DIABÈTE : LE PLUS DIFFICILE EST À VENIR…
Abderrahim Derraji, Docteur en pharmacie - PHARMANEWS N° 214 – 18 novembre 2013

La journée mondiale du diabète, célébrée le jeudi dernier, a été lancée en 1991 comme réponse à la progression inquiétante du diabète à travers le monde. La date du 14 novembre a été retenue pour rendre hommage à Frederick Banting et Charles Best qui sont à l'origine de la découverte de l'insuline en 1922. Depuis cette date, l'insuline, sous toutes ses formes, a révolutionné la prise en charge du diabète et particulièrement le diabète de type I.

Le diabète est l’une des maladies non transmissibles les plus fréquentes à travers le monde, sa prise en charge constitue, de plus en plus, un des soucis majeurs pour la communauté internationale. Ceci est d'autant plus inquiétant que cette maladie complexe, chronique et évolutive peut, si elle est mal soignée, entraîner des lésions tissulaires qui provoquent les nombreuses complications du diabète pouvant dans certains cas compromettre le pronostic vital.

En raison de sa croissance exponentielle, cette maladie s'apparente de plus en plus à une épidémie. Le nombre de diabétiques qui ne dépassait guère les 30 millions à travers le monde en 1985, est estimé aujourd'hui à 371 millions. Et d'après les experts de la Fédération Internationale du Diabète (FID), ce nombre devrait atteindre le demi milliard en 2030.

Au Maroc, le nombre de diabétiques avoisinerait 1,5 millions et la prévalence comparative du diabète serait de 7%. Cette maladie reste sous diagnostiquée dans notre pays puisque 50% des diabétiques s'ignorent.

Le côté sournois de cette maladie fait d'elle une vraie bombe à retardement. C'est ce qui a poussé le ministère de la santé à faire de la lutte contre le diabète une des priorités de la Stratégie Sectorielle de Santé 2012-2016.

Le ministère de la santé alloue un budget annuel de 63 millions de Dirhams à l'achat d'insulines et 74 millions de Dirhams à l'achat d'antidiabétiques oraux. Cette enveloppe budgétaire permet la prise en charge de 500000 diabétiques, dont 220000 insulino-dépendants.

Parmi les actions phares menées par le ministère de la santé, la mise en place d'un programme de dépistage du diabète chez les personnes à haut risque au niveau des centres de santé. Ce programme concerne quelques 500.000 personnes par an, essentiellement les hypertendus, les obèses, les femmes enceintes, les femmes ayant eu un diabète gestationnel et les personnes ayant des antécédents familiaux.

Tout en saluant les efforts fournis par les différents départements du ministère de la santé dans la lutte contre ce fléau, on espère que ces derniers mettront tout en œuvre en faisant appel aux  différents opérateurs du secteur, pour garantir une formation spécifique sur le diabète aux médecins omnipraticiens, aux pharmaciens et aux autres professionnels de la santé pour qu'ils puissent combler le déficit criant en endocrinologues qui sévit dans de nombreuses régions du Maroc. Par ces formations et par l'apport d'une éducation thérapeutique efficiente, on devrait pouvoir réduire les graves complications de cette maladie telles que la cécité, la néphropathie, les maladies cardiovasculaires et les amputations des membres inférieurs.

Abderrahim Derraji, Docteur en pharmacie - PHARMANEWS N° 214 – 18 novembre 2013