MODE D'EMPLOI DES MÉDICAMENTS: LES RÉGLES D'OR
Abdelkader EL JABRI - Docteur en pharmacie - Taourirt
25 Décembre 2004 -
Voie orale
- Ne jamais écraser, croquer ou sucer les comprimés à libération prolongée, les formes matricielles, les comprimés osmotiques et les formes gastro-résistantes.
- Ne pas fractionner les formes retard ou gastro-résistantes, à moins qu’elles ne portent une barre de sécabilité.
- En principe, on peut ouvrir les gélules contenant des microgranules à enrobage gastro-résistant ou à libération prolongée (sphéroïdes chronodialysants), à condition de respecter l’intégrité des microgranules.
- En général on ne doit pas ouvrir une gélule classique, ni écraser un comprimé conventionnel, sauf mention contraire.
- D’une manière générale, un comprimé écrasé ou une gélule ouverte doivent être administrés immédiatement.
- Ne jamais administrer des comprimés chez l’enfant de moins de six ans (risque de fausse route).
- Mis à part la voie per os et la perfusion de nutriments, toutes les autres voies d ’administration des médicaments sont compatibles avec le jeûne, y compris la voie sublinguale (comprimés sublinguaux).
- Utiliser de l’eau non gazeuse (eau bouillie et refroidie) pour la préparation des poudres et granulés pour sirop…
- Respecter les délais de conservation après ouverture du flacon d'une solution ou reconstitution d'une poudre.
- Bien agiter une suspension avant de s’en servir.
- La forme goutte est plus concentrée que la forme sirop d'un même médicament : faites attention aux confusions.
- Faites boire à l’enfant les liquides ayant mauvais goût à l'aide d'une paille.
- Pour éviter d’endommager ou de colorer les dents, faites boire les préparations acides ou ferrugineuses (Maltofer°…) avec une paille.
- Il faut toujours utiliser le dispositif de mesure présent dans le conditionnement d'une solution (goutte, sirop…).
- Une poudre orale doit toujours être délayée dans un demi-verre d’eau avant d'être avalée.
- Conserver les sirops préparés, les ovules et les suppositoires au réfrigérateur.
Voie parentérale
- Ne jamais injecter en IV une forme retard (suspension ou solution huileuse) : risque de thrombose. Injecter exclusivement en IM profonde (muscle fessier), en SC ou e n intra-articulaire. Solutions huileuses : Androtardyl°, Déca-Durabolin°, Dépo-Provéra°, Modécate°, Noristérat°, Piportil°, Progestérone° Retard Pharlon, Stérogyl°, Sustanon°, Tocogestan°… …
Suspensions : Céléstène-Chronodose°, Diprostène°, Extencilline°, Kenacort° Retard, Dépo-Médrol°, allergènes, v accins et insulines (hormis les insulines d’action brève)
- L’injection d’une suspension (IM ou SC) est plus douloureuse que l’injection d’une solution.
- Ne jamais pratiquer des injections IM chez un malade sous anticoagulant (AVK et héparines)…
- Ne jamais injecter dans le muscle fessier d’un enfant qui marche depuis moins d’un an.
- Si vous devez injecter plus de 5 ml divisez la solution et injectez-la en deux endroits.
- On peut utiliser le muscle deltoïde pour des injections IM de 2 ml ou moins chez l’adulte.
- Une injection IV en bolus (la totalité du médicament étant administrée sur un temps court) doit toujours se f aire lentement (environ 3 minutes).
- La voie IV autorise l’injection de substances nécrosantes interdisant la voie IM (moutarde d’azote). Donc toute solution destinée à la voie IV n’est pas automatiquement injectable par voie IM ou SC ni administrable per os.
- A l’exception des insulines Actrapid° HM, Umuline° rapide…, toutes les insulines sont sous forme de suspension qu’il faut agiter, au moins 20 fois, juste avant chaque injection, pour bien les homogénéiser.
- Les préparations injectables pour perfusion (solutés massifs) doivent être stériles, apyrogènes et isotoniques, à la rigueur hypertoniques mais jamais hypotoniques (risque d’hémolyse) et ne doivent pas contenir de conservateurs.
- Pour perfuser un volume donné en 1 heure (ou 3 ou 8 ou 24 heures), appliquer la formule suivante : Nombre degouttes/minute = Volume en ml divisé par 3 (ou 9 ou 24 ou 72).
- Vérifier l’étanchéité d’un flacon pour perfusion conditionné sous vide avant sa délivrance : frapper avec le poing sur le fond du flacon retourné. On entend un claquement caractéristique du vide dit : « marteau d’eau ».
- Le verre de couleur est utilisé pour les ampoules buvables. Seuls les matériaux transparents sont autorisés pour la voie parentérale, afin de vérifier la limpidité et l’homogénéité de la préparation avant injection (exception faite aux produits sensibles à la lumière).
- Le Gauge ou G est une forme d’expression du diamètre externe d’une aiguille ou d’un cathéter variant de 7 à 30, ce qui correspond respectivement à 4,57 et 0,31 mm. Le numéro est inversement proportionnelle au diamètre (un cathéter 20G a un débit de perfusion inférieur à celui d’un cathéter 16 G).
Voie cutanée
- Appliquer les pommades sur les lésions sèches, squameuses, lichénifiées, kératosiques, très croûteuses ainsi que les lésions ulcérées ;
- Ne mettez jamais une pommade sur les paupières ou dans le conduit auditif externe, sauf si cela est prescrit. La pommade pourrait se solidifier et obturer le conduit auditif.
- Appliquer les democorticoïdes une seule fois par jour : effet réservoir de la peau.
- Appliquer les crèmes sur les lésions aiguës, suintantes et érythémateuses, au niveau des plis et sur les muqueuses et les semi-muqueuses ;
- Appliquer les laits sur les lésions très irritées, les peaux très fragiles (nourrissons), les muqueuses et les semi-muqueuses(balanites, vulvites) ;
- Appliquer les gels sur les régions pilleuses ;
- Eviter l’application des gels sur les muqueuses et en particulier sur la vulve.
- Appliquer les pâtes sur les dermites suintantes (propriétés occlusives et protectrices) ;
- Appliquer les lotions sur les zones pilleuses et sur certaines lésions étendues ;
- Appliquer les poudres dans les plis…
- Les topiques s’emploient en Onction : friction douce de la peau avec une substance grasse ; en friction : application par massage ; en étalement simple : pénétration quelconque; en étalement plus une friction : favorisant l’échauffement du système pilo-sébacé qui provoque une vasodilatation périphérique, un afflux sanguin et donc une meilleure pénétration; en application épaisse dite occlusive : favorisant une élévation de la température et une hydratation induisant la pénétration ; en application suivie d’un pansement : elle provoque un échauffement local donc une vasodilatation et une hydratation entraînant une bonne pénétration.
- La perméabilité de la peau est importante au niveau du scrotum (x 42), angle de la mâchoire (x 13), front (x 6), creux axillaire (x 3,6), cuir chevelu (x 3,5), dos (x 1,7)… avant-bras (x 1)… La perméabilité de la peau est faible au niveau des paumes des mains (x 0,83), face latérale du poignet (x 0,42), plantes des pieds (x 0,14)…
- La peau du nourrisson et du jeûne enfant est nettement plus perméable aux médicaments que celle de l’adulte.
- Les préparations magistrales ont une durée de vie très courte limitée par le rancissement (conserver au réfrigérateur).
- Contrairement à une idée répandue, l’alcool éthylique est moins efficace à 90° qu’à 70°. L’alcool à 90° est irritant, de plus, en coagulant rapidement les protéines (qui forment un gel imperméable), il laisse donc pulluler les germes de surface.
- Compte tenu des interférences possibles (production de composés toxiques, antagonisme, inactivation), l’emploi successif ou simultané d’antiseptiques ou de savons est à éviter sans un rinçage soigneux intermédiaire.
- Le permanganate de potassium (KMnO4) est caustique à une concentration > 1/5000 (utiliser une dilution à 1/10000).
- Appliquer les solutions antiverrue et les coricides une seule fois par jour uniquement sur la lésion à traiter sans déborder sur la peau saine. Limer doucement la lésion tous les 2 à 3 jours à la lime en carton ou à la pierre ponce.
- Appliquer les solutions filmogènes (vernis unguéaux) 1 à 2 fois par semaines (Locéryl° 5%, Mycoster° 8%).
- Appliquer un écran total une demi-heure avant exposition solaire et renouveler l’application toutes les heures et après chaque baignade ou poussée de sudation.
- L’indice d’un écran total solaire indique celui des UVB (effet érythématogène), il doit être supérieur ou égal à 15. Quant au UVA (responsables du vieillissement actinique de la peau) il est rarement précisé
- Tester la sensibilité individuelle lors des premières applications d’un topique sur le visage (antiacnéïques et cosmétiques notamment) : faire des applications répétées sur une petite surface = touche d’essai (sur la face externe de la main).
- Ne pas appliquer un patch sur les régions pileuses et dans les plis (macération). Appliquer le patch sur une peau sèche, à pilosité rare et indemne de toute lésion (bras, abdomen, région lombaire, paroi latérale du thorax…). Les bains et les douches sont possibles avec un patch en place (l’eau ne doit pas être trop chaude).
- Il est inutile d’appliquer un patch sur un temps court (délai de libération du principe actif long et étalée dans le temps). Le patch doit être gardé pendant 24 heures.
- Ne jamais couper un patch. Ne jamais laisser un patch à la portée des enfants. Jeter les systèmes utilisés après les avoir pliés. Le mâchouillage d’un patch à la nicotine (même usagé) peut être mortel !
Voie transmuqueuse
- Pour éviter une contamination, il est vivement recommandé de ne pas toucher l’œil ou la paupière avec l’embout du flacon d’un collyre ou avec le tube d’une pommade ophtalmique.
- Respectez un intervalle de 15 à 30 minutes entre les applications de 2 collyres ou de 2 pommades ophtalmiques différents car l’un peut nuire à l’efficacité de l’autre.
- En principe, on peut administrer les gouttes oculaires en instillation auriculaires, mais pas l’inverse.
- En général, les collyres et les pommades ophtalmiques se conservent pendant 4 semaines après ouverture du flacon.
- Les collyres dotés d’un système ABAK° (Cromabak°, Larmabak°, Timabak°)se conservent pendant 8 semaines, après ouverture du flacon.
- Pour ouvrir les collyres suivants : Bentos°, Catarstat°,Dacryoserum°, Désomédine°, Dulcilarmes°, Dulciphak°, Kératyl°, Naaxia°, Vitaphakol°…, visser le bouchon à fond pour percer le flacon.
- Eviter l’usage du coton-tige pour le nettoyage des oreilles, utiliser plutôt des gouttes céruménolytiques (A-Cérumen°…).
- Le suppositoire doit être introduit dans l’anus non pas par l’extrémité pointue mais par l’autre. Le réflexe du sphincter anal sur l’extrémité pointue permettant de chasser le suppositoire dans l’ampoule…
- Ne pas utiliser les suppositoires plus de 4 fois par jour.
- Ne pas utiliser les suppositoires en cas de rectites, d’hémorroïdes ou de diarrhées.
- Humecter l’ovule ou mouiller le comprimé gynécologique avant de le mettre au fond du vagin puis rester allongée pendant un quart d’heure pour faciliter leur diffusion.
- Ne pas arrêter le traitement par les ovules pendant les règles.
- Eviter pendant le traitement par les ovules les rapports conjugaux, les tampons vaginaux, les injections vaginales.
- Eviter les savons acides pour la toilette intime chez la femme (favorisent les candidoses), utiliser des savons neutres ou légèrement alcalins (Sanisop° (pH neutre), Septidol° 8 gel intime nettoyant pH 8, Sédastéril° pH neutre…).
- Utiliser une chambre d’inhalation (Babyhaler°) pour administrer un aérosol-doseur chez l’enfant âgé de moins de 6 ans (mauvaise coordination main-poumon).
- Il faut se rincer la bouche et avaler un verre d’eau après usage d’un aérosol-doeur à base de corticoïdes, ceci permet de prévenir le risque de candidose oro-pharyngée et la raucité de la voix.
Divers
- L’association des agents anti-infectieux suivants est réputée synergique : Bêta-lactamines (Pénicillines et Céphalosporines) + Aminosides - Céphalosporines de 3ème génération + Fluoroquinolones - Pénicillines antistaphylococciques + Acide fusidique - Aminosides + Macrolides, Lincosanides (clindamycine, lincomycine), Streptogramines (pristinamycine) - Aminosides + Vancomycine - Macrolides + Métronidazole.
- L’association des agents anti-infectieux suivants est réputée avoir un effet antagoniste : Bêta-lactamines + Chloramphénicol
- Aminosides + Chloramphénicol - Fluoroquinolones + Chloramphénicol, Tétracyclines - Macrolides + Chloramphénicol.
- Les laits infantiles 1er âge s’utilisent de la naissance à 4 mois ; les laits 2ème âge, de 5 mois à 1 an ; et les laits de croissance de 1 à 3 ans.
- Une fois ouverte, la boite de lait infantile peut se conserver pendant 3 à 4 semaines à condition de bien la refermer et de la maintenir dans un endroit sec et frais.
- Besoin quotidien en lait : le 1/10 du poids (en g) + 200 ou 150 à 180 ml / kg / jour.
- Les tranches d’âges conventionnelles sont : 0 à 1 mois = nouveau-né ; 1 à 30 mois = nourrisson ; 30 mois à 15 ans = enfant ; à partir de 15 ans = adulte. La femme en âge de procréer : 15 à 49 ans.