JEÛNE CHEZ LE DIABÈTIQUE :
LA VIGILANCE RESTE TOUJOURS DE MISE 

Abderrahim Derraji - Docteur en Pharmacie - Pharmanews n° 193 – 24 juin 2013

Même si le verset 184 de Sourate AL-BAQARAH dispense clairement et sans équivoque les malades de l’observance du jeûne durant le mois du Ramadan (1), un nombre important d’entre eux persiste à jeûner malgré les nombreux risques encourus.

Parmi ces malades, les diabétiques constituent une population particulièrement vulnérable. L’étude rétrospective transversale EPIDAR (2) qui a été menée sur 12243 patients diabétiques appartenant à 13 pays a mis en évidence une augmentation significative des cas d’hypoglycémie sévère chez les diabétiques pratiquant le jeûne.

L’impact du jeûne change selon le type de diabète. En ce qui concerne le diabète de type1, diabète se caractérisant par un défaut de production d’insuline, le patient n’a d’autre choix que de procéder à des injections régulières pour maintenir un taux d’insulinémie nécessaire au maintien d’une glycémie normale et stable. Cette injection peut être envisagée durant le mois de Ramadan le soir ou très tôt le matin.

A la différence de l’insuline lente, l’insuline rapide permet de contrôler les montées glycémiques qui peuvent survenir après les repas. Les injections doivent donc précéder les repas. Le Pr. Bertrand Cariou, endocrinologue au CHU de Nantes explique qu’« un diabétique de type 1 qui gère sa glycémie peut très bien respecter le Ramadan ». Il estime cependant que le jeûne doit être contre-indiqué chez tout patient dont le diabète serait mal équilibré.

En ce qui concerne les patients souffrants de diabète type 2, le traitement par certains antidiabétiques oraux les expose à l’hypoglycémie. Ces mêmes patients peuvent également faire des hyperglycémies en cas de défaut d’observance de leur traitement. Toujours selon le Pr. Cariou, « les progrès des traitements ne font en effet plus du diabète une contre-indication stricte à l’observance du Ramadan ».Néanmoins, l’auto surveillance et la prise en considération de certaines complications du diabète restent primordiales.

A quelques semaines du mois de Ramadan, les nombreux risques auxquels sont confrontés les diabétiques devraient inciter les professionnels de la santé à mettre en place un suivi médical et une sensibilisation permettant d’anticiper les complications liées au jeûne. Le médecin traitant a plus que jamais un rôle central pour aider le patient à prendre la décision qui s’adapte le plus à son cas. Tandis que le pharmacien a un rôle primordial dans la sensibilisation des patients et dans leur orientation.

Enfin, l’entourage du patient a aussi un rôle très important à jouer dans cette prise en charge du patient diabétique. Par leur connaissance des signes avant-coureurs de l’hypoglycémie tels que la transpiration, les vertiges, la sensation de faim ou l’irritabilité, ils peuvent éviter aux patients l’hypoglycémie et ses dangers.

 

(1) « Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu'il jeûne un nombre égal d'autres jours, etc…»
(2) Epidemiology of diabetes and Ramadan 1422/2001