Combiner deux vaccins pour éradiquer
la polio (1)
Une étude clinique publiée jeudi 21
août dans la revue américaine
"Science", menée en Inde auprès de
plusieurs centaines d'enfants et de
nouveaux-nés, a montré que le fait
d'administrer le vaccin de Salk (IPV)
à des enfants ayant déjà eu
plusieurs doses du vaccin oral de
Sabin (OPV) conférait une immunité
plus importante.
Cette recherche confirme les
résultats d'une autre étude, faite
aussi en Inde, parue en ligne en
juillet dans le journal médical
britannique "The Lancet".
L'IPV, qui contient un virus mort,
est administré par injection tandis
que l'OPV, confectionné avec un
poliovirus vivant mais affaibli, est
administré oralement.
"Ces essais cliniques ont
révolutionné notre compréhension de
l'IPV et la manière de l'utiliser
dans nos efforts d'éradication
mondiale de la polio en assurant que
les enfants bénéficieront de la
meilleure protection et ce le plus
rapidement contre cette maladie",
souligne Bruce Aylward, directeur
général adjoint pour la polio de
l'Organisation mondiale de la santé
(OMS).
"Le vaccin IPV doit être utilisé
pour accélérer l'éradication du
virus dans les populations avec un
accès limité à la vaccination",
relève le chercheur Hamid Jafari, un
autre responsable de l'OMS et
principal auteur de cette dernière
étude clinique.
L'essai clinique en Inde a montré
que les enfants qui avaient reçu l'IPV
avaient moins de poliovirus dans
leurs selles ce qui réduit le risque
de propagation, un facteur essentiel
pour éradiquer le virus.
Une seconde dose de ce vaccin a
induit une immunité de la muqueuse
intestinale plus forte chez les
enfants ayant déjà reçu deux doses
du vaccin OPV.
Étant donné le risque d'épidémie
présenté par le vaccin OPV, il
faudra cesser de l'utiliser lorsque
l'éradication sera proche,
expliquent ces scientifiques. Dans
cette perspective, l'OMS a lancé un
appel à tous les pays pour qu'ils
aient recours au moins à une dose d'IPV
dans leurs campagnes d'immunisation
d'ici fin 2015.
Pour le moment, "les deux vaccins
se complètent et devraient être
utilisés pour briser les dernières
chaînes de transmission du virus et
parvenir à un monde sans polio plus
rapidement", insiste Roland
Sutter, coordinateur de la recherche
à l'OMS.
Chikungunya : un champignon capable
d'éliminer les moustiques
transmetteurs (2)
Des scientifiques argentins ont
découvert un champignon qui pourrait
bien permettre d'endiguer les
maladies transmises par les
moustiques telles que la dengue et
le chikungunya. En effet, ce
champignon serait capable de lutter
contre la propagation des moustiques
responsables de la dengue et du
chikungunya.
Connu sous le nom de Leptolegnia
chapmanii, le champignon aquatique
serait tout particulièrement
efficace pour tuer les larves de
moustiques et s'attaquerait à pas
moins de 15 genres d'insectes
différents y compris Aedes aegypti
et Aedes Albopistus, également connu
sous le nom de moustique tigre.
D'après les travaux publiés par les
chercheurs, l'attaque se ferait à un
stade précoce du développement du
champignon. Une spore se mettrait à
la recherche d'une larve de
moustique puis s'y accrocherait
avant de pénétrer à l'intérieur. De
là, le champignon commencerait à se
développer, à tel point qu'il
finirait par tuer la larve qui lui
sert d'hôte. Il sortirait alors du
cadavre en fabriquant d'autres
spores capables d'infecter eux aussi
d'autres larves. Selon les tests
menés et publiés dans la revue
Journal of the American Mosquito
Control Association, le champignon
pourrait conduire à plus de 90% de
mortalité chez les larves en 48
heures. Si cette efficacité varie en
fonction de la concentration en
larves dans le milieu où se trouve
le champignon, ce dernier
possèderait plusieurs avantages,
d'après les chercheurs. Insecticide
naturel En effet, Leptolegnia
chapmanii est capable de se
développer dans des eaux pures comme
sales, à des pH et des températures
variées. Autant d'éléments qui
pourraient faciliter son utilisation
et permettre un coût faible. Les
scientifiques pensent qu'il serait
possible de mettre au point un
liquide ou un objet soluble qui
"pourrait être introduit dans l'eau
pour que le champignon s'y développe
et élimine les larves", a expliqué
Juan Garcia qui dirige les
recherches.
Des médicaments anti-allaitement
pointés du doigt par l'Europe (3)
L'Agence européenne du médicament
(EMA) a recommandé jeudi de
restreindre fortement l'utilisation
des médicaments à base de
bromocriptine, encore couramment
prescrits en Europe pour stopper la
montée de lait après l'accouchement,
en raison d'un petit risque d'effets
indésirables graves.
La bromocriptine est une substance
active qui agit sur les circuits
nerveux de la dopamine. Elle est
utilisée chez des malades atteints
de la maladie de Parkinson, mais
elle est surtout prescrite aux
femmes qui viennent d'accoucher et
ne souhaitent pas allaiter.
«La bromocriptine ne doit pas
être utilisée de manière
systématique pour prévenir ou
stopper la lactation», indique
une recommandation approuvée par le
comité européen de coordination (CMDh),
qui est l'entité européenne
représentant les différentes agences
nationales du médicament. Les
médicaments contenant cette
substance ne devraient plus
désormais, selon le CMDh, être
prescrits que lorsqu'il existe des
«raisons impérieuses»
d'arrêter la lactation, comme
l'infection par le virus du sida ou
«pour éviter tout stress
supplémentaire après la perte d'un
bébé pendant ou juste après
l'accouchement».
La réévaluation de la bromocriptine
avait été demandée l'an dernier par
l'agence française du médicament
ANSM qui avait fait état d'effets
secondaires «rares, mais parfois
graves», principalement
cardiovasculaires (accident
vasculaire cérébral, infarctus et
hypertension artérielle) mais aussi
neurologiques (convulsions) et
psychiatriques (hallucinations).
Enfin, l'ANSM rappelle que la montée
laiteuse est un «processus
physiologique». «Si la femme
n'allaite pas, la lactation
s'interrompt d'elle-même en une à
deux semaines» ajoute-t-elle sur son
site, tout en précisant qu'il existe
des alternatives thérapeutiques à la
bromocriptine dans le cas où la
lactation doit être stoppée pour des
raisons médicales.
Le Botox freine la progression du
cancer de l'estomac (4)
Les professeurs Timothy Wang et Duan
Chen, respectivement de la faculté
de médecine de l’Université de
Columbia à New York et de
l’Université norvégienne de science
et de technologie, ont testé avec
des souris, chez lesquelles ils
avaient induit un cancer de
l’estomac, quatre méthodes de
suppression de l’influx nerveux qui,
toutes, ont bloqué la progression de
la tumeur. Ils ont sectionné les
nerfs tout autour du cancer chez
certains de ces rongeurs, sur un
côté seulement de la tumeur chez
d’autres, et supprimé dans un
quatrième groupe la production
d’acétylcholine avec du Botox.
Selon la revue Science, l’étude
menée sur 37 patients au Japon
opérés d’un cancer de l’estomac
montre que chez ceux dont
l’intervention comprenait davantage
de sectionnement des nerfs avaient
un taux beaucoup plus faible de
récurrence de la tumeur.
Des expériences initiales sur des
souris avec un cancer de l’estomac
avaient aussi montré qu’utilisé en
combinaison avec d’autres agents
anticancéreux, le Botox a allongé
leur survie jusqu’à 35 %
comparativement à une chimiothérapie
seule.
« Basé sur nos études animales, je
pense que le Botox ou d’autres
thérapies de dénervation vont
certainement doper l’efficacité des
chimiothérapies standard (...) et
des thérapies ciblées », a expliqué
le professeur Wang, qui note
toutefois les limites de ces
expériences qui ont visé seulement
des cancers de l’estomac au stade
précoce.
Pour l’heure, les résultats
encourageants des expériences sur
les souris avec le Botox ont
convaincu le professeur Chen de
commencer un essai clinique de phase
2 en Norvège avec des patients
atteints d’un cancer de l’estomac.
Ce chercheur souligne aussi que le
Botox, dont les effets sont très
localisés, est moins toxique que la
plupart des traitements cancéreux
standard, et moins onéreux et a
moins d’effets secondaires. Selon
eux, le Botox peut constituer un
traitement complémentaire pour les
malades dont le cancer de l’estomac
est inopérable ou ceux qui ne
répondent plus à la chimiothérapie.
Trente nouveaux médicaments sur le
marché (5)
Une liste d’une trentaine de
nouveaux médicaments qui feront
bientôt leur entrée sur le marché,
vient d’être publiée au Bulletin
officiel (n°6280 du 7 août) du
ministère de la santé. Plusieurs
familles thérapeutiques sont
concernées. Certains médicaments
sont des nouveautés, tandis que
d’autres ont tout simplement changé
de présentation. Parmi ces derniers,
figure Daivobet 0,5 mg, gel dermique
en flacon de 60 gr, qui sera proposé
à 635 dirhams en pharmacie et à 421
dirhams à l’hôpital. Ganfort,
collyre en flacon de 3 ml, utilisé
dans le traitement du glaucome, sera
commercialisé à 234 dirhams. Destiné
à l’infectiologie et à la
parasitologie, Menactra, en boîte de
1 flacon de 0,5 ml, sera vendu à 785
dirhams. La même référence en
formule de 5 flacons sera proposée à
2.457 dirhams.
Au niveau des génériques, Co-Anginib
12,5mg, en boîte de 60 comprimés,
destiné au traitement de
l’hypertension, sera introduit sur
le marché à 167,90 dirhams. Le prix
hospitalier du même médicament sera
de 128,60 dirhams. Toujours dans la
gamme des médicaments destinés au
traitement de l’hypertension,
Anginib 100 mg, en boîte de 30
comprimés, sera commercialisé à 163
dirhams dans les pharmacies
d’officine. La déclinaison en 50 mg,
présentée dans une boîte de 56
comprimés, sera vendue à 149,50
dirhams. Binocrit, utilisé dans les
cas d’anémie, fera également son
entrée. La solution injectable 1.000
UI, en boîte de 6, sera
commercialisée à 2.930 dirhams en
pharmacie et à 2.568 en milieu
hospitalier.
La décision ministérielle prévoit
également une liste de 5 médicaments
dont le prix a baissé suite à la
demande de certains laboratoires
dont les prix de certains produits
pharmaceutiques sont onéreux et qui
souhaitent gagner de nouvelles parts
de marché. Il s’agit de Calcinib
10mg, en boîte de 14 comprimés,
utilisé dans le traitement de
l’hypertension. Le prix public de
vente (PPV) a été ramené de 54,80
dirhams à 50 dirhams. La formule en
boîte de 28 sera vendue à 90 dirhams
au lieu de 98,90 dirhams auparavant.
Le PPV du Clopidogrel Win 75 mg,
antiagrégant plaquettaire, en boîte
de 14 comprimés, a été fixé à 183
dirhams au lieu de 195,80.
Apprendre à jouer du piano... en
dormant!(6)
Des chercheurs, dirigés par le Dr
Julien Doyon, directeur scientifique
de l'Unité de neuroimagerie
fonctionnelle du Centre de recherche
de l'Institut universitaire de
gériatrie de Montréal, ont fait
apprendre à un groupe de sujets une
nouvelle séquence de mouvements de
doigts, de type piano, sur un
boîtier. Le cerveau de ces sujets a
été observé à l'aide de l'imagerie
par résonance magnétique
fonctionnelle, lorsqu'ils
réalisaient cette tâche, avant et
après une période de sommeil. En
parallèle, les mêmes tests ont été
réalisés chez un groupe contrôle en
début et fin de journée, sans phase
de sommeil.
Les chercheurs avaient déjà démontré
que le putamen, une partie centrale
du cerveau, était plus activé chez
les sujets qui avaient dormi.
Parallèlement, ils avaient constaté
une amélioration de performance à la
tâche après la nuit de sommeil et
non après le simple passage du
temps. En utilisant une technique
d'analyse de connectivité cérébrale,
qui vise à identifier des réseaux
cérébraux et à mesurer leur niveau
d'intégration, ils ont constaté
qu'un réseau se dégageait des
autres: le réseau cortico-striatal,
composé des régions corticales et
sous-corticales, incluant le putamen
et les régions corticales associées.
"Après la nuit, on observe que ce
réseau est plus intégré que les
autres, c'est-à-dire que
l'interaction au sein des régions du
réseau est plus forte lorsque la
consolidation a eu lieu. La nuit
semble permettre une protection
active de ce réseau, ce que le
passage du temps durant la journée
ne permet pas. D'ailleurs, c'est
seulement la nuit de sommeil qui
laisse place à une meilleure
performance à la tâche", a ajouté
Mme Debas.
Ces résultats permettent de mieux
comprendre le rôle joué par le
sommeil dans l'apprentissage
d'habiletés motrices nécessitant une
nouvelle séquence de mouvements et
révèlent, pour la première fois, une
plus grande interaction entre les
régions du système cortico-striatal
à la suite d'une phase de
consolidation, après le sommeil.
"Nos résultats sont une porte
d'ouverture sur d'autres
possibilités de recherche, pouvant
nous mener à mieux comprendre les
mécanismes prenant place durant le
sommeil et qui rendent possible
cette meilleure interaction entre
les régions clés du cerveau. De
fait, plusieurs autres travaux de
mon laboratoire étudient le rôle des
fuseaux, lesquels correspondent à de
courts évènements physiologiques
générés dans les phases lentes du
sommeil, dans le processus de
consolidation d'une trace mnésique
motrice", déclare le Dr. Doyon. "À
terme, nous croyons que nous serons
en mesure de mieux expliquer et agir
sur les difficultés de mémoire que
présentent certaines populations
cliniques qui ont des problèmes de
sommeil et d'aider les patients qui
réapprennent des séquences motrices
en centres de réadaptation", conclut
Mme Debas.
Zitouni Imounachen, docteur en
pharmacie
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