’alimentation ou la pollution jouent aussi un rôle dans cette infertilité. Les taux de toxoplasmose n’ont pas nécessairement augmenté dans les pays développés, contrairement à l’infertilité. En conclusion, les auteurs suggèrent d’inclure le dépistage de la toxoplasmose dans les bilans d’infertilité masculine. Par précaution, les règles d’hygiène habituelles restent de mise : bien cuire la viande, laver fruits et légumes, et manipuler les litières de chat avec prudence.
Abderrahim Derraji - 06 juillet 2025 22:08Le 30 juin, les membres du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) ont procédé à l’élection de leur nouveau bureau. Sans surprise, Carine Wolf-Thal a été reconduite à la présidence pour un quatrième mandat. Cette pharmacienne titulaire à Rouen, déjà bien connue des instances ordinales, avait succédé en 2016 à Isabelle Adenot, nommée alors à la Haute Autorité de santé (HAS). Depuis, elle a su s’imposer comme une figure centrale de la profession, forte d’un parcours mêlant industrie pharmaceutique et exercice officinal. À ses côtés, la vice-présidence est désormais confiée à Maryse Camus-Piszez, pharmacienne hospitalière engagée dans les problématiques d’attractivité et de démographie. Élue depuis 2019 au titre de la section H, elle s’est illustrée par son implication dans les travaux du CNOP. Le bureau fraîchement élu comprend également Alain Delgutte, ancien président de la section A et du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPEU), qui occupera les fonctions de trésorier. Les autres membres du bureau sont Anne-Sylvie Lefebvre-Brunel, Anne-Claude Mare, Élise Haro-Brunet, Camille Turbat, Michel Leblanc et Sébastien Faure. Cette élection vient clore une séquence électorale marquée par le renouvellement de près de la moitié des 700 élus ordinaux. Parmi les personnalités nouvellement désignées ou reconduites, on note l’arrivée de Bruno Galan à la tête de la section A, et la réélection de Jérôme Parésys-Barbier à la présidence de la section D. Parmi les moments forts des mandats précédents de Carine Wolf-Thal, on retiendra notamment l’impulsion donnée à la démarche qualité, la mise en œuvre d’une campagne nationale pour renforcer l’attractivité de la profession, la création d’une commission dédiée aux jeunes inscrits ainsi qu’une orientation affirmée vers la transition écologique.
Abderrahim Derraji - 30 juin 2025 16:25Les réseaux sociaux se sont enflammés depuis que les représentants des pharmaciens ont tenu deux réunions avec l’administration au sujet d’un éventuel nouveau décret relatif à la fixation des prix des médicaments.. Les commentaires de certains représentants évoquent une publication imminente du texte. Selon ces mêmes sources, les pharmaciens devront une fois de plus se contenter de promesses, comme cela avait été le cas à la veille de la publication du Décret n° 2-13-852 du 14 Safar 1435 (18 décembre 2013), relatif aux conditions et modalités de fixation du prix public de vente des médicaments fabriqués localement ou importés.La Confédération des syndicats des pharmaciens rejette toutefois la politique du fait accompli et conditionne la promulgation du nouveau texte à la mise en place de missions rémunérées[1]. Comme nous l’avons souligné à maintes reprises, les revenus du pharmacien sont étroitement liés aux marges et forfaits perçus à chaque dispensation. Toute érosion, même minime, de son chiffre d’affaires impacte directement et négativement ses revenus. Pour désensibiliser ces revenus par rapport au prix des médicaments, il devient impératif d’instaurer des mécanismes déjà adoptés dans plusieurs pays du benchmark. À titre d’exemple, en France, le pharmacien bénéficie de cinq tranches de marges dégressives, ainsi que d’honoraires : pour la délivrance à l’ordonnance, le conditionnement, les ordonnances complexes, les médicaments spécifiques, ou encore pour les patients de moins de 3 ans et de plus de 70 ans. Il perçoit également des indemnités pour l’accompagnement des patients sous AVK, asthmatiques, polymédiqués ou sous traitement anticancéreux, ainsi que pour les femmes enceintes. À cela s’ajoutent des rémunérations pour la vaccination, le dépistage, ou encore la dispensation des masques. Les pharmaciens touchent également des honoraires de garde et des indemnités d’astreinte pour les gardes de nuit, du dimanche et des jours fériés. Les caisses leur versent en outre des paiements à la performance, liés à l’atteinte d’objectifs préalablement définis par voie conventionnelle. Et malgré l’ensemble de ces mécanismes de compensation, certains pharmaciens en France rencontrent d’énormes difficultés et ne sont pas au bout de leurs peines. Le ministre de la Santé français a annoncé, le vendredi 20 juin 2025, des mesures visant à réduire le plafond des remises sur les médicaments génériques, le faisant passer de 40 % à 20-25 %. Ce plafond devrait également s’appliquer aux médicaments hybrides, tandis que celui des biosimilaires serait fixé à 15 %. Par un communiqué, l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) a dénoncé une décision jugée inacceptable : les 600 millions d’euros visés représentent, selon cette instance, une ressource vitale au bon fonctionnement du réseau officinal. Cette mesure risquerait de provoquer une vague de licenciements dans les officines, ainsi qu’une pénurie de médicaments pour les patients. Les pharmaciens ont d’autant plus été surpris que le gouvernement semblait, ces derniers mois, manifester une volonté de soutenir les officines en difficulté, de renforcer l’économie du médicament générique et d’améliorer l’accès aux soins. Dans son communiqué, l’UNPF estime que le gouvernement se trompe une fois encore de cible, fragilisant davantage l’économie officinale, alors que le pharmacien demeure un acteur central des soins de premier recours — souvent le dernier professionnel de santé présent dans certains territoires. Face à cette situation, l’UNPF appelle l’ensemble des pharmaciens à une grève illimitée des gardes à compter du 1er juillet, et les exhorte à une mobilisation générale, massive et unitaire aux côtés des autres professionnels de santé. Elle conclut son communiqué par cette phrase : «Une seule issue possible : le retrait pur et simple de cette mesure.» L’exemple français illustre que, même avec la mise en place d’un système d’honoraires et d’indemnités pour compenser les baisses de prix des médicaments — et sachant que le chiffre d’affaires moyen d’une pharmacie française est au moins dix fois supérieur à celui d’une pharmacie marocaine —, aucune décision ne peut faire l’économie d’une mûre réflexion. Le risque serait de voir un nombre croissant de pharmacies mettre la clé sous la porte, privant de nombreuses régions de l’accès aux médicaments. Et comme l’a indiqué le président de la FMIIP le vendredi 27 juin, lors du CINIT 25, une révision précipitée et indifférenciée des prix des médicaments risque d’entraîner davantage de ruptures, un désinvestissement et une fragilisation des grossistes-répartiteurs. La balance commerciale risque d’en pâtir, et il en est de même pour la souveraineté sanitaire, pourtant louée par tous les intervenants. Cela n’est pas sans nous rappeler l’adage populaire marocain : «En voulant embrasser son poussin, la cigogne lui a crevé un œil!» [1] Communiqué de la CSPM du 23 juin 2025 [2] Fédération Marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques.
Abderrahim Derraji - 30 juin 2025 09:57La 4e édition du Congrès International de l’Innovation Thérapeutique (CINIT25) s’est tenue du 26 au 28 juin 2025 à Casablanca. Organisé par la Société Marocaine de Pharmacologie et de Thérapeutique, cet événement a été placé sous le thème : « Innover localement, rayonner globalement : l’avenir de la santé au Maroc». Trois jours durant, des experts issus de divers horizons se sont relayés pour aborder des thématiques en phase avec les profondes transformations que connaît le secteur de la santé au Maroc. «Bien plus qu’un simple rendez-vous scientifique, l’édition du CINIT25 s’est imposée cette année comme un véritable laboratoire d’idées et de synergies. Elle a réuni chercheurs, cliniciens, industriels, autorités de régulation, représentants institutionnels et acteurs de terrain autour d’un objectif commun : penser et bâtir ensemble les thérapies de demain, dans un contexte national en pleine mutation», a déclaré la professeure Houda Filali, présidente de la Société Marocaine de Pharmacologie et de Thérapeutique. «Les réformes en cours du système de santé et la généralisation progressive de la couverture sociale exigent des réponses innovantes, à la fois audacieuses et responsables», a-t-elle ajouté. Les différentes interventions ont souligné l’importance de promouvoir des approches à forte valeur ajoutée, aussi bien pour les professionnels de santé que pour les patients. À ce titre, les solutions numériques basées sur l’intelligence artificielle ont été particulièrement mises à l’honneur cette année. L’accès aux médicaments, à l’innovation, ainsi que le bon usage des produits de santé ont également occupé une place centrale dans les débats. Des recommandations ont ainsi émergé, visant à exploiter pleinement le potentiel des solutions innovantes pour améliorer le parcours de soins et la qualité de vie des patients. La professeure Houda Filali a cependant rappelé : «L’innovation thérapeutique ne se résume pas à la technologie. Elle est également humaine, sociale, éthique et systémique. Elle naît d’une idée, progresse grâce à la rigueur scientifique, mais prend tout son sens lorsqu’elle est confrontée à la réalité du terrain.» Cependant, l’efficacité d’une molécule innovante perd de sa portée lorsqu’elle demeure inaccessible à un large pan de la population qui vivent cette situation comme une injustice. Les décideurs, quant à eux, doivent opérer des arbitrages complexes, fondés sur l’apport thérapeutique réel des médicaments et leur coût. C’est dans ce contexte que l’évaluation médico-économique joue un rôle clé. Elle permet de mesurer le rapport coût/efficacité d’un médicament, oriente les décisions de remboursement et de fixation des prix, et optimise l’allocation des ressources. En ce sens, elle favorise un accès équitable à l’innovation tout en contribuant à la soutenabilité du système de santé. L’édition 2025 du CINIT a ainsi été une véritable réussite. Il appartient désormais aux décideurs de tirer parti des nombreuses recommandations formulées lors de ce Congrès, afin que les réformes en cours produisent les effets escomptés.
Abderrahim Derraji - 30 juin 2025 09:42Une vaste étude menée en Corée du Sud, publiée dans European Heart Journal, révèle qu’un vaccin vivant atténué contre le zona pourrait réduire significativement le risque d’événements cardiovasculaires. Conduite par le Pr Dong Keon Yon de l’université Kyung Hee, cette recherche a analysé les données de plus de 1,27 million de personnes âgées de 50 ans et plus, suivies durant plusieurs années. Le zona, maladie virale douloureuse provoquée par le virus de la varicelle-zona, touche environ 30 % des individus non vaccinés au cours de leur vie. Au-delà de l’éruption cutanée, des études antérieures ont suggéré un lien entre le zona et un risque accru de maladies cardio-vasculaires. Partant de ce constat, les chercheurs ont voulu savoir si la vaccination pouvait prévenir ces complications. Les résultats sont marquants : la vaccination est associée à une réduction globale de 23 % du risque d’événements cardiovasculaires. Plus précisément, le risque d’accidents cardiovasculaires majeurs (AVC, infarctus et décès d’origine cardiaque) est réduit de 26 %, tout comme celui d’insuffisance cardiaque, tandis que le risque de maladie coronarienne diminue de 22 %. De plus, l’effet protecteur du vaccin semble persister jusqu’à huit ans après l’injection, avec une efficacité accrue chez les hommes, les moins de 60 ans et les personnes ayant un mode de vie à risque (tabagisme, alcool, sédentarité). Le vaccin utilisé dans l’étude était un vaccin vivant atténué, désormais remplacé dans de nombreux pays par un vaccin recombinant non vivant, basé sur une protéine du virus. Le Pr Yon souligne l’intérêt de poursuivre les recherches sur cette nouvelle version pour vérifier si les bénéfices cardiovasculaires sont comparables. Concernant les mécanismes sous-jacents, l’hypothèse principale est que l’infection par le zona entraîne des lésions vasculaires, une inflammation et des caillots, contribuant au développement de pathologies cardiaques. Prévenir l’infection par la vaccination pourrait donc réduire ces effets délétères. Malgré les résultats prometteurs, le Pr Yon appelle à la prudence. Il rappelle que l’étude, menée exclusivement sur une population coréenne, pourrait ne pas être généralisable à d’autres populations. Par ailleurs, en tant qu’étude observationnelle, elle ne permet pas de démontrer un lien de causalité direct. D'autres facteurs non mesurés pourraient avoir influencé les résultats. Le Pr Yon insiste enfin sur le fait que le vaccin vivant ne convient pas à tous, et encourage des recherches complémentaires sur les vaccins recombinants. Cette étude ouvre néanmoins une nouvelle perspective : au-delà de la prévention du zona, la vaccination pourrait aussi devenir un outil de protection cardiovasculaire.
Abderrahim Derraji - 30 juin 2025 09:33Pour ce praticien, la situation est devenue ingérable. Il évoque des patients en grande détresse, certains ayant décompensé ou même été hospitalisés en psychiatrie, simplement faute de traitements disponibles. Chaque visite à la pharmacie est une source d’angoisse pour ses patients, confrontés à l’incertitude de trouver ou non leurs médicaments. Et les alternatives thérapeutiques font souvent défaut. Le Dr Sikorav insiste sur la dangerosité d’un arrêt brutal de ces traitements, notamment le lithium, dont le sevrage peut engendrer des pensées suicidaires. Il confirme que des suicides ont bien eu lieu à cause de ces ruptures. Il alerte aussi sur les effets secondaires graves, comme les insomnies sévères chez les patients privés de quétiapine, traitement essentiel pour le trouble bipolaire de type 2. En tant que patient lui-même, il témoigne de la souffrance que cela engendre : «les yeux grands ouverts pendant huit heures, sans sommeil». Selon ce médecin, la principale cause de ces pénuries réside dans le prix trop bas imposé en France pour ces médicaments. Cela rend le pays peu attractif pour les fournisseurs en cas de tensions mondiales. Il déplore également un «manque chronique» de psychotropes disponibles : entre 30 et 40 molécules sont absentes du marché français, alors qu’elles sont accessibles dans d'autres pays. La lourdeur administrative et la pression tarifaire seraient , d’après lui, des freins majeurs à leur disponibilité. Le psychiatre appelle à des mesures urgentes pour assurer l’accès continu aux traitements indispensables à la santé mentale des patients. Le Dr Michael Sikorav, psychiatre libéral en Mayenne, tire la sonnette d’alarme sur la pénurie persistante de médicaments psychotropes en France.Invité sur franceinfo le 23 juin, il dénonce une situation dramatique : depuis janvier 2025, une quinzaine de tensions d’approvisionnement ou de ruptures de stock ont été signalées par l’ANSM. Sachant que 2025 la santé mentale est déclarée «Grande cause nationale».
Abderrahim Derraji - 30 juin 2025 09:24Longtemps prescrite de manière large, l’azithromycine fait désormais l’objet d’une vigilance accrue de la part de l’Agence européenne des médicaments (EMA). Cet antibiotique, bien que couramment utilisé, est classé comme critique en raison de son rôle dans la progression de la résistance bactérienne. Face à ce constat préoccupant, l’EMA souhaite encadrer plus strictement ses usages et alerte les professionnels de santé. Le Comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l’EMA a récemment réévalué le rapport bénéfice/risque des médicaments à base d’azithromycine, qu’ils soient administrés par voie orale ou intraveineuse. Objectif affiché : promouvoir une utilisation plus rationnelle de cet antibiotique à la lumière des données scientifiques actuelles, et préserver son efficacité thérapeutique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe l’azithromycine parmi les antibiotiques à haut risque en matière de résistance antimicrobienne. Malgré cela, son usage a fortement augmenté ces dernières années. Dans cinq pays européens (France, Allemagne, Espagne, Pays-Bas et Royaume-Uni), l’azithromycine figure parmi les cinq antibiotiques les plus prescrits entre 2012 et 2021, selon les bases de données analysées. Parallèlement, les réseaux internationaux de surveillance microbiologique signalent une progression inquiétante des résistances bactériennes à cet antibiotique. Conséquence : le CHMP recommande plusieurs restrictions. Il préconise notamment l’abandon de l’azithromycine par voie orale dans le traitement de l’acné vulgaire modérée, pour l’éradication d’Helicobacter pylori, ainsi que dans la prévention des exacerbations d’asthme — indication hors AMM en France. Le comité souhaite également renforcer mentionner sur les résumés des caractéristiques du produit (RCP) un avertissement sur le risque de résistance. Cet avertissement stipulera que l’azithromycine peut favoriser l’émergence de résistances du fait de la persistance de concentrations plasmatiques et tissulaires après l’arrêt du traitement. Sa prescription ne devrait être envisagée qu’après une évaluation rigoureuse du rapport bénéfices/ risques, en tenant compte de la prévalence locale des résistances, et uniquement lorsque les alternatives recommandées ne sont pas appropriées. À noter que la Haute Autorité de santé (HAS) avait déjà, en 2024, exclu l’azithromycine des traitements recommandés de l’angine aiguë chez l’adulte et l’enfant, réduisant ainsi son accès via la dispensation pharmaceutique après test rapide d’orientation diagnostique (TROD). Elle avait également revu à la baisse sa place dans la prise en charge des urétrites et cervicites non compliquées.
Abderrahim Derraji - 30 juin 2025 09:19