16ÉME JOURNÉE DU COPFR
INDUSTRIE ET RÉPARTITION : ÉTAT DES LIEUX ET PÉRSPECTIVES
Le Conseil de l’ordre des pharmaciens fabricants et répartiteurs (COPFR) a organisé le samedi 12 mai 2012 sa 16éme journée sous le thème : "Industrie et répartition pharmaceutique: bilan et perspectives d'avenir".
Cette manifestation qui a connu, comme à l’accoutumée, une grande affluence, a permis de traiter des thèmes d’actualités, de brosser un tableau sur l’activité du bureau du COPFR et de préparer les recommandations adéquates pour que l’industrie et la répartition pharmaceutiques puissent s’adapter à l’évolution que connaît leur environnement.
Lors de la séance inaugurale, le Pr. Alaoui Belghiti, directeur des hôpitaux et des soins ambulatoires a mis en exergue la volonté du ministère de la santé d’améliorer l’accès aux soins des citoyens marocains. L’avènement du Ramed et la restructuration que connaissent les établissements de soins à travers le royaume contribueront, sans doute, à améliorer la prise en charge des patients.
Cette année, des experts français ont été conviés et ont fait le déplacement à Casablanca dans le but de partager leur expérience avec leurs confrères marocains. C’est ainsi que le professeur Claude LEPEN (Université Paris Dauphine), s'est attardé lors de sa présentation sur les bouleversements que connaît le secteur de l’industrie pharmaceutique à travers le monde. Selon lui, la montée en puissance des pays émergents et la récession que connaissent plusieurs pays européens, pousseront les multinationales à chercher d’autres marchés pour préserver leur croissance. Les pays du Sud Est asiatique, la Chine, l’Inde et la région MENA seront ainsi de plus en plus convoités par ces dernières.
Par la suite, le Pr. LEPEN a ajouté, que la tendance baissière des prix des médicaments qui sévit dans la plupart des pays ira en s’amplifiant. Quant aux spécialités d’innovation, ils auront tendance à se raréfier puisque les investissements dans la recherche, qui étaient jadis systématiques, feront de plus en plus place à des investissements à risque maîtrisé.
L’autre point soulevé par l’expert français, est qu’aujourd’hui, la rentabilité d’un médicament qui est tributaire des décisions prises par les organismes gouvernementaux chargés d’évaluer les produits de santé. Ces derniers évaluent l’apport thérapeutique des nouvelles molécules par rapport à celles déjà existantes sur le marché et plus particulièrement les génériques. La non-recommandation d’un produit pharmaceutique donné, peut avoir de lourdes conséquences sur sa rentabilité voire même sur sa viabilité.
Le Pr. Lepen a conclu sa présentation en soulignant avec acuité les incertitudes qui planent sur le secteur pharmaceutique.
A l’instar des pays voisins, le Maroc a consenti beaucoup d’efforts pour améliorer la prise en charge des malades. Le Ramed et l’AMO sont entrain de décharger progressivement les malades des frais inhérents à la prise en charge de leurs pathologies. Et comme le Maroc n’a pas les moyens de supporter les déficits abyssaux des caisses d’assurances maladies des pays voisins, l’ANAM multiplie les projections pour maîtriser ses dépenses et garantir la pérennité des différentes caisses de prévoyance.
Selon M. Chakib Tazi, qui a animé une conférence au sujet de l’apport du secteur pharmaceutique dans le renforcement de la couverture médicale de base, le remboursement des médicaments représenterait 42% des dépenses des assurances maladies, 3% des assurés représentent à eux seuls 50% des remboursements et 4 à 5% des maladies accaparent 80% des ressources des caisses.
Tout en déplorant la prise en charge inappropriée de certaines maladies orphelines et la distribution en ambulatoire des médicaments en dehors des officines, le DG de l’ANAM a estimé qu’il était indispensable de prendre des mesures pour optimiser le fonctionnement des caisses d’assurances maladie. Parmi les mesures nécessaires pour atteindre ce but, il a cité: la refonte du système de fixation des prix et l’élaboration de protocoles de bonnes pratiques dont certains ont déjà vu le jour grâce à la collaboration des sociétés savantes. Monsieur Tazi a également précisé que l’industrie pharmaceutique doit contribuer à l’amélioration de l’accès aux médicaments, y compris certains médicaments essentiels « non génériqués » jusqu’à présent.
Pour finir, il a rappelé que seule la généralisation de la couverture garantirait la survie des caisses. Cette généralisation s’accompagnera automatiquement d’une augmentation de la consommation des médicaments avec des retombées positives sur l’industrie et sur l’emploi.
Le représentant du SGG, M. AMAR Mohammed Réda, Chef de Division au Secrétariat Général du Gouvernement, a fait une présentation de l’ensemble des dispositions de la loi 17-04 qui façonnent le cadre juridique de l’industrie et de la répartition pharmaceutique au Maroc.
La présentation de M. Amar a été suivie par celle du Directeur du médicament et de la pharmacie, Dr. Omar Bouazza, qui a traité la vision du ministère de la santé par rapport à l’industrie pharmaceutique. Tout en insistant sur l’apport indéniable de l’industrie pharmaceutique, il a estimé que cette dernière doit rester à la pointe du progrès scientifique et médical pour relever le défi de la mondialisation, qu’elle doit émerger et percer les marchés étrangers et qu’elle doit maintenir et consolider sa mise à niveau pour pouvoir répondre aux standards internationaux de qualité. Tous ces défis ne pourront se réaliser, toujours selon Dr. Bouazza, que par l’adoption d’une vision concertée et consensuelle en matière de médicaments dans un climat de confiance et de transparence en gardant le citoyen au cœur des réflexions.
Pour finir, le président du COPFR a fait un état des lieux critique et constructif, du secteur dans sa globalité. Il a par la suite fait état d’un certain nombre de pistes à explorer pour que ce secteur puisse répondre aux attentes du pays. A l’image de nombreux participants, M. Lamrini n’a pas manqué de regretter la non publication de certains textes de loi que tous les intervenants du secteur attendent depuis la publication de la loi 17-04 en 2006.
Pharmacies.ma - 18 mai 2012