Article N° 6015
GRÈVE
Pharmaciens : une grève nationale se profile à l’horizon
Rédaction de Pharmacie.ma - 01 mai 2018 10:23La Fédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM) a adressé une convocation aux présidents des syndicats des pharmaciens pour prendre part à un Conseil Fédéral qu’elle a qualifié « d’urgent ».
Ce Conseil fédéral qui aura lieu le vendredi 4 mai à EL Jadida, aura comme ordre du jour :
- Préparation et fixation de la date de la grève nationale,
- mise au point du « dossier revendicatif »,
- et la préparation de la campagne médiatique et conférence de presse
Source : PMA
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Pharmaciens français et pharmaciens marocains : Un même combat !
Le 30 mai prochain, les officines françaises fermeront leurs portes pour une journée de mobilisation nationale à l'appel de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Cette action coup-de-poing vise à alerter le gouvernement sur les graves difficultés auxquelles est confrontée la profession et à exiger des mesures concrètes pour la sauver.
À l'origine de ce ras-le-bol : un plan d'économies de 10 milliards d'euros pour l'année 2024, annoncé par le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire. Ce plan, qui prévoit notamment une baisse des marges sur certains médicaments, menace de fragiliser encore plus une profession déjà à bout de souffle.
En effet, depuis 2022, les pharmaciens d'officine n'ont bénéficié d'aucune revalorisation économique de l'assurance maladie, contrairement à d'autres professions du secteur. Cette situation, conjuguée à l'augmentation constante des charges et aux pénuries récurrentes de médicaments, met en péril la viabilité même des officines.
Les conséquences de ces difficultés se font déjà ressentir sur les patients. Les pharmaciens, débordés par les tâches administratives et la recherche de solutions alternatives aux pénuries, ont de moins en moins de temps à consacrer à l'accompagnement et au conseil de leurs patients.
Face à cette situation alarmante, l'USPO appelle à une mobilisation massive de la profession. Le 30 mai, les officines fermeront leurs portes pour une journée, afin de montrer leur détermination et de faire pression sur le gouvernement.
En plus de cette action coup-de-poing, l'USPO a également déposé un préavis de grève et a appelé à l'union de tous les syndicats départementaux et régionaux. De nombreux syndicats, dont la FSPF et l'USPO, ont déjà répondu à cet appel, notamment en PACA, Corse, Occitanie, Lorraine, Drôme, Ardèche, Pas-de-Calais et Nord.
L'USPO exige du gouvernement des mesures concrètes pour sauver la pharmacie d'officine, notamment une revalorisation économique immédiate pour compenser les pertes subies, une augmentation des marges sur certains médicaments essentiels, un renforcement de la transparence des données sur les stocks de médicaments et des mesures contraignantes pour obliger les laboratoires à «libérer les stocks» et à lutter contre les pénuries.
La mobilisation du 30 mai n'est que la première étape d'une lutte déterminée pour sauver une profession en danger. L'USPO appelle tous les pharmaciens et les patients à se mobiliser pour que leurs voix soient entendues.
On ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec le Maroc, pays où la dérégulation du secteur, l'entrée en vigueur du décret de fixation des prix des médicaments en 2014 sans mesures compensatoires et les lobbys exercés par d'autres intervenants ont plongé la pharmacie dans une crise sans précédent. En mai 2023 déjà, les pharmaciens marocains avaient exprimé leur colère lors d'une mobilisation exceptionnelle. Un an plus tard, la situation n'a fait que s'aggraver, et les promesses de l’administration n'ont toujours pas été concrétisées en mesures palpables pour sauver la profession.
Face à ces défis communs, les pharmaciens français et marocains n’ont d’autres choix que de poursuivre leur mobilisation pour défendre leur profession. Le sort de la pharmacie en France et au Maroc est en jeu. Il est crucial que les gouvernements prennent la mesure de la gravité de la situation et mettent en place des solutions pérennes pour sauver cette profession essentielle au système de santé.
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Un an après la grève : aucun «essai» transformé !
Dans une lettre adressée aux pharmaciens, Mohamed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc, fait le bilan un an après la grève générale suivie par la quasi-totalité des pharmaciens le 13 avril 2023. Ce pharmacien de Casablanca a souligné dans son courrier que ce mouvement de protestation faisait suite à l'annonce du Conseil de la concurrence, qui a pointé du doigt les marges jugées excessives des pharmaciens. À la suite de cette grève, une commission entre les représentations syndicales et le ministère de la Santé a tenu plusieurs réunions afin d’apporter des solutions aux problématiques soulevées par la profession.
Bien que l'administration se soit montrée réceptive aux différentes revendications de la profession, les travaux de la commission mixte ne se sont pas encore traduite en mesures concrètes en phase avec les attentes des pharmaciens.
Parallèlement, la Loi 98-18 relative à l'Ordre national des pharmaciens a été publiée au Bulletin officiel le 29 février dernier. Cette loi très attendue par les pharmaciens permettra dans un premier temps l'organisation des élections ordinales. Mais pour que les dispositions de cette loi deviennent effectives, les pharmaciens doivent, une fois de plus, faire preuve de patience. Dans les deux cas, ils n’ont d’autre choix que d’attendre, alors que le temps leur est précieux. L'administration, occupée par d'autres urgences, semble sous-estimer les risques encourus par la profession à court, moyen et long terme.
Aujourd'hui, plus d'un tiers des pharmacies sont en difficulté et nécessitent des mesures urgentes pour les sauver. Quant aux autres officines, leur avenir est étroitement lié à un changement de paradigme, avec la mise en place d'un projet ambitieux pour faire évoluer la pratique officinale et la rémunération du pharmacien. La profession ne pourra pas non plus retrouver sa sérénité sans mettre en place des garde-fous garantissant l’ordre et la discipline, qui ne peuvent être imposés que par un Conseil de l’Ordre crédible, légitime et responsable.
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Réunion syndicats des pharmaciens-ministère de la Santé : une dizaine de revendications à l’étude
Les pharmaciens se sont réunis, mercredi dernier, avec des représentants de leur tutelle afin d’étudier le dossier revendicatif des pharmaciens. Cette rencontre a également permis de préparer un plan de travail et un échéancier.
D’après des représentants des pharmaciens qui ont pris part à la réunion qui s’est tenue la semaine dernière, l’administration a prévu deux autres rencontres qui seront suivies d’une réunion en présence du ministre de la Santé.
Lors de précédente réunion, les représentants de l’administration ont fait part aux représentants des pharmaciens d’un projet de circulaire en cours de finalisation. Ce projet a comme finalité de faire respecter le circuit légal du médicament.
En pratique, une dizaine de points seront à l’étude lors des prochaines réunions : circuit légal du médicament, Loi 98-18 et régionalisation des conseils, dispositifs médicaux, compléments alimentaires, produits vétérinaires, modèle économique de l’officine et rémunération du pharmacien, contribution du pharmacien à la CMU, etc.
Par ailleurs, les représentants de l’administration se sont engagés à veiller à ce que les représentants des pharmaciens soient impliqués dans tous les projets qui concernent les pharmaciens ce qui, en principe, aurait dû être la règle.
Les représentants des pharmaciens donnent l’impression d’apprécier les conditions dans lesquelles se déroulent les réunions avec l’administration qui va, espérons-le, mettre fin à une période de non-dialogue qui n’a que trop duré.
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