Article N° 8234
Hydrochlorothiazide
Hydrochlorothiazide: L’Académie de médecine rappelle les recommandations par l’ANSM
Abderrahim Derraji - 01 décembre 2025 18:19L’hydrochlorothiazide, utilisé seul ou en association, figure parmi les traitements antihypertenseurs les plus prescrits en France, avec plus d’un million de patients exposés chaque année. Sa place dans la prise en charge de l’hypertension artérielle s’explique par son efficacité démontrée, sa simplicité d’utilisation et une tolérance généralement satisfaisante. Toutefois, depuis plusieurs années, les données de pharmacovigilance ont mis en évidence un risque accru de carcinome épidermoïde cutané et des lèvres, risque dose-dépendant et corrélé à la durée d’exposition. Ce sur-risque s’explique principalement par les propriétés photosensibilisantes et phototoxiques de l’Hydrochlorothiazide qui est susceptibles d’altérer l’ADN des kératinocytes lorsqu’ils sont exposés aux UV.
Dans un récent communiqué, l’Académie de médecine (France) rappelle les recommandations publiées par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) afin de renforcer la prévention auprès des professionnels de santé et de leurs patients.
Avant toute initiation du traitement, le médecin doit vérifier l’absence d’antécédent personnel de carcinome cutané et réaliser un examen minutieux de la peau et des lèvres. Un antécédent de cancer cutané ne constitue pas une contre-indication absolue, mais impose une surveillance dermatologique renforcée, idéalement deux fois par an. Cette vigilance initiale permet non seulement d’identifier des lésions préexistantes, mais aussi de sensibiliser le patient aux signes à surveiller.
À chaque renouvellement d’ordonnance, l’examen cutané doit être systématique, en insistant sur les zones découvertes : visage, cuir chevelu, oreilles, nuque, avant-bras et mains. Ces régions plus exposées au soleil ont un risque plus important de développer un carcinome.
Le rôle d’éducation thérapeutique du prescripteur est central. Ce dernier, doit encourager un autoexamen régulier de la peau et des lèvres, apprendre au patient à détecter précocement des signes d’alerte (plaque persistante, croûte, ulcération, lésion qui saigne ou ne cicatrise pas), et insister sur l’importance de la photo-protection quotidienne, même en dehors des périodes estivales. Cela implique le port de vêtements couvrants, de chapeaux à larges bords, et l’utilisation de crèmes solaires à large spectre (UVA/UVB) avec un indice élevé (SPF 50+), appliquées généreusement et régulièrement.
Enfin, le pharmacien, lors de la dispensation du médicament, joue un rôle clé dans la prévention. Il doit rappeler au patient les mesures de photoprotection, l’inciter à l’auto-surveillance et l’encourager à consulter son médecin dès l’apparition de la moindre lésion suspecte.
En renforçant cette chaîne de vigilance médecin–pharmacien–patient, il est possible de réduire significativement le risque cutané lié à l’hydrochlorothiazide, tout en maintenant les bénéfices cardiovasculaires de ce traitement essentiel.
Source : UNIVADIS
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