Article N° 6041

GRÈVE

La grève : oui, mais !

Zitouni IMOUNACHEN - 28 mai 2018 11:50

Lors du conseil fédéral qui s’est tenu le 4 mai 2018 à El Jadida, la Fédération nationale des syndicats de pharmaciens du Maroc (FNSPM) a appelé à une grève nationale le 27 Juin 2018. À un mois de la date fatidique, on doit faire le point quant aux préparatifs et de la pertinence de celle-ci.

Tout d’abord, l’élément clé qui décide de la réussite de toute grève est la capacité des organisateurs, en l’occurrence la FNSPM, à unir toutes les entités représentant notre profession autour du même mot d’ordre. Faire une grève en ordre dispersé est le meilleur moyen de précipiter son échec. De même, pour réussir la grève, elle doit se faire autour de revendications claires, nettes et faisant l’unanimité. En effet, une journée de travail en moins représente une perte économique non négligeable pour les pharmaciens d’officine. Pour parvenir à les mobiliser, il faut organiser des réunions à travers le royaume pour les informer, les sensibiliser et les convaincre, car beaucoup de pharmaciens ignorent encore aujourd’hui les véritables enjeux de cette grève.



Sans l’union de toutes les composantes représentant la profession et sans une véritable capacité de mobilisation, la grève, si celle-ci a lieu, sera inévitablement vouée à l’échec. Et l’échec de la grève aboutira à l’effet contraire de ce que nous recherchons. Car, en mettant à nu nos dissensions internes et notre faiblesse à nous défendre, nous deviendrons une proie facile et une cible de choix à chaque fois que l’administration voudra faire bonne figure auprès de l’opinion publique.

La grève est une affaire très sérieuse et dont l’usage doit relever de l’exception. Elle doit être utilisée telle une arme de dissuasion. Se contenter de la brandir avec parcimonie et en choisissant le moment propice est souvent plus efficace que le passage à l’acte. Mais pour cela, nous devons éviter de galvauder cette arme jusqu'à sa banalisation. Car cela finira par vider la grève de son sens et la propulsera dans le temple de l’ordinaire et de l’inefficacité.

Enfin, s’il doit y avoir grève, celle-ci doit se faire dans les règles de l’art. Les pharmaciens d’officine seront derrière toute action concertée, réfléchie et bien préparée. Si, par contre, la grève ne répond pas aux conditions requises à son succès, alors les pharmaciens risquent fort de ne pas suivre le mouvement, et dans ce cas au lieu d’obtenir une amélioration de notre situation, nous risquons d’être discrédités et de perdre les quelques acquis dont nous disposons, pour le moment.

Source : PharmaNEWS 443