Article N° 8236
Analogues du GLP-1
Obésité : l’OMS publie ses premières recommandations sur l’usage des analogues du GLP-1
Abderrahim Derraji - 08 décembre 2025 07:57L’obésité touche aujourd’hui plus d’un milliard de personnes dans le monde. Elle a causé 3,7 millions de décès rien qu’en 2024. Cette situation alarmante a poussé l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à publier, pour la première fois, des lignes directrices mondiales sur l’utilisation des analogues du GLP-1 dans le traitement de l’obésité chronique ou récidivante. Cette décision marque une évolution majeure dans la politique internationale de prise en charge d’une maladie dont la prévalence pourrait doubler d’ici 2030.
En septembre 2025, l’OMS avait déjà inscrit ces médicaments sur sa liste des traitements essentiels pour le diabète de type 2. Les nouvelles directives élargissent désormais leur champ d’utilisation à l’obésité, dans le cadre d’une stratégie globale combinant alimentation équilibrée, activité physique et accompagnement thérapeutique. Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus souligne que l’obésité est une maladie chronique nécessitant une prise en charge à vie, les analogues du GLP-1 pouvant aider des millions de personnes sans toutefois constituer une solution unique à cette crise mondiale.
Les lignes directrices reposent sur deux recommandations majeures.
La première précise que les analogues du GLP-1 peuvent être utilisés chez les adultes pour un traitement au long cours de l’obésité, sauf pendant la grossesse. Si leur efficacité en termes de perte de poids et d’amélioration métabolique est avérée, cette recommandation reste prudente en raison du manque de données sur leur innocuité à long terme, de leur coût élevé et des limites actuelles des systèmes de santé.
La deuxième recommandation encourage l’association de ces traitements à des interventions comportementales intensives et structurées, bien que les preuves de leur impact additionnel sur les résultats demeurent limitées.
L’OMS rappelle que les médicaments ne résoudront pas, à eux seuls, le problème de l’obésité, qui constitue également un enjeu sociétal et économique majeur. Son coût global pourrait atteindre 3 000 milliards USD par an d’ici 2030. La lutte contre cette maladie nécessite une transformation profonde des politiques publiques, passant par la création d’environnements favorables à la santé, le dépistage précoce des personnes à risque et un accès équitable à des soins centrés sur la personne tout au long de la vie.
Les directives attirent également l’attention sur les défis liés à l’accès équitable aux analogues du GLP-1. Sans mesures adaptées, l’introduction de ces traitements pourrait accentuer les inégalités de santé. Actuellement, moins de 10 % des personnes ayant besoin de ces médicaments devraient y avoir accès d’ici 2030. L’OMS appelle donc à des stratégies mondiales telles que les achats groupés, la tarification différenciée et les licences volontaires pour élargir leur disponibilité.
Ces nouvelles lignes directrices, élaborées en consultation avec des experts et des personnes concernées, constituent l’un des piliers du plan d’accélération de l’OMS contre l’obésité.
L’organisation poursuivra, en 2026, la mise en place d’un cadre transparent destiné à garantir que les populations les plus vulnérables soient les premières à bénéficier de ces innovations thérapeutiques.
Source : OMS
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