TRAITEMENT DE LA TOUX CHEZ LA FEMME ENCEINTE

Le choix d’un antitussif en cours de grossesse peut être assez complexe : 155 spécialités répondent à cette indication ...
Voici quelques principes simples pour faciliter le choix :

• Préférer les spécialités ne contenant qu’une seule molécule.

• Eviter, d’une façon générale, les spécialités contenant des plantes. Elles sont peu évaluées chez la femme enceinte et dépourvues, le plus souvent, d’études de tératogenèse chez l’animal. Par mesure de précaution, il est donc préférable de ne pas les utiliser en cours de grossesse.

• Préférer, parmi les antitussifs opiacés, le dextrométorphane qui représente le traitement de premier choix au premier trimestre. La codéine peut également être utilisée, bien que quelques études rétrospectives aient soulevé la possibilité d’une faible sur-représentation des malformations cardiaques sans toutefois augmenter le risque global de malformations.
Pour la suite de la grossesse, le dextrométorphane et la codéine peuvent être utilisés moyennant quelques précaution en fin de grossesse. En effet, compte tenu des propriétés morphinomimétiques de ces molécules, il existe un risque de dépression respiratoire chez le nouveau-né en cas de prise de fortes doses avant l’accouchement, et un risque de sevrage en cas de prise prolongée en fin de grossesse. Il convient donc d’éviter les posologies élevées ou les durées de prise prolongées en fin de grossesse.

• Si l’on souhaite utiliser un antihistaminique, il est préférable d’avoir recours aux spécialités ne contenant qu’une seule molécule. En particulier, on évitera les associations non justifiées comme celles d’un antitussif et d’un expectorant ainsi que les spécialités contenant des plantes.
L’utilisation des antihistaminiques en cours de grossesse a fait l’objet des « Nouvelles du CRAT » du mois de mai 2004. Pour mémoire, au premier trimestre de la grossesse, la préférence ira à la doxylamine (DONORMYL®) puis à la dexchlorphéniramine (POLARAMINE®) et à la fexofénadine (TELFAST®).
Pour la suite de la grossesse et pour améliorer le confort maternel et diminuer la survenue d’effets indésirables fœtaux et néonatals, on choisira une molécule ayant un effet sédatif et atropinique faible. Il s’agit, entre autres spécialités, par exemple de la cétirizine (ZYRTEC® et VIRLIX®), de la loratadine (CLARYTINE®, AERIUS®) ou de la féxofénadine (TELFAST®) ...

• Toutes les autres substances présentes dans les associations antitussives sont à éviter par mesure de prudence.

• La gamme des fluidifiants est aussi vaste que celle des antitussifs, puisque 145 spécialités sont disponibles par voie orale ...
Les molécules les mieux évaluées chez la femme enceinte sont les cystéines (acétylcystéine ou carbocystéine). Les autres sont à éviter par manque de données mais ne justifient pas d’inquiétude chez une femme qui en aurait pris. Deux fluidifiants, la dornase alpha et le mesna, indiqués dans des situations particulières (mucoviscidose et trachéotomie), peuvent être utilisés du fait de leur bénéfice thérapeutique.

Traitement la rhinite chez la femme enceinte.

Nous n’envisageons ici que les situations où la rhinite nécessite un traitement du fait de l’inconfort quelle entraîne. Par ailleurs, nous ne ferons pas allusion à la rhinite infectieuse car les antibiotiques feront l’objet d’un prochain numéro des Nouvelles du CRAT.

D’une manière générale, les vasoconstricteurs par voie orale ne doivent pas être utilisés, et le traitement local fera essentiellement appel aux corticoïdes, avec exceptionnellement un recours aux vasoconstricteurs par voie nasale moyennant des précautions d’utilisation voire une consultation spécialisée.

• Tous les vasoconstricteurs par voie orale (phényléphrine et pseudoéphédrine), seuls ou associés à un antihistaminique et/ou à un antipyrétique, sont déconseillés tout au long de la grossesse en raison de leur puissant effet vasoconstricteur.

• Le passage systémique des vasoconstricteurs administrés par voie nasale n’est pas négligeable, et cette thérapeutique ne doit pas être banalisée en cours de grossesse. Dans certains cas, l’éphédrine (Rhinamide® et Rhino-Sulfuryl®) et la phényléphrine (Humoxal®) peuvent être utilisées, en respectant soigneusement les posologies et une durée de traitement courte.

• Le recul clinique est à ce jour très important pour les corticoïdes, et leur utilisation en cours de grossesse ne soulève aucune inquiétude du point de vue malformatif, quelle que soit la voie d’administration. Les données les plus importantes pour la voie locale concernent la béclomethasone (Béclo-Rhino® et Béconase®) et le budésonide (Rhinocort®), mais aucun élément inquiétant n’apparaît pour les autres corticoïdes. Bien sûr, les spécialités à base d’un seul principe actif seront préférées.

• L’acide cromoglicique (Lomusol®) peut être utilisé chez la femme enceinte en raison d’un recul clinique important.

• L’ipratropium bromure (Atrovent®) est peu absorbé par voie nasale et bénéficie d’un recul clinique relativement important. Il peut donc être prescrit chez la femme enceinte.

• Pour le seul anti-H1 actuellement disponible par voie nasale, l’azélastine (Allergodil®), le recul clinique est peu important chez la femme enceinte, et compte tenu des données animales, il est préférable, par mesure de prudence, d’éviter de le prescrire.

Source: Centre de référence sur les Agents Tératogènes (CRAT)